Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Goodman (Benny) (suite)

Films

Benny Goodman apparaît dans The Big Broadcast of 1937 (1937), Hollywood Hotel (1937), Stage Door Canteen (1943), The Powers Girl (1943), Sweet and Low down (1944) et A Song is born (1947). L’histoire de sa carrière a fait l’objet du film The Benny Goodman Story (1955), où son rôle est tenu par Steve Allen et où il joue la partie musicale.

F. T.

 B. Goodman et I. Kolodin, The Kingdom of Swing (New York, 1939). / G. T. Simon, The Big Bands (New York, 1967).

Repères discographiques

1928

Clarinetitis (enregistré à Chicago).

1935

Sometimes I’m Happy (grand orchestre).

Someday Sweetheart (trio).

1936

Goody, Goody (vocal de Helen Ward avec le grand orchestre).

Dinah (quartette).

1937

Sing, Sing, Sing (solo de Gene Krupa avec le grand orchestre).

1938

Sweet Georgia Brown (quartette).

B. G. au Carnegie Hall (concert public).

1939

Soft Winds (sextette).

1941

Air Mail Special (sextette).

Solo Flight (solo de Charlie Christian avec le grand orchestre).

1962

B. G. à Moscou (concert public).

Gordon (Yehudah Leib, dit Yalag)

Poète de langue hébraïque (Vilnious 1830 - Saint-Pétersbourg 1892).


À quatorze ans, il est déjà très versé dans le Talmud, mais, pénétré des idées de la Haskalah (v. hébraïque [littérature]), il apprend plusieurs langues européennes et classiques. Il est un moment instituteur à Panevejis, en Lituanie (1853-1860). En 1857 paraissent ses premiers poèmes. Bon éducateur, il fonde une école de jeunes filles à Chiaouliaï (1860), puis il est directeur d’école à Telchiaï. Les orthodoxes s’en prennent à lui comme à un professeur russe qui tente de détacher ses élèves du judaïsme.

Les pogroms des années 80 en Russie et aussi l’assimilation tentée par les juifs de ce pays lui apprennent que la Haskalah n’est pas la solution du problème juif.

En 1872, Gordon est secrétaire de la communauté de Saint-Pétersbourg et de l’Association des propagateurs de la Haskalah, mais son activité est suspecte. Arrêté avec sa femme en 1897, il est banni pour plusieurs années. À son retour, A. Zederbaum l’appelle à le seconder dans la rédaction de Ha-Melitz, poste qu’il gardera jusqu’à sa mort.

L’œuvre littéraire de Gordon peut se partager en trois étapes. Jusqu’aux années 60 environ, l’œuvre de Schiller a une grande influence sur le poète, ainsi que ses deux contemporains : Adam Ha-Kohen (1794-1878) et Mikal Lebensohn (1828-1852). Gordon tire son inspiration de la Bible : Ahavat David ve Mikal (l’Amour de David et de Mikal, 1850) est surtout une chronique historique. Son poème David et Barzilaï est influencé par J.-J. Rousseau. C’est une ballade idyllique où s’exprime l’amour du pays et de la vie rustique. En 1860 paraît un recueil de fables — nouveauté dans la littérature hébraïque — inspirées du Talmud, d’Ésope, de La Fontaine, de Krylov, etc.

Dans la deuxième étape, Gordon s’avère poète révolutionnaire : pour lui, la poésie est un moyen de lutte. Il n’est plus un poète lyrique, mais un ardent défenseur de la Haskalah, qui milite contre le pharisaïsme et le rabbinisme pour des réformes du judaïsme. De cette époque datent Ben Chinè arayot (Entre les dents des lions) et Sidqiyyah be-vet ha-pequdot (Sedécias dans la prison). Gordon prend la défense de tous les opprimés, et en premier chef celle de la femme (Qoṣo chel yod [Pour un point sur un « i »]). Dans la première étape, un héros était au centre de l’œuvre ; dans la deuxième, l’action se concentre autour d’un peuple.

Troisième étape : Gordon a découvert que cette Haskalah n’apporte pas de solution. Il est déçu comme révolutionnaire et comme poète. Le satirique devient un consolateur résigné, l’accusateur national un défenseur national. Les juifs forment maintenant pour lui une entité qui a sa propre langue et sa propre religion. Son poème s’apparente au mouvement de Hibbat Sion (« Jeunes et vieux nous irons »). Personnellement, Gordon demeure loin de ce mouvement, mais il n’est pas opposé à un certain messianisme réaliste. Il craint cependant que les juifs n’y soient pas préparés. Il faudra des hommes de tous les milieux, de tous les talents, de tous les métiers, et est-ce dans les écoles talmudiques qu’on les trouvera ?

Ce scepticisme amène Gordon à écrire Lemi ani‘amel ? (Pour qui ma peine ?). Il craint d’être le dernier poète hébreu parlant aux derniers de ses lecteurs hébreux.

Sous le choc des pogroms des années 80, il écrit Ma sœur Rouhama, poème plein de pitié. Avec cette œuvre, il trouve de nouveaux accents, des sentiments pleins de profondeur.

Ses œuvres poétiques ont été éditées en six volumes à Vilnious (1890). On a publié de lui 536 lettres et ses souvenirs : Alnahar Kevar (Sur la rivière Kavar), Davar yôm be-yômo (Au jour le jour). Il faut noter aussi que Gordon est avant Mendele (Abramovitz*) le créateur de la nouvelle réaliste dans ses chroniques de Ha-Melitz, publiées sous le titre général d’Olam Kemin‘ago, qui peut se traduire par « le monde et son train ».

Gordon occupe une place charnière dans la littérature et la pensée juives. Il marque dans le développement de la Haskalah le passage d’un idéalisme qui pense que la science supprimera toute différence à un rationalisme qui pousse à la lutte contre des traditions sclérosantes et superstitieuses. Pour lui, cette lutte prime l’art, et il est le premier à faire sortir la poésie hébraïque du domaine purement littéraire pour la projeter dans la vie. Penseur nationaliste, certaines de ses idées eurent une influence durable, telle celle-ci : « Sois juif dans ta maison, homme au-dehors. » Il faut d’ailleurs souligner que Gordon conforma toute sa vie aux idées qu’il défendait.

N. G.

➙ Hébraïque (littérature).

 J. Fichman, « Y. L. Gordon » (préface des Œuvres poétiques complètes) [Tel-Aviv, 1950]. / Y. Tsvik-Halévy, Conception du judaïsme dans la littérature de Haskala (en hébreu, Tel-Aviv, 1955). / M. Duvshani, Y. L. Gordon et Mendele (en hébreu, Tel-Aviv, 1959).