hassidisme (suite)
Par la suite, au cours du xixe s., les adversaires du hassidisme furent accaparés par la lutte contre certaines tendances réformistes et laïcisantes du judaïsme, tendances que les partisans du hassidisme combattirent à leur tour de toutes leurs forces. De nos jours, dans de nombreux pays, les communautés hassidiques coexistent fraternellement aux côtés des autres, souvent dans la même synagogue. Doctrine essentiellement mystique et sentimentale, le hassidisme remonte en fait à l’époque très lointaine des asmonéens, au iie s. av. J.-C. Il s’est manifesté à différentes époques et a donc existé bien avant la lettre.
La doctrine hassidique
Dans la Bible, le terme de ḥasid, qui a donné hassidisme, désigne l’homme qui non seulement règle sa conduite d’après le droit et la justice, mais met l’accent sur la charité désintéressée et se montre zélé pour Dieu et sa loi. Le hassidisme moderne plonge ses racines dans la doctrine ésotérique, notamment dans la cabale* ; il est orienté vers l’action plutôt que vers la contemplation. Sa préoccupation essentielle est l’homme et sa relation avec Dieu.
Le service de Dieu et la foi doivent se manifester dans le don total de soi, dans la joie et l’enthousiasme. Le croyant doit avoir la certitude que Dieu est présent autour de lui à tout moment pour le protéger. La confiance en Dieu doit être inconditionnelle ; l’amour de Dieu doit se traduire dans l’amour pour l’homme : amour qui exige une humilité intérieure à toute épreuve.
L’étude de la Torah fait partie du service de Dieu, mais n’a de valeur que par la ferveur (kavanah). La prière est la racine du service de Dieu, car prier, c’est s’unir à Dieu (la che‘inah) ; chaque lettre de la prière correspond à un monde illimité dans les hauteurs : pour le hassid, la prière peut se faire partout : dans les champs, dans la forêt, comme à la maison. La joie est essentielle dans le service de Dieu. « La joie fortifie la raison. » Quand l’homme prie dans la joie, c’est le signe qu’il est tout entier avec Dieu. La tristesse éloigne de Dieu. C’est pourquoi le hassidisme s’opposa aux mortifications et autres formes d’ascétisme. L’homme peut servir Dieu dans ses actions les plus banales, même dans ses actions corporelles, dans le manger, dans le boire, dans l’exercice de sa profession.
L’organisation
Si le hassidisme a connu lui-même plusieurs tendances parfois divergentes, de nos jours la plus connue et la plus active est représentée par les disciples du rabbin Chnéour Zalman de Ladi (1745-1813) ; cette organisation s’apparente à celle d’un ordre religieux ; ses membres sont de véritables missionnaires de la foi et de la pratique religieuse dans nombre de communautés juives aux États-Unis et en différents autres pays.
H. S.
➙ Hébraïque (littérature) / Hébraïque (musique) / Judaïsme / Juifs.
G. G. Scholem, les Grands Courants de la mystique juive (en hébreu, Jérusalem, 1941 ; 2e éd., 1946 ; trad. fr., Payot, 1960 ; 3e éd., 1968). / M. Buber, Gog et Magog (en hébreu, Jérusalem, 1943 ; trad. fr., Gallimard, 1959) ; Moïse (en hébreu, Jérusalem, 1945 ; trad. fr., P. U. F., 1957) ; Die Erzählungen des Chassidism (Zurich, 1949 ; trad. fr. les Récits hassidiques, Plon, 1963). / J. Gutwirth, Vie juive traditionnelle, ethnologie d’une communauté hassidique (Éd. de Minuit, 1970). / E. Wiesel, Célébration hassidique. Portraits et légendes (Éd. du Seuil, 1972).