Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Genève (suite)

 F. Borel, les Foires de Genève au xve siècle (H. Georg, Genève et A. Picard, 1891). / A. L. Covelle, le Livre des bourgeois de l’ancienne république de Genève, 1339-1792 (J. Jullien, Genève, 1897). / C. Borgeaud et P. E. Martin, Histoire de l’université de Genève (H. Georg, Genève, 1900-1959 ; 4 vol.). / V. Van Berchem, les Cantons suisses et Genève, 1477-1815 (Genève, 1905). / P. Rudhardt, l’Effort d’une ville. La vie économique à Genève, de ses origines à nos jours (Genève, 1930). / Soc. d’histoire et d’archéologie de Genève, Histoire de Genève, des origines à 1798 (A. Jullien, Genève, 1951). / P. Duparc, le Comté de Genève, ixe-xve siècle (A. Jullien, Genève, 1955). / A. Babel, Histoire économique de Genève. Des origines au début du xvie siècle (A. Jullien, Genève, 1963 ; 2 vol.). / J.-F. Bergier, Genève et l’Économie européenne de la Renaissance (S. E. V. P. E. N., 1963). / A.-M. Piuz, le Commerce de Genève au xviie siècle. Affaires et politique (A. et J. Picard, 1965). / P.-F. Geisendorf, Bibliographie raisonnée de l’histoire de Genève, des origines à 1798 (A. Jullien, Genève, 1966). / H. Naef, les Origines de la Réforme à Genève (Droz, Genève, 1968 ; 2 vol.).

Gengis khān

Conquérant mongol (1155? ou 1167? - 1227).


Temüdjin naquit dans une tribu de la steppe composée de pasteurs. Yesügey, son père, était le vassal de Tuğrul, chef de la tribu turque des Keraïts, qui lui avait demandé son appui pour lutter contre les Tatars, les plus sauvages des guerriers mongols. Ceux-ci l’attirèrent dans un guet-apens et l’empoisonnèrent vers 1167 ou 1179. Son fils aîné, Temüdjin, qui avait alors douze ans, fut dépouillé par ses oncles et réduit d’abord à la plus grande pauvreté. De même que son père, il débuta comme vassal des Keraïts. En 1196, il fut élu khān, c’est-à-dire roi des Mongols propres et, à cette occasion, il prit le nom de Tchingīz khān, dont nous avons fait Gengis khān.

À ce moment, la cour de Pékin demanda l’aide de Tuğrul et de son vassal pour prendre à revers les Tatars, qui menaçaient sa frontière. Gengis put ainsi se venger des assassins de son père. En 1202, les Tatars furent tous massacrés ou réduits en esclavage. Ce qui fit la force et la réussite de Gengis khān, en dehors de ses dons de stratège et de l’aide d’excellents lieutenants comme Djebe, Subutāy ou Qassar, son frère, ce fut sa puissante personnalité, qui lui permit de cristalliser autour d’elle, et d’une manière permanente, l’agressivité perpétuelle, mais décousue, des nomades de la steppe.

En 1203, Gengis khān s’opposa à Tuğrul, son ancien suzerain, et conquit tout le pays keraït. À la suite des Keraïts, les autres tribus se soumirent : Naïmans, Merkits, etc. L’Histoire secrète des Mongols relate sur un ton d’épopée cette conquête. « Qui sont, demande le chef des Naïmans, ceux qui nous poursuivent comme des loups ? — Ce sont les quatre chiens de chasse de Temüdjin ; ils sont nourris de chair humaine et attachés à une chaîne de fer ; leur crâne est d’airain, leurs dents sont taillées dans le roc, leurs langues sont comme des épées, leur cœur de fer. Au lieu de fouet, ils ont des sabres courbes, ils s’abreuvent de rosée et galopent dans le vent ; dans les combats, ils dévorent de la chair humaine. Les voilà maintenant déchaînés, leur bave coule, ils sont en joie. Ces quatre chiens sont Djebe, Kūbīlāy, Djeleme, Subutāy. »

En 1207, l’étendard de Gengis khān flottait sur toute la Mongolie, mais, dès l’année précédente, l’assemblée des Turco-Mongols avait proclamé ce dernier khaghān, c’est-à-dire khān suprême de « tous ceux qui habitent sous des tentes de feutre » (c’est le « grand khān » de Marco Polo). À cette occasion le chaman Munglik, qui jouissait d’un grand prestige, avait désigné Gengis à l’assemblée comme le représentant du dieu suprême, Tängri, l’Eternel Ciel bleu, et cette consécration divine fut invoquée par le nouveau chef comme le fondement même de son pouvoir.

Gengis khān s’employa à établir un véritable État mongol. L’organisation administrative fut empruntée aux Turcs Ouïgours, mais l’esprit et la discipline procédèrent du droit mongol, le yasa, code sévère qui s’impose à la société civile et militaire : la mort est la sanction du meurtre, du vol, du recel ou du parjure.

Cependant, les structures de la société ne changèrent pas. Le système féodal persista avec ses guerriers, ses roturiers et ses esclaves. L’armée resta essentiellement composée de cavaliers, car le guerrier mongol était avant tout un archer à cheval. Grâce à sa mobilité, cette cavalerie put accomplir des raids foudroyants. C’est elle qui permit à Gengis khān de constituer en peu de temps un formidable empire.

En effet, la Mongolie unifiée, Gengis khān entreprit la conquête de la Chine du Nord et soumit successivement le royaume des Xixia (Si-Hia), puis l’empire Jin (Kin) de Pékin. À cette occasion, il se heurta à l’obstacle des villes fortifiées, difficiles à investir pour des cavaliers dénués de matériel de siège. Pékin fut pourtant prise en 1215 ; la ville fut incendiée, et ses habitants furent massacrés.

Ces dévastations et ces tueries inaugurèrent une longue suite qu’il faut attribuer surtout à la méconnaissance des civilisations urbaines. Ces nomades, ne sachant que faire des villes, les ravageaient. Il y avait également le désir du transhumant de transformer les labours en steppe, de « tuer la terre » pour étendre les possibilités de pâturage, seul genre de vie jugé praticable par ces nomades.

Après la conquête de la Chine du Nord, les Mongols s’élancèrent vers l’ouest, où Djebe, en 1218, fit la conquête de l’empire des Kara Kitay, dans le Turkestan oriental. Ce fut ensuite le tour du Khārezm, dont Gengis khān s’empara lui-même en 1220. Cet empire recouvrait l’Iran actuel. Les villes de Boukhara et de Samarkand furent impitoyablement détruites. En 1221, l’Afghānistān tombait, lui aussi, aux mains du conquérant, et les mêmes massacres s’y répétèrent. À Harāt, l’égorgement de la population demanda une semaine entière.