Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

386 : paix du Roi

En Grèce, la victoire de Sparte n’avait pas apporté la paix ; les Thébains, mécontents de la nouvelle ligue Péloponnésienne, avaient voulu profiter des difficultés que causait à Sparte sa victoire (conspiration de Cinadon en 398) pour engager contre elle la guerre dite « de Corinthe ». Athènes y prit part après avoir reconstitué un semblant de puissance. Succès et échecs se succédèrent pour l’un et l’autre camp ; chacun s’épuisait. C’est du Grand Roi, Artaxerxès II, que vint la décision : le Spartiate Antalcidas sut attirer sa bienveillance, et, au prix de l’abandon des Grecs d’Asie, Sparte se voyait promettre un appui moral et financier pour ses entreprises de mainmise sur la Grèce par un rescrit royal.


371 : bataille de Leuctres

La paix du Roi n’avait été qu’une trêve ; la Perse n’était pas, en fait, capable d’intervenir en Europe pour la faire respecter. Aussi les guerres continuèrent-elles entre Athènes, qui avait réussi à reconstituer un empire (377), et Sparte. Un instant, Thèbes parut l’emporter : en 371, Epaminondas écrasait les Spartiates à Leuctres, victoire dont le retentissement fut énorme. On put croire qu’allait fleurir une hégémonie thébaine ; Epaminondas créait, pour l’assurer, les États d’Arcadie et de Messénie, mais, en 362, il mourait à Mantinée. La Grèce perdait encore un homme de talent ; désormais, c’est de l’extérieur que viendront ses maîtres.


359 : avènement de Philippe II de Macédoine

Philippe II* monta sur le trône de Macédoine* au moment où la Grèce entrait politiquement en décadence. Il assura d’abord sa puissance contre les entreprises des Barbares du Nord, puis il mit la main sur les riches mines d’or du mont Pangée (356) — ce qui en fit l’ennemi irréconciliable d’Athènes — et installa son pouvoir en Thessalie (353). En 348, malgré les efforts de Démosthène*, il prit Olynthe. En 346, une paix fut signée avec Athènes, qui ne fut qu’une étape dans sa marche vers la conquête du monde grec.


338 : bataille de Chéronée

Homme fort depuis qu’il était devenu le protecteur attitré de Delphes. Philippe II se devait de pousser son avantage ; pour tenir la Grèce à sa merci, il lui suffisait de disposer d’Athènes, la seule des cités qui gardât encore quelque puissance et quelque influence grâce à Démosthène. Mais, le 2 août 338, un mouvement tournant effectué par la cavalerie que menait le jeune Alexandre mit fin aux espoirs des défenseurs de la Grèce indépendante ; à Chéronée mourut la liberté des Grecs. Pourtant, la Grèce des cités ne mourut point ; Philippe, au contraire, sut intégrer à son nouvel empire les États, qu’il unit en une ligue de Corinthe dont il fut l’hêgemôn (le chef). Ainsi il conservait aux Grecs leurs habitudes, la possibilité de s’occuper de leurs affaires municipales, en réunissant comme par le passé leurs assemblées, leurs conseils, perpétuant le cadre de la cité.


336 : avènement d’Alexandre

Philippe mourut assassiné, et Alexandre* lui succéda. La Grèce, à peine domptée, se révolta car les cités renonçaient difficilement à leur liberté. Le roi dut mener deux expéditions victorieuses pour les soumettre. En 335, il signa ses succès en rasant Thèbes, qui avait eu le tort de s’obstiner à lui résister. Il pouvait désormais passer en Asie pour réaliser les ambitions de son père et même les dépasser.


334-324 : Alexandre conquiert le monde

En dix ans, Alexandre réussit à conquérir la totalité des territoires soumis à la dynastie achéménide, de la Méditerranée à l’Indus, contrôlant par l’intermédiaire de princes vassaux les marches indiennes. Darios II, qu’il avait écrasé (à Issos en 333, à Gaugamelès en 331), eut en lui un digne successeur, car il ne vint pas pour renverser le trône, mais pour s’y installer ; il ne voulut pas être le chef d’une expédition coloniale, mais aima traiter avec une égale bienveillance tous ceux qui se soumettaient à son pouvoir : il s’entoura d’Orientaux de vieille souche, épousa la belle Roxane, fille d’un satrape du Grand Roi. À son exemple, nombreux furent les soldats qui épousèrent des Orientales ; rares, pourtant, furent les officiers, les grands de Macédoine qui, comme Peucestas ou Séleucos, le suivirent bien loin dans l’adoption de ces coutumes barbares.

Les Macédoniens, en effet, reprochaient à Alexandre de s’éloigner deux, de perdre, au fur et à mesure qu’il se faisait mieux à son rôle de roi des Mèdes, cette simplicité qui avait toujours été la marque de la royauté macédonienne : ils ne voulaient pas s’incliner devant lui (proscynèse), ni admettre qu’il puisse être fils de Zeus et qu’il renie ainsi sa filiation d’avec Philippe. Les complots, pourtant, qui menacèrent le roi furent éventés et réprimés avec fermeté en 324, après une mise au pas des fonctionnaires chargés d’administrer les diverses satrapies du royaume : Alexandre paraissait tenir bien en main la moitié du monde.


323 : mort d’Alexandre

Alexandre mourut de fièvre à Babylone, alors qu’il méditait peut-être d’autres conquêtes. Son œuvre, à peine ébauchée, ne put lui survivre : l’armée, qui assura alors (à la macédonienne) le pouvoir, ne tenait pas à continuer une politique d’union des peuples ; Grecs et Macédoniens voulaient enfin tirer profit de leurs souffrances. Il ne fut question tout d’abord que de mesures conservatoires : en attendant que Roxane donnât le jour au fils d’Alexandre, on organisa la régence, qui lut confiée à Perdiccas, mais les généraux convinrent de se partager la responsabilité de l’administration de telle ou telle partie du royaume : à Ptolémée, fils de Lagos, l’Égypte ; à Antigonos Monophtalmos la Lydie et la Phrygie ; à Séleucos la Babylonie, à Lysimaque la Thrace. Antipatros conservait la Grèce d’Europe, où des troubles éclatèrent ; Harpale, trésorier infidèle d’Alexandre, avait gagné Athènes avec l’argent du roi ; la cité avait pris les armes, mais la « guerre Lamiaque » se termina à son désavantage ; Démosthène dut s’empoisonner, et une garnison macédonienne fut imposée à la ville. Quant au reste du « monde hellénistique », il demeura calme.