Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

507 : réformes démocratiques de Clisthène à Athènes

Malgré l’opposition de Sparte et de son roi Cléomène Ier, Clisthène* donna à Athènes (qui venait de se débarrasser de ses tyrans, les fils de Pisistrate*) les bases de sa puissance : une Constitution démocratique, mais équilibrée par l’existence d’un Conseil des Cinq-Cents, recrutés parmi les gens d’âge (plus de trente ans) et d’expérience, et l’unité du vaste territoire de l’Attique, qui fut assurée par l’organisation nouvelle de dix tribus, dans laquelle se diluèrent les antagonismes sociaux et les hostilités régionales.


490-479 : guerres médiques*

Les Athéniens, au contraire des Spartiates, avaient voulu aider (de façon symbolique pourtant) les Grecs d’Asie dans leur révolte contre leur maître Darios Ier*. Celui-ci, voulant se venger de leur audace, fit, en 490, débarquer à Marathon une armée qui devait les écraser : contre toute attente, les soldats-citoyens menés par le stratège Miltiade purent repousser, sans aide d’ailleurs, l’attaque des Perses. Athènes y gagna le droit de parler haut dans le concert des nations grecques. Les Perses préparèrent leur revanche : Xerxès Ier*, le fils de Darios, organisa une énorme expédition (plusieurs centaines de milliers d’hommes y prirent part) ; les Grecs, inquiets, surent, pour une fois, s’unir, en la ligue de Corinthe (481), et ils donnèrent à Sparte l’hégémonie (commandement des troupes). Les hoplites Spartiates furent écrasés aux Thermopyles, mais Athènes, par la victoire navale de Salamine (480), fit la décision et sauva de nouveau la Grèce ; la bataille de Platées (479), qui termina la guerre en Grèce, n’était qu’un combat d’arrière-garde.


476 : création de la ligue de Délos

À la demande des Grecs (des insulaires surtout), Athènes prit la tête d’une ligue dont le centre était à Délos (trésor et siège de l’assemblée fédérale) et qui devait poursuivre jusqu’à la victoire finale la lutte contre les Perses. Après les succès remportés par Cimon* à l’Eurymédon (468 av. J.-C.), nombreux furent les alliés qui jugèrent que la ligue n’avait plus de raison d’exister, mais Athènes ne voulut jamais que se dissolvât l’instrument de sa puissance, et ses alliés devinrent peu à peu des sujets.


462 : Cimon au secours de Sparte

En 464, profitant d’un tremblement de terre, les hilotes et les périèques spartiates s’étaient révoltés contre les égaux. Pour rétablir la situation, Sparte demanda l’aide d’Athènes, et Cimon poussa ses concitoyens à envoyer dans le Péloponnèse une expédition de secours. Le contingent athénien ne sut pas rendre les services qu’on attendait de lui et fut renvoyé : ce fut la fin de la carrière politique de Cimon à Athènes (le parti populaire d’Ephialtès et de Périclès l’emportait), mais ce fut surtout le début de la brouille entre les deux cités, dont les querelles allaient épuiser le monde grec.


449-48 : paix de Callias

Pour pouvoir mener la guerre contre Sparte et ses alliés, après l’échec de l’expédition d’Égypte, Athènes se résigna à signer la paix avec les Perses, sans les avoir véritablement abattus : la Grèce d’Asie restait à portée de la menace barbare.


457-447 : les Thébains, grâce à l’appui de Sparte, s’assurent le contrôle de la ligue Béotienne

Les cités de Béotie étaient, depuis fort longtemps, unies par des liens religieux. Dès le vie s., Thèbes avait affirmé (aidée par sa situation géographique favorable) une certaine autorité sur le koinon béotien. Thèbes ayant pris parti pour les Perses durant les guerres médiques, la ligue fut dissoute par les Grecs, vainqueurs, mais, en 457, pour faire pièce à Athènes en créant sur son flanc nord un État puissant, Sparte aida à la reconstitution de la ligue Béotienne, qui sut aussitôt assurer sa force par la victoire de Coronée (447).


431 : début de la guerre du Péloponnèse*

La puissance d’Athènes et son avidité à conquérir inquiétaient : Corinthe, se sentant menacée par son expansion vers l’ouest, poussa à la guerre Sparte et ses alliés de la ligue Péloponnésienne ; Athènes attendait ce moment, et Périclès* avait déjà défini la stratégie qu’il entendait suivre : replier dans la ville tous les habitants de l’Attique, refuser ainsi le contact avec les armées ennemies et utiliser la puissance maritime d’Athènes pour ravitailler la cité et mener des raids contre l’adversaire. Cela conduisit Athènes aux pires désastres. Une peste s’attaqua aux réfugiés entassés dans la ville, des milliers d’Athéniens moururent, et Périclès lui-même succomba en 429. D’autre part, les armées ennemies ravagèrent systématiquement la campagne attique, et il ne fut pas possible de reconstituer les cultures. Toute une classe sociale fut ruinée, celle des petits propriétaires exploitants, et avec elle disparut une certaine sagesse d’Athènes.


404 : capitulation d’Athènes

Après des fortunes diverses, des échecs retentissants (le plus grave fut celui de l’expédition de Sicile voulue par Alcibiade* en 415), des succès sans lendemain (comme la bataille des Arginuses en 406), des révolutions, des changements de régime et l’appel à l’homme providentiel (Alcibiade), Athènes fut contrainte de capituler sans condition. Elle dut renoncer à ses lois (un gouvernement oligarchique, les Trente, fut installé) : Sparte substitua alors sa domination sur la Grèce à celle d’Athènes. Pour changer de maître, la Grèce s’était épuisée : vainqueurs et vaincus étaient exsangues, certaines cités avaient été complètement détruites ; les citoyens ne croyaient plus toujours aux vertus du système pour lequel ils s’étaient entre-tués ; l’esprit civique s’affaiblissait.

La retraite des Dix Mille soldats grecs au service du satrape de Sardes qui purent, conduits par Xénophon*, traverser de part en part le royaume perse (400) laissa croire encore quelque temps que les Grecs étaient aussi forts qu’au temps des guerres médiques ; c’était un leurre : venait le temps de la revanche perse.