Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aménophis IV (suite)

En réaction contre le parti pris de grâce et de beauté pure qui avait prévalu sous Aménophis III, la doctrine artistique est inspirée par un souci de naturel et de vérité menant au réalisme — et qu’Akhenaton poussa jusqu’à la caricature —, un amour sincère de la nature, une simplicité sans protocole qui fait revivre, sur les bas-reliefs et les peintures, les scènes les plus intimes de la famille royale (le roi, la reine et les six princesses).

L’aventure amarnienne sera unique, mais éphémère : quatorze ans dans une longue histoire.

En effet, en politique extérieure, Akhenaton, fanatique inconscient, eut une attitude opportuniste et maladroite ; il assiste, sans intervenir, à l’effondrement politique du Mitanni allié ; devant la « montée » du Hatti, il esquisse un rapprochement avec l’Assyrie, mais laisse les Hittites intriguer ouvertement dans les provinces phéniciennes et « syriennes » sous protectorat égyptien : Tyr, Byblos demandent en vain de l’aide ; un ambassadeur égyptien est tué... L’Égypte se tait. Akhenaton, prophète pacifique, perd toute influence et tout prestige dans les affaires internationales. Le grand Empire s’effondre.

À l’intérieur, l’État se dégrade : les impôts pèsent lourdement (les constructions nouvelles sont coûteuses) ; la réforme religieuse n’est pas populaire : elle est un trop grand bouleversement pour les consciences, arrachées à leurs habitudes ancestrales et à leurs magies rassurantes. Et, bien sûr, les prêtres d’Amon, persécutés, mènent sourdement la lutte.

Un rapprochement fut-il tenté dans les dernières années du règne entre ceux-ci et le roi, sectaire de plus en plus isolé ? Son gendre, Semenkhkarê, associé au trône, lui survécut quelques années ; puis le pouvoir passe à Toutankhamon (second gendre du roi, âgé de neuf ans), qui (inspiré par les « Amoniens ») rend au dieu thébain et à sa ville leur prestige antérieur, aux autres dieux leurs cultes, et clôt la brève hérésie.

C. L.

➙ Amarna / Égypte / Nouvel Empire.

 A. E. P. Weigall, The Life and Times of Akhnaton, Pharaoh of Egypt (Londres, 1910 ; nouv. éd., 1922). / H. Schäfer, Amarna in Religion und Kunst (Leipzig, 1931). / J. D. S. Pendlebury, Tell el Amarna (Londres, 1935 ; trad. fr. les Fouilles de Tell el Amarna et l’époque amarnienne, Payot, 1936). / K. Pflüger, Horemheb und die Amarnazeit (Zwickau, 1936). / S. A. Mercer et F. H. Hallock (sous la dir. de), The Tell el-Amarna Tablets (Toronto, 1939 ; 2 vol.). / W. Helck, Die Beziehungen Ägyptens zu Vorderasien im 3. und 2. Jahrtausend vor Chr. (Wiesbaden, 1962). / E. F. Campbell, The Chronology of the Amarna Letters (Baltimore, 1964). / C. Aldred, Akhenaten, Pharaoh of Egypt (Londres, 1968 ; trad. fr. Akhénaton, Tallandier, 1970).

Amentifères

Ensemble de végétaux ligneux, souvent de grande taille, caractérisés par des fleurs groupées en chatons, unisexuées, et dont le périanthe est le plus souvent rudimentaire.


Le groupe des Amentifères (ou Amentiflores) ne forme pas une unité systématique naturelle, mais les espèces possèdent de grandes ressemblances entre elles. Les trois principaux ordres qui sont réunis dans ce groupe sont ceux des Salicales, des Myricales et des Fagales, auxquels se joignent ceux des Balanopsidales, des Leitnériales et des Batidales, moins importants. Certains auteurs y joignent aussi les Juglandales. Ces espèces, bien différenciées entre elles, présentant toutes de nombreux caractères archaïques, semblent dériver de lignées très anciennes provenant d’un même archétype aujourd’hui disparu.


Salicales

L’ordre des Salicales ne comprend qu’une seule famille, les Salicacées, avec deux genres principaux, Salix (Saule) et Populus (Peuplier), formant au total environ trois cents espèces, qui vivent principalement dans la zone tempérée froide. En France, il existe à l’état naturel une trentaine d’espèces de Saules et seulement trois de Peupliers. Alors que certains auteurs considèrent ce groupe, dans son ensemble, comme primitif, d’autres, au contraire, se fondant sur l’extrême variabilité des caractères et sur la grande facilité d’hybridation, pensent que l’on est là en présence d’un groupe jeune très évolué, quoique, du moins par leurs feuilles, ces genres soient connus depuis le Crétacé.

Les Salicacées sont des arbres ou des arbustes à feuilles alternes, munies de stipules ; les fleurs sont unisexuées, et les espèces dioïques. Chez les Saules, les chatons sont dressés et ont à leur base une bractée entière, le périanthe est réduit à deux nectaires filiformes, les étamines sont le plus souvent au nombre de deux et la pollinisation est entomophile. Chez les Peupliers, au contraire, les chatons sont pendants, la bractée est divisée en lanières, le périanthe est réduit à un disque, les étamines sont nombreuses et la pollinisation est anémophile ; les graines des espèces de ce dernier genre possèdent un abondant duvet cotonneux qui les fait se disperser facilement par le vent. Le bois de Peuplier sert beaucoup en ébénisterie grossière, pour la confection des caisses et des allumettes. Des études importantes de génétique et d’écologie sont entreprises pour accélérer la croissance et augmenter la production de bois ; ces arbres vivent surtout dans des endroits frais et humides. On se sert de jeunes branches de certains Saules pour divers travaux de vannerie (Osier), et les espèces à branches retombantes (Saules pleureurs : S. babylonica) sont plantées comme arbres d’ornement.


Myricales

Le deuxième ordre, celui des Myricales, qui ne comprend également qu’une famille, renferme en particulier une espèce, Myrica gale. C’est un petit arbuste très odoriférant, qui, en France, se localise dans les landes et les marais de l’Ouest et du Nord. On retrouve dès le Cénomanien (début de l’ère secondaire) des restes fossiles correspondant à cette espèce.


Fagales

L’ordre des Fatales, de beaucoup le plus important, comprend deux familles (Bétulacées et Cupulifères), ou trois si l’on disjoint le groupe des Corylacées de la famille des Bétulacées. Toutes les espèces de cet ordre sont ordinairement de grands arbres à feuilles simples alternes.