Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Genève (suite)

Les principales activités économiques

L’industrie occupe une place non négligeable. Certes, les grandes usines ne marquent pas le paysage ; les activités industrielles genevoises s’accommodent d’établissements de taille moyenne. Au total, l’industrie emploie une quarantaine de milliers de personnes, dont plus de 10 000 étrangers. L’horlogerie est une vieille tradition. À l’établissage jurassien correspond la « cabinoterie » genevoise. Quelques grands noms de l’horlogerie suisse ont choisi Genève pour leur siège social. On compte une quarantaine d’établissements industriels dans la branche. Il convient de citer ensuite l’industrie d’équipement, la métallurgie de transformation et la mécanique de précision. L’industrie chimique genevoise vient après celle de Bâle : elle est spécialisée dans la fabrication de médicaments. L’industrie du papier et des arts graphiques est en relation avec le rôle intellectuel et religieux de la ville. Les journaux ont une audience internationale. Malgré son importance et sa diversité, l’industrie est éclipsée par le secteur tertiaire. Le commerce, les banques et les assurances emploient près de 25 000 personnes. Cependant, la banque genevoise vient après celle d’autres villes suisses. Le secteur tertiaire se caractérise par le haut niveau des services et leur orientation internationale, ce qui lui confère toutefois un aspect un peu artificiel et fragile. Une industrialisation accrue est nécessaire à la ville et au canton. Le Conseil d’État a proposé la création d’une zone industrielle sur les communes de Meyrin et de Satigny (au nord-ouest et à l’ouest de la ville).

Le tourisme joue un rôle fondamental dans l’économie urbaine : la beauté des abords du lac, le climat relativement doux (1 979 heures d’ensoleillement par an), les fonctions internationales attirent des centaines de milliers de visiteurs. En 1968, Genève arrivait en tête de toutes les communes suisses pour le nombre de nuitées (plus de 2 millions), dont les quatre cinquièmes au compte d’étrangers.

Avec 9 800 lits d’hôtels (et pensions), Genève est la première des stations touristiques suisses.

F. R.

Les foires de Genève

Confirmés à la fin du xiiie s. ou au début du xive, animant l’économie d’au moins vingt-trois localités du diocèse de Genève, les marchés et les foires annuelles ou semestrielles de cette contrée « ont été des foires satellites de Genève, des sortes de succursales régionales » (J.-F. Bergier). Les grandes foires genevoises, dont la première a été fondée avant 1262, se développent grâce à l’ouverture de la route du Simplon, qui favorise l’afflux massif de marchands italiens dans la haute vallée du Rhône à partir de 1270, à l’heure même où s’amorce le déclin des foires de Champagne. Bénéficiant, en 1285, de la protection du comte de Savoie, les sept foires franches de Genève font de la ville, du xive au milieu du xve s., un centre de commerce international presque permanent. Genève assume la succession, au début du xve s., de Paris en tant que grande place bancaire de l’Occident. Chaque année, la perception des leydes et autres droits levés aux halles est affermée aux enchères publiques à un Maître des halles responsable de leur police et de leur administration. Orientées vers le grand commerce international, puis vers la spéculation sur les changes qui en résulte, à partir du xve s., les foires de Genève ne suscitent aucun développement industriel dans la ville avant le milieu du xvie s., sans doute parce que leurs principaux bénéficiaires sont des marchands étrangers qui ne réinvestissent pas leurs capitaux sur place. Concurrencées par les foires de Lyon à partir de 1462, elles déclinent irrémédiablement à la fin du xve s. En 1465, le transfert à Lyon de la totalité des établissements bancaires italiens de Genève porte un coup fatal à leurs activités financières. Détachées de leur support italien, les foires de Genève se trouvent brusquement resserrées dans leur cadre naturel fort étroit jusqu’à ce que l’intervention allemande, après 1480, assure de nouveau leur expansion jusqu’au milieu du xvie s. dans un cadre purement commercial. Mais, comme le souligne Jean-François Bergier, elles ont été moins victimes de la concurrence des foires de Lyon que d’une « crise structurale d’adaptation à un rythme général de croissance économique essentiellement différent », dû au recul économique du monde italo-oriental et à la montée des pays de l’Europe et de la Méditerranée occidentales, pays qui offrent un cadre géographique mieux adapté aux conditions de l’économie moderne.

L’art à Genève

La cathédrale de Genève (auj. temple Saint-Pierre) est en partie des xiie et xiiie s. ; la façade, de Benedetto Alfieri (1700-1767), est classique et d’ordre corinthien ; la flèche a été exécutée à partir de 1895. Plus homogène, l’église de la Madeleine date des xive et xve s., tandis que l’hôtel de ville est du xvie. Autour de ces monuments, un vieux quartier aux rues étroites a gardé son caractère de pittoresque moyenâgeux. Dans la ville moderne, le théâtre a été construit en 1879 sur le modèle de l’Opéra de Paris (il a brûlé en 1951 et a été rénové à cette occasion). Un des principaux attraits de Genève réside dans ses promenades et ses jardins, sur les deux rives du lac. Une statue de Jean-Jacques Rousseau, par James Pradier (1792-1852), est érigée dans l’île Rousseau. Sur la promenade des Bastions, le monument de la Réformation, d’un art sévère, aligne sur 100 m de long, de nombreuses figures dues aux sculpteurs Paul Landowski et Henri Bouchard.

Au S.-O. de la ville, le musée ethnographique n’est pas moins riche. Dans le parc Ariana, le musée du même nom conserve d’importantes collections de faïences et de porcelaines. Le musée d’Art et d’Histoire (1909), dont les parois de l’escalier ont été décorées de grandes et vigoureuses peintures par Ferdinand Hodler*, abrite, outre des collections préhistoriques et antiques et des collections d’arts décoratifs, une galerie des beaux-arts, dont l’un des joyaux est le retable de la Pêche miraculeuse, exécuté par Konrad Witz* pour la cathédrale Saint-Pierre en 1444 ; sont également représentés Véronèse, Lucas Cranach, Gérard Dou, Philippe de Champaigne, William Hogarth, Élisabeth Vigée-Lebrun (portrait de Mme de Staël sous les traits de Corinne), Quentin de La Tour (portrait de J.-J. Rousseau), Jean Étienne Liotard (portrait de Mme d’Épinay), Barthélemy Menn, Houdon, ainsi que Courbet, Cézanne, Pissarro, Sisley, Rodin. La bibliothèque de l’université (1873) garde de précieux manuscrits enluminés ; une de ses salles porte le nom de musée Jean-Jacques-Rousseau. Enfin, le musée du Petit Palais abrite depuis quelques années l’ensemble de peintures postimpressionnistes réunies par le collectionneur Oscar Ghez.

M. G.

➙ Calvin (J.) / Foire / Réforme / Savoie / Suisse.