Hattéria (suite)
Biologie
Malgré les rigueurs du climat, qui est tempéré frais, ces animaux restent actifs toute l’année. Le climat froid explique peut-être les lenteurs de la croissance : on estime qu’un Sphenodon n’est sexuellement mature que vers l’âge de vingt ans, et sa longévité doit approcher le siècle, ce qui est considérable pour un animal de cette taille.
On connaît mal la reproduction de l’Hattéria ; l’accouplement a lieu au printemps austral, en octobre, et se fait par simple rapprochement des cloaques. Ce n’est qu’un an plus tard que la femelle pond ses œufs : il y a donc fécondation différée. La ponte comporte une douzaine d’œufs à enveloppe parcheminée, assez gros (2 cm environ). Les œufs sont déposés dans un terrier creusé dans le sol, plus ou moins profondément, et y séjournent quinze mois avant d’éclore. C’est là un temps d’incubation exceptionnellement long, qui mériterait une étude précise : malheureusement (mais heureusement pour leur survie), ces Reptiles vivent sur des îlots d’accès très difficile. Les essais de survie en captivité n’ont pas été couronnés de succès.
Les Hattérias sont nocturnes et surtout insectivores. Ils vivent dans des terriers, qu’ils creusent eux-mêmes ou qu’ils empruntent à des Oiseaux marins, les Pétrels, avec lesquels ils vivent en bonne intelligence. Leur nutrition est l’aboutissement d’une chaîne alimentaire complexe : les eaux qui baignent la Nouvelle-Zélande, riches en plancton, nourrissent de nombreux Poissons, dont les Pétrels font leur nourriture. Ces derniers nichent dans les falaises, qu’ils perforent en tous sens de leurs terriers. Ils accumulent ainsi un guano considérable, aux dépens duquel prospèrent des nuées d’Insectes, dont les Hattérias, enfin, se nourrissent eux-mêmes. C’est là un équilibre fragile, qu’a failli rompre l’introduction de Moutons et de Chèvres sur ces îles. Il a fallu exterminer ces ruminants pour que l’Hattéria soit effectivement protégé et puisse prospérer, à l’abri de toute concurrence.
À l’unique espèce actuelle, Sphenodon punctatus, les paléontologistes font correspondre l’ordre des Rhynchocéphales, qui comprend quatre sous-ordres et une dizaine de familles.
R. B.
A. Bellairs, The Life of Reptiles (Londres, 1970 ; 2 vol.). / L. Ginsburg, « Reptiles fossiles. Rhynchocephalia », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIV, fasc. 2 (Masson, 1970). / J. Guibé, « Reptiles actuels. Rhynchocephalia », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIV, fasc. 2 (Masson, 1970).