Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

En Europe, les trois proclament leur volonté d’« aider les peuples libres à former des gouvernements provisoires largement représentatifs de tous les éléments démocratiques qui s’engageront à établir par des élections libres des gouvernements correspondant à la volonté des peuples ». Il est admis que les frontières de la Pologne incluront le sud de la Prusse-Orientale (moins Königsberg, annexé par l’U. R. S. S. [auj. Kaliningrad]) et suivront à l’est la ligne Curzon et à l’ouest les cours de l’Oder (Odra) et de la Neisse (Nysa Łużycka). Il est prévu que le gouvernement polonais de Lublin ne sera reconnu par Londres et Washington qu’après s’être élargi (v. Pologne). En Allemagne, ce sont les trois Grands qui détiendront l’« autorité suprême » sous la forme d’un Conseil de contrôle, auquel la France sera invitée à participer. La répartition des zones d’occupation des armées (convenue à Québec en septembre 1944) est confirmée, mais une zone prise sur celle des Anglais et des Américains sera confiée à la France.

L’organisation de la paix sera le fait d’une conférence des Nations unies convoquée à San Francisco le 25 avril 1945. Mais les décisions de son Conseil de sécurité exigeront un vote affirmatif de chacun de ses cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, U. R. S. S.). C’est l’origine du droit de veto, qui limitera beaucoup son efficacité.


La capitulation de l’Allemagne

Au lendemain des accords de Yalta commence la dernière bataille, qui, à l’est comme à l’ouest, se livre en territoire allemand. À l’ouest. Eisenhower dispose de 93 divisions — 60 américaines, 14 britanniques, 5 canadiennes et 14 françaises (dont 4 bouclent les poches allemandes de Dunkerque, Lorient et Royan) — et de 4 brigades alliées (belge, hollandaise, polonaise et tchèque). À l’est, l’armée rouge est répartie en huit fronts : quatre d’entre eux joueront un rôle capital, celui de Malinovski, axé sur Vienne, celui de Rokossovski, sur la Poméranie, ceux de Joukov et de Koniev, sur Berlin. Ce dernier, qui a franchi l’Odra les 11 et 24 février, fait sa jonction avec Joukov en basse Silésie, tandis que Malinovski, entré à Budapest le 13 février, pénètre en mars en Autriche. Au même moment, à l’ouest, les Alliés percent la ligne Siegfried et foncent sur le Rhin, qu’ils franchissent à Remagen (7 mars), à Oppenheim et près de Wesel (23-24 mars). Le 25 mars, la totalité de la rive gauche du Rhin est aux mains des forces d’Eisenhower. La Hollande est isolée par les Britanniques, qui arrivent le 19 avril sur l’Elbe. Le 1er avril, les Américains ont encerclé la Ruhr (où 18 divisions capitulent) et marchent aussitôt sur l’Elbe en direction de Magdeburg et de Leipzig, tandis que Patton, entré à Francfort le 29 mars, pénètre en Thuringe et s’arrête sur ordre le 18 avril à Plzeň (90 km de Prague). Au sud, du 19 au 29 avril, les Américains atteignent Nuremberg, Ratisbonne et Munich, de Lattre pénètre en Forêt-Noire et au Wurtemberg, atteint Ulm (24 avr.) et s’engage en Autriche ; le 4 mai, la division Leclerc prend Berchtesgaden.

Le 13 avril, les Russes sont entrés à Vienne et, remontant le Danube, prennent liaison avec les Américains en aval de Linz. Du 16 au 20 avril, Joukov et Koniev rompent le front allemand de l’Oder et atteignent Berlin, conquis le 2 mai par l’armée rouge. Le 30 avril, Hitler s’est suicidé après avoir désigné l’amiral Dönitz* pour lui succéder. Des contacts s’établissent entre l’armée rouge et les forces anglo-américaines, notamment à Torgau (Hodges-Koniev, le 25 avr.) et près de Wismar (Dempsey-Rokossovski, le 3 mai). Malinovski et Koniev font leur jonction à Prague du 6 au 9 mai.

En Italie, le groupe d’armées Alexander débouche le 9 avril de la ligne Gothique en direction du Pô. Ses troupes prennent liaison le 29 près de Turin avec l’armée française des Alpes, le 1er mai près de Trieste avec les forces de Tito et le 4 mai avec celles d’Eisenhower, qui ont franchi le Brenner. Mais, le 29 avril, le commandement allemand a signé à Caserte la capitulation de ses armées en Italie, en Autriche, en Styrie et en Carinthie. La veille, Mussolini avait été exécuté par des partisans près du lac de Côme.

Le 4 mai, les troupes allemandes des Pays-Bas et du nord de l’Allemagne capitulaient à Lüneburg entre les mains de Montgomery, et, le 7 mai, l’amiral Dönitz mandatait le général Jodl pour signer à Reims la reddition inconditionnelle de l’ensemble de la Wehrmacht aux armées alliées et soviétiques. Elle était confirmée le lendemain à Berlin par le maréchal Keitel en présence des généraux Joukov, A. Tedder. C. Spaatz et de Lattre. Le 22 mai, les Alliés faisaient prisonniers tous les membres du gouvernement fantôme de Donitz à Flensburg : l’Allemagne vaincue avait ainsi perdu toute existence politique.


Défaite et capitulation du Japon

Après le désastre subi en octobre 1944 par la marine japonaise près de l’île de Leyte, les Américains mettent deux mois à en chasser les troupes nippones.

En janvier 1945, MacArthur attaque Luzon, la plus grande des Philippines, et entre à Manille après trois semaines de combats, le 25 février. Sans s’attarder à la conquête de Mindanao, il entame aussitôt la bataille pour les avancées du Japon. Le 19 février, Nimitz débarque à Iwo Jima, et, le 1er avril, à Okinawa, où, à 600 km du Japon, une furieuse bataille s’engage pour la conquête de l’île, achevée le 21 juin. Le 5 avril, la dénonciation par Staline du traité de neutralité nippo-soviétique du 13 avril 1941 provoque à Tōkyō la démission du cabinet du général Koiso. Son successeur, l’amiral Suzuki, tente vainement d’obtenir une médiation soviétique, mais, le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine exigent, par un ultimatum, une capitulation sans condition qui est repoussée par Suzuki.

Le Japon, dont les troupes sont chassées de Birmanie et se replient en Chine, est dans une situation désespérée : sa flotte n’existe plus, et le pays est soumis depuis juillet à une violente offensive aérienne alliée qui ne rencontre plus aucune opposition. C’est alors que, voulant précipiter la fin de la guerre, le président Harry S. Truman, qui a succédé à Roosevelt, décédé le 12 avril, décide d’employer contre le Japon la bombe atomique expérimentée en grand secret par les États-Unis le 16 juillet 1945 (v. bombe nucléaire). Le 6 août, une première bombe détruit Hiroshima, et une deuxième Nagasaki le 9. Entre-temps, l’U. R. S. S. a déclaré, le 8, la guerre au Japon, et, le 14, signera à Moscou un traité d’alliance avec la Chine. Les troupes soviétiques aux ordres du maréchal Vassilevski entrent aussitôt en Corée (9 août) et en Mandchourie, où elles prennent Moukden (auj. Shenyang [Chen-yang]) le 15. Dès le 10, le gouvernement japonais fait savoir qu’il accepte les termes de l’ultimatum du 26 juillet, et, le 14, capitule sans condition. Le 16, le mikado donne à toutes ses forces l’ordre de cesser le combat. Dix jours plus tard, les Américains débarquent au Japon, et, le 2 septembre, l’acte solennel de capitulation est signé en rade de Tōkyō, devant le général MacArthur, sur le cuirassé américain Missouri (le général Leclerc y représente la France).