Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

habillement (suite)

La prospérité économique favorisa le luxe de l’habillement, qui, en retour, donnait de l’ouvrage aux métiers à tisser et soutenait l’activité de tout un artisanat annexe. Aussi Montesquieu et Voltaire reprochèrent-ils aux édits somptuaires d’avoir freiné l’expansion économique ; certains souverains en eurent si bien conscience qu’ils modifièrent l’énoncé de ces édits dans un sens plus libéral : Philippe le Bel dut renoncer à l’édit promulgué par son père, en 1279, afin de permettre aux riches marchands des Flandres d’écouler leurs tissages ; Henri IV autorisa les bourgeois à porter satin et taffetas pour fournir des débouchés aux manufactures nationales, et Richelieu, désireux de promouvoir la production dentellière française, interdit, par les édits de 1633 et 1634, l’utilisation de dentelles étrangères ; Louis XIV, à son tour, encouragea la production des dentelles d’Alençon et de Valenciennes. Le textile fit vivre des provinces entières. Dès le Moyen Âge, le tissage de la laine fut une source d’enrichissement pour les Flandres, la Picardie et le Languedoc ; la soie, implantée en Avignon dès le xive s., se développa à Lyon à partir du xve s. Au xviiie s., les indiennes, ou tissus de coton imprimé, connurent une telle vogue que l’industrie française des étoffes à décor tissé ou broché en obtint la prohibition jusqu’à la fin de l’Ancien Régime ; les tissus de soie étaient alors somptueux ; Napoléon Ier mettra à l’honneur les produits de l’industrie lyonnaise (satin, moire, velours), et le drap, depuis longtemps délaissé, reprendra droit de cité avec l’avènement de la redingote, très prisée au xixe s., sous l’influence de la mode anglaise. Sous le second Empire, l’élevage du ver à soie, particulièrement prospère, fut bientôt ruiné par la maladie : c’est de cette époque que date la découverte de la soie artificielle. Ainsi, avant l’ère industrielle proprement dite, le textile, à lui seul, constitua un des principaux rouages de la vie économique et fut à l’origine de bien des rivalités commerciales entre pays, notamment entre la France et l’Angleterre.

Modes du temps jadis

basquine ou vasquine, petit pourpoint en toile forte et rembourrée, destiné à maintenir le buste et à serrer la taille.

bliaud, sorte de tunique, de laine ou de soie, d’origine gauloise, portée par les deux sexes du ixe au xiiie s.

braies, pantalon en usage chez les Gaulois.

busc, lame rigide, de baleine ou d’acier, servant à maintenir la taille.

chainse, chemise plissée de lin, de chanvre ou de soie tombant jusqu’aux pieds et portée par les deux sexes au xiie s.

chausses, culotte couvrant le corps tantôt jusqu’aux genoux (haut-de-chausses), tantôt jusqu’aux pieds (bas-de-chausses).

cotte, vêtement porté par les deux sexes qui remplaça le bliaud au début du xiie s. et qui dessinait le buste.

crinoline, jupon d’étoffe de crin, puis armature métallique en forme de cage, aplatie devant et gonflée en arrière, qui servaient au second Empire à élargir la jupe.

hennin, long bonnet pointu porté par les femmes au xve s. et fait de carton léger ou de toile empesée habillée de tissu et dont la pointe se prolongeait, parfois, par un long voile.

pourpoint, vêtement masculin moulant le torse, en usage du xiiie au xviie s.

robe à paniers, robe garnie intérieurement de cercles de baleine ou de joncs rattachés entre eux par des fils ou des rubans et destinés à faire bouffer cette robe.

soulier à la poulaine, soulier d’origine polonaise, muni d’une longue pointe, parfois renforcée d’une armature et rattachée au mollet par une chaîne, fort à la mode au xive et au xve s.

tournure, coussinet que les femmes attachaient sous leur jupe à la hauteur des reins pour la faire bouffer, à la mode de 1880 à 1900.

vertugadin, bourrelet que les femmes attachaient autour des hanches pour donner plus d’ampleur à la jupe et porté, en France, de Henri II à Louis XIII.


De la haute couture au prêt-à-porter

Qui voudrait s’assurer de l’importance prise par l’habillement de nos jours n’aurait qu’à sortir dans la rue pour recevoir, d’emblée, le choc multicolore des robes, manteaux et accessoires divers étalés sous la lumière des projecteurs et débordant presque sur les trottoirs à travers des vitrines toujours plus grandes. Cette avalanche de vêtements exécutés, pour la plupart, en série ne doit pas faire oublier la couturière, dont l’activité se trouve aujourd’hui réduite, mais qui n’en a pas moins contribué par ses recherches à l’évolution de la couture. Alors qu’en 1890 une femme sur dix vivait de ce métier, ou n’en comptait plus qu’une vingtaine de mille en 1969. Cette régression a varié, cependant, avec les pays ou les régions : couturières et tailleurs continuent à tirer l’aiguille dans les pays les plus faiblement industrialisés (Espagne et Italie méridionale). Ailleurs, la couturière, tout en se tenant au courant des progrès technologiques (stages de recyclage), a déjà opéré sa reconversion en se spécialisant dans la retouche, au service d’une clientèle particulière ou en travaillant directement pour le prêt-à-porter et pour la haute couture.

La jeune fille qui entre, à 16 ans et sous contrat, dans un atelier de haute couture (atelier de flou ou atelier tailleur) comme apprentie suivra, pendant 2 ans et tout en travaillant, des cours, organisés par la chambre syndicale de la haute couture et payés par son entreprise, en vue d’obtenir son C. A. P. Elle deviendra alors successivement seconde main débutante (6 mois), seconde main qualifiée (6 mois), première main débutante (6 mois) et, enfin, première main qualifiée. Elle est alors capable d’exécuter tous les modèles. On peut se former au métier de la couture dans les collèges d’enseignement technique et y obtenir un C. A. P. ou un B. E. P. (Brevet d’Études Professionnelles) ou dans certains lycées techniques qui délivrent le B. E. I. (Brevet d’Enseignement Industriel).