Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

321 : mort de Perdiccas. Partage du Triparadisos

Le partage des responsabilités territoriales fait à Babylone entre les compagnons d’Alexandre avait été fatal à l’unité du royaume. À la mort de Perdiccas, assassiné pour l’avoir voulu restaurer, la réunion du Triparadisos fut une nouvelle étape sur la voie de la division définitive de l’empire. Sur ses ruines, un monde nouveau se dessina, de nouveaux États se constituèrent.

Les Séleucides* (descendants de Séleucos) possédèrent les terres entre la Méditerranée, le Pont et le fleuve Indus. Les descendants de Ptolémée, fils de Lagos, régnèrent sur l’Égypte (v. Lagides). Les enfants d’Antigonos Monophtalmos eurent du mal à se fixer, mais, en 277, ils montèrent sur le trône de Macédoine, devenant ainsi les protecteurs naturels de la Grèce d’Europe (v. Antigonides).


278 : victoire des Étoliens sur les Galates

Dans le monde hellénistique, les vieilles cités historiques (si ce n’est Rhodes*) ne purent plus jouer un grand rôle ; l’heure était aux grands ensembles territoriaux. En Grèce d’Europe, face à la Macédoine, s’affirmèrent ainsi de nouvelles grandes puissances, des confédérations de peuples ou de cités. Ainsi, en 278, ce sont les Étoliens, peuplade jusqu’alors méprisée de la Grèce centrale, qui sauvent l’Hellade de l’invasion des Galates (Celtes qui marchaient vers le sud) ; cette victoire décisive permit à la confédération Étolienne d’exercer un véritable protectorat sur la Grèce centrale et, par le biais de traités d’alliance ou de citoyenneté, sur certaines îles de l’Égée, intervenant même dans les affaires du Péloponnèse.


272 : prise de Tarente par Rome

Rome* venait au contact des cités de la Grèce d’Occident. Pour se défendre contre ses entreprises, Tarente dut, en 281, faire appel à Pyrrhos*, roi d’Épire. Celui-ci passa en Italie, y remporta de coûteuses victoires (Héraclée, Ausculum en 280-79), puis s’englua en Sicile ; la bataille de Bénévent fut la fin de ses espérances. Tarente tomba. Les Grecs voyaient désormais se fermer à eux l’Occident, où Rome aurait vite le champ libre.


263 : Eumenês Ier de Pergame monte sur le trône

Philetairos, eunuque au service de Séleucos, avait profité d’une rivalité entre son maître et Lysimaque pour se rendre indépendant. Son neveu Eumenês donna à ce nouveau royaume une certaine gloire et l’agrandit par des conquêtes en Lydie et en Mysie : on peut le considérer comme le premier des Attalides qui régnèrent à Pergame* jusqu’en 133, rois amis des lettres et des arts qui firent de leur capitale un grand centre culturel.


251 : adhésion de Sicyone à la ligue Achéenne

Vieil État fédéral, l’Achaïe n’avait jamais joué un bien grand rôle dans la vie de la Grèce, mais, en 251, par l’action d’Aratos, la cité de Sicyone, extérieure à l’Achaïe, décida d’adhérer à la confédération : la ligue, faisant éclater ses étroites limites territoriales et ethniques, était alors capable de devenir une puissance véritable. Dirigée longtemps par Aratos, elle lutta pendant vingt-cinq ans contre les rois de Macédoine, avant de leur demander leur appui pour résister aux troubles sociaux répandus dans le Péloponnèse par les rois révolutionnaires de Sparte (Agis IV, Cléomène III, plus tard Nabis).


250 : fondation par les Arsacides de la monarchie parthe.
Indépendance de la Bactriane (v. 245)

L’Empire séleucide était trop immense pour pouvoir maintenir son unité : en 250, les Parthes* s’installent sur les plateaux iraniens. Coupés désormais de la Syrie, centre politique du royaume séleucide, les Grecs de Bactriane et de Sogdiane se constituèrent en un royaume indépendant, qui, loin de la Grèce, resta pourtant en rapport très étroit avec toutes les forces vivantes de l’hellénisme.


212 : alliance de Rome et de la ligue Étolienne

Philippe V, roi en Macédoine, crut devoir profiter des difficultés de Rome durant la deuxième guerre punique : il s’allia avec Hannibal. Les Romains n’eurent de cesse donc qu’ils n’aient empêché ses troupes de passer en Italie, en lui suscitant des ennemis en Grèce. Ils firent alliance avec les Étoliens, qui tinrent en haleine le roi jusqu’en 206, où ils furent contraints de jurer une paix à laquelle les Romains s’associèrent en 205 (paix de Phoinikê).


200-188 : guerre entre les Romains, Philippe V et Antiochos III, roi en Syrie

Il restait à Rome, après la fin de la deuxième guerre punique, des soldats qui ne voulaient pas revenir à la vie civile, des généraux qui aspiraient à l’honneur des victoires : Pergame et Rhodes, venant se plaindre de Philippe V devant le sénat, fournirent le prétexte d’une intervention qui arrangeait tout le monde. En 197, les légions, entraînées, mobiles, remportaient la victoire de Cynoscéphales sur la lourde phalange, désormais surclassée. Philippe V fut contraint d’abandonner ses intérêts en Grèce propre, qu’une déclaration très spectaculaire du philhellène T. Quinctius Flamininus proclama libre au cours des jeux célébrés à Corinthe en 196 : les Romains, désormais, étaient les protecteurs des Grecs, et ils le leur firent d’ailleurs bien sentir.

Antiochos III Mégas avait cru le moment bien choisi pour s’intéresser aux affaires d’Occident, mais Rome le châtia. En 192, une armée commandée par L. Scipion passa en Asie. Vaincu à Magnésie, Antiochos III dut, par le traité d’Apamée (188), abandonner toute l’Asie Mineure. Pour dominer sans subir les tracas d’une annexion, Rome partagea ces territoires entre Rhodes et la monarchie Attalide.


186 : à Rome, scandale des bacchanales

Les conquêtes modifièrent profondément la vie romaine. La noblesse s’ouvrit à la vie intellectuelle (cercle des Scipions par exemple), mais prit aussi des habitudes de luxe qu’elle devait au butin fait sur des royaumes d’une richesse extraordinaire. Mal comprises parfois, les pratiques du mysticisme oriental firent scandale ; ainsi furent pourchassés par ordre des consuls les fidèles du culte dionysiaque, dont les rites secrets inquiétaient.