Amiens (suite)
Amiens, ville d’art
Vingt-quatre monnaies de cuivre, découvertes en 1899, témoignent de la présence d’une bourgade celtique à ce passage de la Somme. Dans la ville romaine, dont le plan est connu grâce aux fouilles, deux édifices étaient fort importants : les thermes et l’amphithéâtre, aujourd’hui disparus.
Au régulier quadrillage romain se superpose le réseau compliqué de la ville médiévale, dont il subsiste d’admirables caves des xiiie et xve s. Le monument le plus ancien qui nous soit parvenu est la cathédrale, un des témoignages majeurs de l’art gothique, très homogène, puisque construite de 1220 à 1279 environ. Aux xive et xve s. furent complétées les parties hautes de la façade et insérées des chapelles entre les contreforts de la nef. L’édifice a des dimensions impressionnantes (133 m de longueur ; 42,30 m de hauteur sous les grandes voûtes) ; un plan remarquable équilibre nef et chœur de part et d’autre du transept et donne aux éléments du chevet une distribution qui en fit un modèle classique. Quant à l’élévation à trois étages de la nef, elle représente avec Reims l’apogée de la basilique de type chartrain, mais dans une version plus nerveuse, plus élancée. Par un privilège unique en France, le programme sculpté nous est parvenu à peu près intact. Achevés vers 1236, les trois portails occidentaux, encadrés par les avancées des contreforts, sont très profonds et offrent ainsi de vastes surfaces aux cycles iconographiques : à la porte centrale, le Christ enseignant du trumeau est entouré par les douze Apôtres et surmonté par le Jugement dernier et la Résurrection des morts ; le portail de droite est consacré à la Vierge ; celui de gauche aux saints et martyrs vénérés dans le diocèse, avec, au trumeau, saint Firmin, premier évêque d’Amiens. Ces trois cycles consacrés à la Nouvelle Loi sont complétés par une série de Prophètes placés sur l’avancée des contreforts. Mais lé portail le plus célèbre est celui du transept nord, avec la Vierge autrefois dorée du trumeau, les douze Apôtres sur le linteau et la vie de saint Honoré dans le tympan (1260-1270) ; autour de la rose, une roue de Fortune. Enfin, des sculptures du xive s. s’échelonnent sur les faces sud et nord de la nef, les plus remarquables étant l’ensemble de la chapelle du cardinal de La Grange (v. 1375). Parmi le mobilier, des œuvres exceptionnelles : deux dalles funéraires en bronze du xiiie s., des clôtures de pierre sculptées entre 1490 et 1531 et surtout un des plus beaux ensembles de stalles (1508-1519). Au trésor, des pièces d’orfèvrerie de l’ancienne abbaye du Paraclet.
Amiens possède d’autres églises, parmi lesquelles Saint-Germain, Saint-Leu, toutes deux du xve s., et Saint-Acheul, de la fin du xviiie s.
La Seconde Guerre mondiale a fait disparaître la plupart des vieilles maisons. Ont été restaurés : le beffroi (xve et xviiie s.), le baillage (début du xvie s.), la maison du Sagittaire (fin du xvie s.), l’hôtel des trésoriers de France (xviie s. et porte remontée du xviiie s.), la façade classique de la caserne Stengel, les bâtiments de l’ancienne abbaye des Prémontrés (xviie-xviiie s.) et la façade Louis XVI de l’ancien théâtre.
Au xixe s., un urbanisme trop systématique a fait disparaître la ceinture des remparts. Depuis, par contre, les créations importantes sont rares : le décor de Puvis de Chavannes dans l’escalier de l’important musée de Picardie (abritant notamment des primitifs picards de la confrérie du Puy-Notre-Dame), la place de la gare et les vingt-quatre étages de la tour d’Auguste Perret (1947), la maison de la culture de l’architecte Pierre Sonrel (1965).
M. E.