Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hassidisme (suite)

Par la suite, au cours du xixe s., les adversaires du hassidisme furent accaparés par la lutte contre certaines tendances réformistes et laïcisantes du judaïsme, tendances que les partisans du hassidisme combattirent à leur tour de toutes leurs forces. De nos jours, dans de nombreux pays, les communautés hassidiques coexistent fraternellement aux côtés des autres, souvent dans la même synagogue. Doctrine essentiellement mystique et sentimentale, le hassidisme remonte en fait à l’époque très lointaine des asmonéens, au iie s. av. J.-C. Il s’est manifesté à différentes époques et a donc existé bien avant la lettre.


La doctrine hassidique

Dans la Bible, le terme de ḥasid, qui a donné hassidisme, désigne l’homme qui non seulement règle sa conduite d’après le droit et la justice, mais met l’accent sur la charité désintéressée et se montre zélé pour Dieu et sa loi. Le hassidisme moderne plonge ses racines dans la doctrine ésotérique, notamment dans la cabale* ; il est orienté vers l’action plutôt que vers la contemplation. Sa préoccupation essentielle est l’homme et sa relation avec Dieu.

Le service de Dieu et la foi doivent se manifester dans le don total de soi, dans la joie et l’enthousiasme. Le croyant doit avoir la certitude que Dieu est présent autour de lui à tout moment pour le protéger. La confiance en Dieu doit être inconditionnelle ; l’amour de Dieu doit se traduire dans l’amour pour l’homme : amour qui exige une humilité intérieure à toute épreuve.

L’étude de la Torah fait partie du service de Dieu, mais n’a de valeur que par la ferveur (kavanah). La prière est la racine du service de Dieu, car prier, c’est s’unir à Dieu (la che‘inah) ; chaque lettre de la prière correspond à un monde illimité dans les hauteurs : pour le hassid, la prière peut se faire partout : dans les champs, dans la forêt, comme à la maison. La joie est essentielle dans le service de Dieu. « La joie fortifie la raison. » Quand l’homme prie dans la joie, c’est le signe qu’il est tout entier avec Dieu. La tristesse éloigne de Dieu. C’est pourquoi le hassidisme s’opposa aux mortifications et autres formes d’ascétisme. L’homme peut servir Dieu dans ses actions les plus banales, même dans ses actions corporelles, dans le manger, dans le boire, dans l’exercice de sa profession.


L’organisation

Si le hassidisme a connu lui-même plusieurs tendances parfois divergentes, de nos jours la plus connue et la plus active est représentée par les disciples du rabbin Chnéour Zalman de Ladi (1745-1813) ; cette organisation s’apparente à celle d’un ordre religieux ; ses membres sont de véritables missionnaires de la foi et de la pratique religieuse dans nombre de communautés juives aux États-Unis et en différents autres pays.

H. S.

➙ Hébraïque (littérature) / Hébraïque (musique) / Judaïsme / Juifs.

 G. G. Scholem, les Grands Courants de la mystique juive (en hébreu, Jérusalem, 1941 ; 2e éd., 1946 ; trad. fr., Payot, 1960 ; 3e éd., 1968). / M. Buber, Gog et Magog (en hébreu, Jérusalem, 1943 ; trad. fr., Gallimard, 1959) ; Moïse (en hébreu, Jérusalem, 1945 ; trad. fr., P. U. F., 1957) ; Die Erzählungen des Chassidism (Zurich, 1949 ; trad. fr. les Récits hassidiques, Plon, 1963). / J. Gutwirth, Vie juive traditionnelle, ethnologie d’une communauté hassidique (Éd. de Minuit, 1970). / E. Wiesel, Célébration hassidique. Portraits et légendes (Éd. du Seuil, 1972).

Hattéria

Vertébré Reptile de la sous-classe des Lépidosauriens, de l’ordre des Rhynchocéphales, dont il est le seul représentant actuellement vivant.


L’Hattéria, ou Thuatara (Sphenodon punctatus), ressemble à un Lézard de 20 à 30 cm de long ; il est confiné sur quelques îlots au nord-est de chacune des deux îles principales de la Nouvelle-Zélande ; ses particularités anatomiques en font un animal primitif.


Anatomie

Rhynchocéphale signifie « dont la tête porte un bec ». Cela était vrai de certains des ancêtres de l’Hattéria, comme les Rhynchosaures, Reptiles herbivores de grande taille, qui vécurent au Trias et atteignirent jusqu’à 2 m de long. Les Rhynchocéphales sont en effet un groupe d’animaux très anciens, issu, à la fin du Permien, des Eosuchiens et probablement à l’origine de la diversification des Squamates (Lézards et Serpents). Ils ont prospéré au Trias, survécu au Jurassique, puis disparu sans laisser de traces jusqu’à la fin de l’ère tertiaire. La découverte de l’Hattéria en Nouvelle-Zélande, en 1831, n’a pas fait sensation, car une étude succincte l’avait classé dans les Lézards. C’est une vingtaine d’années plus tard que l’étude anatomique de cet animal montra des caractères primitifs tout à fait remarquables : 1o le crâne est diapside (présence de deux fosses temporales), comme l’était celui des Archosauriens de l’ère secondaire ; 2o le carré reste soudé au crâne, alors qu’il devient mobile chez les Squamates ; 3o il existe un œil médian, frontal, pourvu d’un cristallin et d’une rétine en régression, mais sans iris ni possibilité d’accommodation (cet œil, recouvert par l’épiderme, ne « voit » pas, mais est sensible à la lumière. On ignore son rôle exact, qui pourrait être lié à l’enregistrement des variations de la luminosité au cours du cycle annuel. Un tel œil « pinéal » n’est pas spécial à l’Hattéria et se retrouve chez quelques Lézards) ; 4o enfin, le cloaque ressemble à celui des Oiseaux.

On qualifie souvent l’Hattéria de fossile vivant ; il n’a, en effet, pratiquement pas changé depuis la fin du Trias, soit durant 200 millions d’années. Il doit sa survie à la fois aux mesures prises par les autorités néo-zélandaises pour sa protection dans les îlots où il subsiste et aux particularités de la niche écologique qu’il occupe. On estime la population actuelle des Hattérias à 10 000 individus environ.

Les femelles mesurent de 20 à 30 cm ; les mâles, plus grands, peuvent atteindre 60 cm et peser 1 kg.