goutte (suite)
Traitement de la goutte
• Le traitement de la crise aiguë fait appel à un médicament spécifique, la colchicine, alcaloïde extrait du colchique. Son efficacité est habituellement franche et rapide (quelques heures). En cas d’échec de cette drogue ou pour pallier des troubles digestifs (diarrhée) qu’elle peut provoquer, on dispose de la phénylbutazone ou de l’indométhacine, médicaments anti-inflammatoires. La cortisone et ses dérivés ne doivent pas être utilisés, car ils aggravent la maladie goutteuse.
Le traitement de fond de la maladie goutteuse est indispensable.
1o Le régime exclut les abats, la charcuterie (sauf le jambon), le gibier, les plats en sauce, les crustacés, les anchois, les asperges, les haricots, les épinards et l’alcool sous toutes ses formes. Sur le plan quantitatif, le nombre de calories par jour ne doit pas excéder 1 800 à 2 000, en restreignant l’apport en protides (essentiellement viande) et en lipides. L’élimination de l’acide urique est favorisée par l’ingestion quotidienne de 2 à 3 litres d’une eau faiblement minéralisée.
2o La prévention des crises par la colchicine prise chaque jour ou tous les deux jours ne s’adresse qu’aux formes récidivantes, aux malades devant subir une intervention chirurgicale ou soumis à un traitement hypo-uricémiant.
3o Le traitement hypo-uricémiant vise à ramener l’uricémie à un taux proche de la normale. Deux catégories de médicaments peuvent être utilisés ;
— les uricosuriques (probénécide, sulfinpyrazone, zoxazolamine et surtout benziodarone), qui agissent en augmentant l’élimination urinaire de l’acide urique et qui sont indiqués lorsque celle-ci est basse ou normale ;
— les inhibiteurs de la synthèse de l’acide urique (acide orotique, allopurinol et thiopurinol, ces deux dernières drogues agissent en inhibant les enzymes nécessaires à la formation de l’acide urique) qui sont indiqués dans les gouttes secondaires, les gouttes avec insuffisance rénale et chez les goutteux ayant souffert de crises de coliques néphrétiques.
4o Le séjour en station thermale spécialisée (Vittel, Évian, Contrexéville) a un rôle adjuvant intéressant.
5o La chirurgie n’occupe qu’une place modeste dans le traitement de la goutte ; il peut, cependant, être nécessaire d’enlever un tophus inesthétique ou fonctionnellement gênant.
M. B.
F. Mauvoisin, la Goutte. Données cliniques, biologiques et thérapeutiques (Varia, 1953). / S. de Sèze et A. Ryckewaert, la Goutte (Expansion scientifique française, 1960).