Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

goutte (suite)

Traitement de la goutte

• Le traitement de la crise aiguë fait appel à un médicament spécifique, la colchicine, alcaloïde extrait du colchique. Son efficacité est habituellement franche et rapide (quelques heures). En cas d’échec de cette drogue ou pour pallier des troubles digestifs (diarrhée) qu’elle peut provoquer, on dispose de la phénylbutazone ou de l’indométhacine, médicaments anti-inflammatoires. La cortisone et ses dérivés ne doivent pas être utilisés, car ils aggravent la maladie goutteuse.

Le traitement de fond de la maladie goutteuse est indispensable.
1o Le régime exclut les abats, la charcuterie (sauf le jambon), le gibier, les plats en sauce, les crustacés, les anchois, les asperges, les haricots, les épinards et l’alcool sous toutes ses formes. Sur le plan quantitatif, le nombre de calories par jour ne doit pas excéder 1 800 à 2 000, en restreignant l’apport en protides (essentiellement viande) et en lipides. L’élimination de l’acide urique est favorisée par l’ingestion quotidienne de 2 à 3 litres d’une eau faiblement minéralisée.
2o La prévention des crises par la colchicine prise chaque jour ou tous les deux jours ne s’adresse qu’aux formes récidivantes, aux malades devant subir une intervention chirurgicale ou soumis à un traitement hypo-uricémiant.
3o Le traitement hypo-uricémiant vise à ramener l’uricémie à un taux proche de la normale. Deux catégories de médicaments peuvent être utilisés ;
— les uricosuriques (probénécide, sulfinpyrazone, zoxazolamine et surtout benziodarone), qui agissent en augmentant l’élimination urinaire de l’acide urique et qui sont indiqués lorsque celle-ci est basse ou normale ;
— les inhibiteurs de la synthèse de l’acide urique (acide orotique, allopurinol et thiopurinol, ces deux dernières drogues agissent en inhibant les enzymes nécessaires à la formation de l’acide urique) qui sont indiqués dans les gouttes secondaires, les gouttes avec insuffisance rénale et chez les goutteux ayant souffert de crises de coliques néphrétiques.
4o Le séjour en station thermale spécialisée (Vittel, Évian, Contrexéville) a un rôle adjuvant intéressant.
5o La chirurgie n’occupe qu’une place modeste dans le traitement de la goutte ; il peut, cependant, être nécessaire d’enlever un tophus inesthétique ou fonctionnellement gênant.

M. B.

 F. Mauvoisin, la Goutte. Données cliniques, biologiques et thérapeutiques (Varia, 1953). / S. de Sèze et A. Ryckewaert, la Goutte (Expansion scientifique française, 1960).

gouvernail

Appareil constitué essentiellement par un plan mince, vertical, orientable et immergé, placé généralement à l’arrière des navires, embarcations et autres engins flottants, et servant à les diriger et à régler leur évolution.


L’usage du gouvernail ne remonte guère au-delà du xiie s. Jusqu’à cette époque, l’emploi de la rame-gouvernail, ou timon, avait été général, mais son efficacité était médiocre et son maniement difficile et lent, en raison notamment du faible bras de levier permettant l’action du timonier. L’invention du gouvernail articulé, perfectionné et rendu de plus en plus efficace à travers les siècles, fut pour la navigation un progrès d’une importance considérable.


Description

Le plan mince, ou safran, qui constitue la partie principale du gouvernail et dont l’orientation commande celle du navire lui-même, est généralement articulé sur des axes, ou aiguillots, tournant dans des gonds, ou fémelots, faisant corps avec l’étambot. Le gouvernail est actionné par l’intermédiaire d’une pièce verticale sensiblement cylindrique, la mèche, solidaire du safran et dont l’axe prolonge celui des aiguillots. L’ensemble est généralement porté à la partie haute par le support de mèche, les aiguillots ne servant le plus souvent que de guides.

La manœuvre du gouvernail peut être manuelle ou motorisée. Dans le premier cas, elle s’effectue soit directement au moyen d’un levier, ou barre franche, soit par une roue, ou manipulateur, plus maniable, agissant sur la barre par l’intermédiaire d’un câble ou d’une chaîne, la drosse. Dans le second cas, un moteur de barre, ou appareil à gouverner, agit automatiquement sur la barre à chaque sollicitation du manipulateur. À vapeur à l’origine, les appareils à gouverner sont maintenant le plus souvent hydrauliques ou électriques, leur liaison avec le manipulateur étant elle-même hydraulique ou électrique.


Différents types

• Gouvernail ordinaire. Sur le gouvernail que l’on peut qualifier d’« ordinaire » ou de « classique », parce que les gouvernails ont été construits selon ce modèle pendant une très longue période, le safran est constitué par une simple tôle (quelques planches assemblées dans la construction en bois) reliée à un cadre muni de bras horizontaux placés alternativement de part et d’autre du safran et portant les aiguillots. Ce type de gouvernail est maintenant peu utilisé.

• Gouvernail caréné. Dans la construction actuelle, le gouvernail est généralement caréné, c’est-à-dire formé de façon à réduire sa résistance à l’avancement. Dans ce cas, il est dit à double tôle. Dans certains cas, la partie « carénée » comprend l’étambot, qui forme alors un tout avec le safran, dont il est considéré comme la « partie fixe ».

• Gouvernail compensé. Sur un tel gouvernail, une partie du safran est reportée sur l’avant de l’axe de la mèche. Très employée, cette disposition permet, en rapprochant de cet axe le centre de poussée de l’eau sur le safran, de diminuer le couple qu’il faut exercer sur la mèche, dit couple sur mèche, pour modifier l’orientation du gouvernail.

• Gouvernail actif. Sur ce type de gouvernail, le safran porte une tuyère dans laquelle tourne une petite hélice actionnée par un moteur électrique et permettant, le safran étant orienté par le travers, le changement de cap du navire pratiquement sur place et même à vitesse nulle.