Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Ghiberti (Lorenzo)

Sculpteur, orfèvre, architecte et écrivain d’art italien (Florence 1378 - id. 1455).


Il entra en apprentissage, très jeune semble-t-il, chez l’orfèvre Bartolo di Michelo. Grâce aux Commentari qu’il écrivit à la fin de sa vie (et qui contiennent notamment de précieuses notices sur les peintres du trecento), on sait qu’il se rendit à Rome peu avant 1400 et que son admiration fort éclectique s’adressa aussi bien aux fresques de Giotto et de Cavallini qu’à la statue de l’Hermaphrodite antique, découverte pendant son séjour. Il semble, d’ailleurs, qu’à cette époque la peinture l’ait attiré plus que toute autre forme d’art, et c’est comme peintre qu’il était au service de Carlo Malatesta, seigneur de Rimini, lorsque l’annonce d’un concours pour l’exécution de la deuxième porte du baptistère de Florence le rappela dans sa patrie. Les candidats devaient exécuter un Sacrifice d’Isaac en inscrivant leur composition dans un médaillon quadrilobé de même type que ceux de la première porte, due à Andrea* Pisano. Déclaré vainqueur (malgré la présence d’artistes de la valeur de Brunelleschi* ou d’Iacopo* della Quercia), il fut amené à consacrer la majeure partie de son activité au baptistère de Florence. En effet, après cette deuxième porte (1403-1424), il exécuta, avec de nombreux aides, dont ses fils Tommaso et Vittorio, la troisième (1425-1552), connue sous le nom de « Porte du paradis ». Le contraste est total entre les deux œuvres ; l’une est encore profondément attachée aux traditions gothiques avec ses vingt-quatre quadrilobes, où seuls quelques détails dans les architectures et l’anatomie semblent touchés par l’esprit de la Renaissance ; l’autre ne comporte que douze panneaux, presque carrés, où se développent à leur aise des « bas-reliefs picturaux » dans lesquels l’artiste déploie toute sa science de la perspective et de la composition (voir en particulier la célèbre Rencontre de Salomon et de la reine de Saba).

En dehors de ces deux ensembles majeurs, les œuvres de Ghiberti sont peu nombreuses : quelques statues dans les tabernacles extérieurs d’Orsammichele (saint Jean-Baptiste, saint Étienne, saint Matthieu), la dalle funéraire de Fra Leonardo di Stagio Dati (Florence, église Santa Maria Novella), deux bas-reliefs des fonts baptismaux de la cathédrale de Sienne (1417-1420). Certaines relèvent presque des arts mineurs, comme la châsse de bronze de saint Zénobe au dôme de Florence, pour lequel l’artiste donna par ailleurs certains projets d’architecture et dessina des vitraux. D’après des recherches récentes, il faudrait ajouter à cette liste quelques œuvres de jeunesse conservées dans les Marches, et notamment une belle Assomption de la Vierge en bronze (Sant’Angelo in Vado, église Santa Maria dei Servi).

Orfèvre par sa formation, Ghiberti le restera toute sa vie ; en 1439, il fit pour le pape Eugène IV une mitre d’or gemmée dont il tira une grande fierté. La ciselure très délicate, les orfrois dont il se plaît, surtout dans la deuxième porte du baptistère, à orner les vêtements de ses personnages relèvent bien du travail du métal précieux. Peut-être est-ce dans la mesure où il s’inscrit dans la tradition de l’orfèvrerie gothique que Ghiberti échappe en partie au grand mouvement de la Renaissance ; malgré son admiration pour l’Antiquité, c’est dans la nature et non dans le vocabulaire décoratif classique qu’il a été chercher la faune et la flore dont il orne les bordures de la Porte du paradis, renouant ainsi avec les usages de la sculpture du xiiie s. Mais Ghiberti fut aussi attiré par la peinture, et c’est en peintre de la Renaissance qu’il compose ses scènes, les insère dans l’espace, au mépris peut-être de la nature profonde de l’œuvre sculptée, qu’il plie aux lois de l’artifice et du trompe-l’œil. Il ne faut pas oublier, enfin, que c’est sans doute à l’occasion des grands travaux de fonte des portes du baptistère, et plus particulièrement des statuettes qui garnissent les niches des montants de la Porte du paradis, que l’on vit renaître à Florence un art oublié depuis l’Antiquité et qui fut l’un des plus caractéristiques de la Renaissance : celui de la statuette de bronze.

J. R. G.

 C. Perkins, Ghiberti et son école (Rouam, 1885). / L. Planiscig, Lorenzo Ghiberti (Vienne, 1940). / M. Salmi, « Lorenzo Ghiberti e la pittura », dans Scritti in onore di Lionello Venturi (Rome, 1956). / G. Brunetti, Ghiberti (Florence, 1966).

Ghirlandaio (Domenico)

Peintre italien (Florence 1449 - id. 1494).


Domenico Bigordi (dit il Ghirlandaio) passa la plus grande partie de sa vie à Florence, à l’exception de courts séjours à San Gimignano et à Rome, lorsqu’il décora la bibliothèque du Vatican et exécuta deux fresques dans la chapelle Sixtine.

Nous ne possédons que peu de renseignements sur sa vie, au cours de laquelle il fit face à de multiples commandes, aidé par ses deux frères David (1452-1523) et Benedetto (1458-1497). Son fils Ridolfo (1483-1561), aîné de cinq enfants, fut surtout un portraitiste de qualité.

D’après le témoignage de Vasari, Domenico fit son apprentissage auprès de son père, Tommaso, premier orfèvre à avoir exécuté les ornements en guirlandes pour les coiffures des femmes : d’où le surnom de Ghirlandaio. Cet apprentissage semble avoir été complété auprès d’Alessio Baldovinetti (1425-1499).

Vasari cite les fresques de l’autel des Vespucci, dans l’église des Ognissanti à Florence, comme la première œuvre de Domenico. La fresque de l’église de Cercina, datée de 1470, semble antérieure. Les modestes commandes exécutées dans de petites communes autour de Florence au début de la carrière de l’artiste témoignent déjà d’une vision naturelle, quoique encore marquée par certains accents d’Andrea* del Castagno et par un éclairage emprunté à Domenico* Veneziano.