groupe (effet de) (suite)
En France, l’étude des sociétés d’Insectes, particulièrement des Termites, amena P.-P. Grassé à étudier le problème général de l’action du groupe sur l’individu et, de 1941 à 1946, à définir pour la première fois l’effet de groupe, ce qui eut le mérite de systématiser les faits connus. La distinction fondamentale revient à « séparer l’action du milieu de l’influence des stimuli sensoriels qu’exercent les uns sur les autres les animaux rassemblés ». Le milieu peut être modifié par de multiples facteurs — y compris ceux qui, indirectement, sont liés à la présence d’animaux voisins, tels que : modification de l’atmosphère ou diminution de la nourriture —, mais on ne peut parler d’effet de groupe stricto sensu que si un stimulus sensoriel spécifique, reçu par l’individu, influence, par voie endocrine et neurophysiologique, son état psychosomatique. Le groupe commence à deux : c’est un point important ; l’animal solitaire n’est pas seulement opposé à celui de la forme pullulante.
Bilan actuel
La complexité des phénomènes au sein desquels sont intégrés les effets de groupe chez les Insectes sociaux est maintenant mise en lumière par la connaissance de nombreux mécanismes ; citons : l’action des substances chimiques qui déterminent les castes ou la division du travail (phéromones ou sociohormones), les hiérarchies et les automatismes de construction des cellules sociales, les systèmes de communication comme le « langage des Abeilles », etc.
La génétique apporte aussi sa contribution en montrant que la réponse biologique de l’animal est héréditairement transmise, mais peut être modulée par l’action du milieu environnant. Ainsi, le Criquet migrateur se grégarise par la vision, le toucher, l’odeur de son semblable ; la température, la lumière ou la longueur du jour peuvent néanmoins accentuer, retarder ou modifier cette grégarisation. Autre exemple : pour le Grillon méditerranéen, le groupement détermine la proportion de sujets noirs (isolés), bien que le seuil d’apparition de ceux-ci puisse être déplacé par certaines conditions de milieu.
Ainsi, la notion d’effet de groupe s’enrichit avec les progrès de la biologie sans perdre sa portée pratique ni son intérêt théorique.
S. F. B.