Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gengis khān (suite)

À la même époque, deux des lieutenants de Gengis khān, Djebe et Subutāy, accomplirent un raid autour de la mer Caspienne. Le royaume chrétien de Géorgie fut attaqué, et Tiflis ne fut sauvée que de justesse (1221-22). Ensuite, les Mongols se dirigèrent au nord-ouest et, près de la mer d’Azov, ils attaquèrent les Russes. Le prince de Kiev fut défait ; après cette victoire, les conquérants pillèrent le comptoir vénitien de la mer Noire, Soldaïa (Soudak).

Gengis khān, revenu en Mongolie en 1225, entreprit une dernière incursion contre le royaume tangout des Xixia (Si-Hia). C’est au cours de cette campagne qu’il mourut, le 18 août 1227. Son empire s’étendait alors de Pékin aux rives de la Caspienne. Il terminait sa vie en conquérant, son bonheur ayant été, comme il le proclamait, de « tailler en pièces ses ennemis, de les chasser devant soi, de s’emparer de leurs biens, de voir pleurer les êtres qui leur sont chers, de serrer dans ses bras leurs femmes et leurs filles ».

À sa mort, la discipline qu’il avait imposé faisait régner son yasa depuis les plages de la Caspienne jusqu’à Pékin. « Sous son règne, écrit un chroniqueur, tout le pays jouissait d’une telle tranquillité qu’on aurait pu aller du levant au couchant avec un plateau en or sur la tête sans avoir à subir de violences de personne. »

La pax mongolica chantée par Marco Polo allait permettre l’établissement de fructueux échanges économiques entre Européens et Asiatiques ainsi que la réalisation de l’œuvre des grands voyageurs et ceux qui rêvèrent d’une véritable universalité. C’est la civilisation tout entière qui, paradoxalement, allait bénéficier de la conquête terrible et grandiose accomplie par Gengis khān.

P. R.

➙ Chine / Mongols.

 C. d’Ohsson, Histoire des Mongols depuis Jchinguiz-khan jusqu’à Timour-Bey ou Tamerlan (La Haye, 1834 ; 4 vol.). / F. Grenard, Gengis-khan (A. Colin, 1935). / R. Grousset, l’Empire des steppes. Attila, Gengis-khan, Tamerlan (Payot, 1938). / H. Lamb, Gengis Khan and the Mongol Horde (New York, 1954 ; trad. fr. Gengis Khan, conquérant des steppes, Nathan, 1966). / M. Percheron, Gengis Khan (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1962).

génie militaire

Corps de l’armée qui assure les travaux dont les autres armes ne peuvent se charger.


La création du génie ne s’est imposée que lorsque les opérations de guerre ont exigé l’emploi de troupes et d’outillages spécialisés. Il suffisait, jusque-là, d’incorporer aux unités de combat quelques ouvriers pour réaliser des fortifications légères, construire des machines de guerre ou édifier des passerelles de fortune. C’est ainsi que les légions romaines disposaient d’un noyau de maîtres ouvriers (les fabri), tandis que tous les légionnaires étaient entraînés à l’exécution de travaux de campagne courants. Quant aux ouvrages permanents et aux enceintes urbaines, leur construction était assurée par les architectes civils, car les techniques de la fortification ne différaient pas alors de celles du bâtiment. Il en fut de même au Moyen Âge, où les maîtres d’œuvre, assistés d’ouvriers recrutés par leurs soins, bâtissaient châteaux et remparts, tandis que les armées féodales comptaient toujours quelques hommes connus pour leur habileté à l’exécution des travaux de siège comme à la mise en œuvre des machines de guerre.

Ces deux catégories de spécialistes correspondaient déjà aux deux familles de missions qui reviennent au génie moderne : d’une part, la réalisation de fortifications et autres constructions militaires (casernes, arsenaux, magasins, etc.) ; d’autre part, les travaux nécessités par les opérations de guerre, tels que le lancement des ponts de circonstance, le rétablissement des voies de communication et, à l’inverse, la destruction des ouvrages d’art ou le minage.

La première mission se situe en temps de paix et nécessite une pratique des techniques du bâtiment ainsi qu’une gestion administrative, ce qui suppose un personnel compétent et stable, faisant appel le plus souvent aux entreprises civiles. Le service correspondant comporte donc une direction centrale, une section de recherches techniques et un quadrillage d’organes régionaux assurant la préparation et le contrôle des tâches confiées aux entreprises civiles. Le second rôle du génie se situe au contraire dans l’optique du combat et exige une troupe qualifiée dotée des engins correspondant à la variété des missions qui peuvent s’imposer en cours d’opérations.

On pouvait admettre que le personnel affecté à l’encadrement de ces corps de troupes serait distinct de celui qui constitue le service. Une telle solution a été adoptée à l’étranger, et notamment en Allemagne, où le service est rattaché aux états-majors territoriaux avec un statut civil. En France, au contraire, l’osmose entre l’arme et le service a toujours été la règle, et les cadres actifs du génie peuvent, tour à tour, être affectés dans des directions de travaux (organismes territoriaux) et dans un corps de troupes. Leur compétence résulte autant de la pratique des disciplines techniques ou administratives que de l’exercice du commandement dans une formation combattante. Les cadres officiers, longtemps formés à Polytechnique, et aujourd’hui à Saint-Cyr et à l’École militaire interarmes, reçoivent à la sortie de ces écoles leur instruction spécialisée à l’École d’application du génie, installée à Angers depuis 1945. Beaucoup la complètent à l’École supérieure technique du génie, fondée à Versailles en 1946 et orientée sur un enseignement de haut niveau, sanctionné par le titre d’ingénieur, ainsi que sur certaines formations particulières administratives ou techniques. Certains officiers acquièrent en outre une qualification spéciale dans de grandes écoles d’ingénieurs.


Histoire du génie militaire en France

La création d’une surintendance des fortifications sous le règne d’Henri IV marque la naissance du génie. Le recrutement en fut assuré sous Louis XIII par la formation d’un corps d’ingénieurs chargés non seulement de l’édification des places, mais aussi de la conduite des sièges. Leur nombre atteignait environ 300 sous Louis XIV : le plus illustre d’entre eux, Vauban*, démontra leur valeur et les dota d’une doctrine ; leur instruction fut ensuite assurée par l’École du génie, créée à Mézières en 1749 et qui fonctionna jusqu’à la Révolution.