Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

À la fin de septembre, après l’échec de l’opération aéroportée d’Arnhem, les Alliés tiennent le Rhin inférieur, bordent la frontière allemande de Belgique et du Luxembourg et parviennent le 21 octobre à s’emparer d’Aix-la-Chapelle. Mais ils sont arrêtés en Alsace et en Lorraine, où se livrent de violents combats qui donneront Metz à Patton et Mulhouse à de Lattre le 20 novembre, Strasbourg le 23 à la 2e D. B. du général Leclerc. L’automne est marqué par le raidissement de la défense allemande. Hitler met encore sa confiance dans les armes nouvelles « V1 » et « V2 » qui pilonnent l’Angleterre, tandis que la Luftwaffe engage les premiers avions à réaction. Le 16 décembre. Rundstedt lance dans les Ardennes une puissante offensive de blindés qui, accompagnée d’une attaque entre Sarre et Rhin, menace gravement la cohésion du front allié. Celle-ci n’est rétablie que le 16 janvier 1945 par deux contre-attaques au nord et au sud de la poche des Ardennes. Le 3 janvier, de Gaulle était intervenu auprès d’Eisenhower pour sauver Strasbourg, mais, après la liquidation par de Lattre de la poche de Colmar (9 févr.), l’Alsace est totalement libérée. À cette date, la Wehrmacht est partout refoulée sur la ligne Siegfried.


L’armée rouge aux portes de l’Allemagne

En liaison avec le débarquement de Normandie, l’offensive soviétique d’été débouche le 23 juin 1944 en Russie blanche sur 300 km entre Vitebsk et Bobrouïsk. Après la bataille pour Minsk (3-11 juill.), les Russes pénètrent en Pologne, prennent Lublin le 24 juillet, Lwów (Lvov), Przemysl, Dvinsk (auj. Daougavpils) et Brest-Litovsk le 28. Le 30, ils atteignent à Mitau (auj. Ielgava) la frontière de Prusse-Orientale. Mais le front se stabilise en Pologne, et l’armée rouge, qui borde la Vistule, assiste sans intervenir à l’insurrection déclenchée à Varsovie le 1er août par le général Bór-Komorowski : elle se termine par les sanglantes représailles des Allemands après la capitulation de la ville (2 oct.). Au nord, les Russes reconquièrent les pays baltes, et la Finlande demande et obtient le 19 septembre un armistice avec les Alliés.

Sur les fronts sud, Malinovski et Tolboukhine conquièrent la Roumanie, où le roi Michel Ier demande l’armistice (23 août) et déclare la guerre à l’Allemagne ; après un conflit d’un jour avec l’U. R. S. S., la Bulgarie en fait autant le 7 septembre. Par la Transylvanie, Malinovski pénètre en Hongrie (oct.) et marche sur Budapest, où les Allemands, qui ont arrêté Horthy, concentrent leur résistance (déc.). Tolboukhine a pris contact avec les forces de Tito et entre avec elles à Belgrade le 20 octobre, puis converge, lui aussi, sur la Hongrie, et atteint le 7 décembre 1944 les rives du lac Balaton. En janvier 1945, les Russes reportent leur effort sur la Pologne : les forces de Joukov entrent à Varsovie le 17 janvier ; celles de Koniev, qui sont à Cracovie le 18, atteignent à la fin du mois le bassin houiller allemand de haute Silésie et l’Odra, tandis qu’au nord Tcherniakovski est entré en Prusse-Orientale et que Rokossovski a pris Tannenberg (Steburk) le 21 janvier. Ainsi, à partir du mois de février 1945, à l’est comme à l’ouest, c’est en Allemagne que va se livrer l’ultime bataille de cette guerre.


Problèmes politiques : la conférence de Yalta (février 1945)

En quelques mois, la Wehrmacht a donc dû évacuer presque toutes ses conquêtes. Hormis les deux grands fronts de l’est et de l’ouest, elle a dû aussi se replier en Italie sur la ligne Gothique (août 1944), au nord de Florence, et abandonner la Grèce, où les Anglais, débarquant en octobre 1944, trouvent un pays affamé et déchiré entre les fractions rivales de la résistance. Dans une situation économique souvent désastreuse surgissent en Europe libérée d’épineux problèmes politiques.

En Belgique, dès le retour de Londres à Bruxelles du gouvernement Pierlot (8 sept.) se pose la question royale. L’attitude de Léopold III pendant la guerre étant très critiquée, son frère, le prince Charles, est proclamé régent par le Parlement. Une union douanière est conclue entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (Benelux).

En France, le Comité de libération nationale s’est proclamé le 3 juin Gouvernement provisoire île la République française. De Gaulle s’est installé à Paris dès le 31 août et a inclus dans son gouvernement des personnalités de la Résistance (Bidault aux Ailaires étrangères). Mais la méfiance de Roosevelt fait retarder sa reconnaissance par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’U. R. S. S. jusqu’au 23 octobre 1944. Le 11 novembre, la France est admise à la Commission consultative européenne de Londres, et, le 10 décembre, Bidault et Molotov signent à Moscou un traité d’alliance franco-soviétique. Toutefois, le problème le plus grave qui divise les trois Grands est celui de la Pologne. Depuis la découverte par les Allemands, en avril 1943, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, des restes de 4 500 officiers polonais, que plusieurs enquêtes affirmeront avoir été massacrés en 1940 par les Soviétiques, l’U. R. S. S., qui refuse cette allégation, a rompu toute relation avec le gouvernement polonais de Londres (25 avr. 1943).

L’Angleterre et les États-Unis ne reconnaissent que ce dernier, que dirige alors Mikołajczyk et de qui relèvent les troupes polonaises du général Anders, qui se battent aux côtés des Anglo-Américains. Mais un Comité de libération, soutenu par l’U. R. S. S., s’est installé à Lublin à la fin du mois de juillet 1944. Le 5 janvier 1945, il est reconnu par Staline comme gouvernement de la Pologne et s’installe à Varsovie dès l’entrée de l’armée rouge dans la capitale (18 janv.).

Le problème polonais sera l’un des principaux abordés par la conférence qui réunit à Yalta (Crimée), du 4 au 11 février 1945, Staline, Churchill et Roosevelt (réélu pour la quatrième fois en novembre 1944 président des États-Unis). Churchill est très méfiant à l’égard de Staline, et Roosevelt, qui s’intéresse surtout à la victoire contre le Japon et à l’Organisation des Nations unies, est très malade, comme l’est aussi son premier conseiller Harry Lloyd Hopkins (1890-1946). Et pourtant, c’est à Yalta que vont être prises les décisions qui conditionneront pour de longues années l’avenir du monde.

En Extrême-Orient, Roosevelt obtient par un accord secret l’engagement de Staline d’entrer en guerre contre le Japon, trois mois après la défaite allemande, moyennant la cession de la moitié de Sakhaline, des îles Kouriles, de Port-Arthur et du chemin de fer de Dairen.