Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

Succès japonais en Chine, échec en Birmanie. Face à l’ampleur de l’offensive américaine, l’état-major japonais décide de consolider sa position en Chine. Depuis la conquête de la Birmanie en 1942, Tchang Kaï-chek, qui maintient 300 000 hommes dans le Shānxi (Chan-si) pour y surveiller les forces communistes de Mao Zedong (Maö Tso-tong), n’a d’autre contact avec ses alliés qu’une liaison aérienne par l’Inde. Si, en 1943, les Japonais ont échoué dans leur raid sur Chong-qing (Tch’ong-k’ing), ils lancent en mai 1944 une offensive sur la Chine du Sud pour ravitailler leurs forces de Birmanie et de Malaisie, avec lesquelles la liaison par mer est devenue trop précaire. La prise de Changsha (Tch’ang-cha) au Hunan (Hou-nan) le 18 juin 1944 leur permet de relier Hankou (Han-k’eou) à Canton, d’éliminer les bases aériennes américaines installées dans cette région et d’établir ainsi une grande ligne de communication terrestre de la Mandchourie au Tonkin et pratiquement jusqu’à Singapour.

En Birmanie, toutefois, l’action qu’ils tentent au printemps 1944 contre la voie ferrée indienne de Calcutta à Ledo se heurte à l’offensive des forces de l’amiral Mountbatten*, commandant suprême allié dans le Sud-Est asiatique. Parties de Ledo, les unités du général américain Stilwell font au cours de l’été 1944 près de Bhamo, en haute Birmanie, leur jonction avec les forces chinoises. La construction d’une route (dite « route Stilwell »), raccordée au secteur nord de la route de Birmanie, rétablit la liaison terrestre avec la Chine. Tandis que les Britanniques prennent Akyab (janv. 1945), Américains et Chinois, descendant l’Irrawaddy, chassent de Birmanie les Japonais, qui, pour garantir leur retraite, s’assureront par leur coup de force du 9 mars 1945 le contrôle total de l’Indochine* française. Le 3 mai, les Alliés entraient à Rangoon.


Prélude au second front

C’est en 1943, aux conférences de Washington (mai) et de Québec (août), que Roosevelt et Churchill décident que le débarquement en France serait réalisé en 1944 par deux opérations, l’une, principale (Overlord), prévue pour mai en Normandie, l’autre, secondaire (Anvil ou Dragoon), en Provence, 70 jours après. Ce programme, confirmé à Staline à Téhéran, débute par l’installation à Londres, à Noël 1943, du général Eisenhower, nommé commandant suprême des forces d’invasion en Europe. Sa mission, précisée le 12 février 1944, est de « pénétrer sur le continent [...], puis de viser le cœur de l’Allemagne [...] et la destruction de ses forces armées ». Le 11 janvier a commencé la préparation aérienne d’Overlord, destinée à détruire en profondeur tout le système de défense allemand. La victoire alliée dans la guerre sous-marine de l’Atlantique permet la concentration en Angleterre de 3,5 millions d’hommes (75 divisions) et de 20 millions de tonnes de matériel.

L’opération, qui mettra en jeu 4 500 navires et 13 000 avions, est d’une ampleur encore inconnue dans l’histoire. Elle s’appliquera à une

Europe très éprouvée par l’occupation allemande, mais où les mouvements de Résistance* ont acquis partout une force importante, notamment en Yougoslavie, où Tito commande une véritable armée, et en France, où les maquis passent à l’action militaire (plateau des Glières, février 1944). Sur le plan politique, la certitude de la défaite allemande rassemble les éléments les plus divers qui entendent participer à la libération de leur pays et à la construction d’une nouvelle Europe. Leur action est cependant limitée par la brutalité de la répression allemande qui, orchestrée par Himmler, vise la liquidation physique des juifs et des résistants dans les sinistres camps de la mort. Elle s’exerce aussi par des actions « spéciales » de représailles destinées à répandre la terreur comme à Lidice (après l’assassinat de Heydrich à Prague en 1942), à Varsovie (où le ghetto est sauvagement détruit en avril 1943) ou à Oradour-sur-Glane (où plus de 600 Français seront massacrés le 10 juin 1944). Seul le besoin considérable de main-d’œuvre, exigé par l’immense effort de guerre soutenu jusqu’au bout par le Reich, freine cette entreprise de destruction humaine. En Allemagne même, la population est durement éprouvée par les pertes de la Wehrmacht en Russie (2 millions d’hommes en 1943) et par les bombardements quasi quotidiens de l’aviation alliée sur Berlin, la Ruhr et les grandes villes (Hambourg).

Courageusement, certains hommes tentent autour de Carl-Friedrich Goerdeler (1884-1945) de mettre fin au cauchemar en supprimant Hitler. Leur mouvement aboutira au putsch du 20 juillet 1944, dont l’échec déclenchera de cruelles représailles et placera le pays sous la dictature exclusive du parti nazi.


Libération de l’Europe occidentale (juin 1944 -février 1945)

Le 6 juin 1944 à l’aube, les forces alliées débarquent en Normandie, où elles surprennent les défenses allemandes du mur de l’Atlantique, que commande Rommel sous l’autorité de Rundstedt. La bataille pour les plages est gagnée dès le 11. Du 14 au 30 juin, les Américains conquièrent le Cotentin. Le 31 juillet, ils rompent le front allemand à Avranches et exploitent aussitôt leur succès en fonçant sur Rennes et surtout vers Argentan et la Seine, atteinte le 19 août à Mantes (v. Normandie [bataille de]). Paris*, soulevé le 19 août, accueille les 24 et 25 la 2e D. B. du général Leclerc*. Harcelée par l’action de la Résistance (Bretagne, Vercors), la retraite de la Wehrmacht s’est partout précipitée. Les Britanniques de Montgomery*, entrés à Amiens le 31 août, libèrent Bruxelles le 3 septembre et Anvers le 4. Le 15, les Américains de Bradley, qui ont dépassé Liège (le 8), Luxembourg (le 10) et franchi la Moselle au sud de Metz, libèrent Nancy. Le 12, ils ont pris liaison près de Châtillon-sur-Seine avec les forces franco-américaines (de Lattre* et Patch) débarquées en Provence* le 15 août et qui, après avoir pris Toulon le 27 et Marseille le 28, ont libéré Lyon dès le 3 septembre et Dijon le 11. Prenant place à l’aile droite des forces d’Eisenhower venant de Normandie, elles s’engagent en direction de l’Alsace.