Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

génétique (suite)

généticien américain (Lexington, Kentucky, 1866 - Pasadena, Californie, 1945). Le mérite de Morgan et de son école fut d’établir par l’expérimentation directe la localisation des unités mendéliennes sur les chromosomes. Vers 1910, Morgan sélectionna comme sujet d’expérience la Mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster), qui était un organisme d’élevage facile et présentant une grande variété de mutations obéissant toutes aux lois de Mendel. De plus, cet organisme possède seulement quatre chromosomes dans ses cellules germinales. En collaboration avec C. B. Bridges, A. H. Sturtevant et H. J. Muller, Morgan put démontrer que chaque chromosome de l’Insecte contient un groupe d’unités, ou gènes mendéliens. Il suggéra, en outre, que ceux-ci étaient disposés selon un arrangement linéaire. Avec son école, il tenta de montrer la localisation chromosomique de chaque gène, préparant ainsi la carte chromosomique de la Drosophile. Les expériences de croisement montrèrent qu’il existe entre 2 500 et 3 000 gènes dans un seul chromosome de l’Insecte. Ces gènes correspondent à autant de caractères distincts ; il fut également prouvé qu’ils peuvent être échangés d’un chromosome à un autre : c’est le phénomène que nous connaissons maintenant sous le nom de translocation.


Edward Lawrie Tatum,

biologiste américain (Boulder, Colorado, 1909). Professeur au Rockefeller Institute, il a partagé en 1958 le prix Nobel de médecine et de biologie avec Beadle et Lederberg pour leurs travaux sur Neurospora crassa.


James Dewey Watson,

biologiste américain (Chicago 1928). Il vint étudier auprès de Crick à Cambridge, en Angleterre. Ensemble, ils précisèrent en 1954 la structure de l’acide désoxyribonucléique. En 1962, le prix Nobel de médecine et de physiologie devait consacrer leur œuvre, probablement l’une des plus importantes de la biologie moderne. On doit à Watson un livre polémique d’une grande intensité dramatique : The Double Helix (1968).


August Weismann,

biologiste allemand (Francfort-sur-le-Main 1834 - Fribourg-en-Brisgau 1914), auteur d’une théorie très approfondie, mais aussi discutée de l’hérédité. Weismann continua l’œuvre de savants de la fin du xixe s. et du début du xxe s. : Karl Wilhelm von Nägeli (1817-1891) avait distingué dans le « plasme » des cellules un idioplasme composé des parties les plus fines, ou micelles ; Oskar Hertwig (1849-1922) avait découvert la fécondation chez les Oursins en 1875 ; Walther Flemming (1843-1905) avait décrit la fissuration des chromosomes en 1879 (ceux-ci ne furent appelés ainsi que quelques années plus tard par Wilhelm Waldeyer-Hartz [1836-1921]) ; Carl Rabl (1853-1917) avait, en 1884, démontré que le nombre chromosomique est fixe pour une espèce donnée ; Edouard van Beneden (1846-1910), de Liège, avait montré que l’ovule et le spermatozoïde ne possèdent que la moitié du nombre chromosomique.

Weismann reprit la théorie de l’idioplasme de Nägeli. Selon lui, l’idioplasme de la 4e génération est composé de 16 plasmes ancestraux (« Ahnenplasmen ») ; celui de la 10e génération possède 1 024 plasmes ancestraux différents ; la ne en a n2. Finalement, on atteint un stade où une fragmentation plus poussée devient impossible, car on est en présence de particules indivisibles. Le plasme ancestral est considéré comme un système de nombreux atomes héréditaires, les déterminants et les biophores, pour lesquels Weismann construisit une architecture complexe, le « Keimplasma ». Il admit l’existence de deux sortes de divisions cellulaires : 1o héréditaire ou intégrale ; 2o non héréditaire ou différentielle. Du fait de la continuité du germe-plasme, un individu possède une partie immortelle. La théorie de Weismann rejetait l’idée que les caractères corporels sont héréditaires. Cela représentait une sérieuse attaque contre l’armée croissante des darwinistes et des lamarckistes. Les théories de Weismann ont toutefois le mérite d’avoir orienté les travaux ultérieurs et suscité de nouvelles hypothèses.

Genève

V. de Suisse, ch.-l. du canton de Genève ; 174 000 hab. (Genevois).



Situation

La ville doit surtout son essor à sa situation géographique. L’allongement sur 70 km du lac Léman entraîne une convergence des voies terrestres qui fait de Genève un passage obligé. Les marchandises transportées sur le lac doivent changer de moyen de transport, faisant de Genève un point de rupture de charge. Aussi, le canton, indissociable de la ville, forme-t-il la zone de transition entre le Mittelland et la vallée du Rhône en France. Plusieurs accès sont ouverts vers la France : la cluse du Rhône, le col entre la montagne de Vuache et la montagne de Sion, le col entre celle-ci et le Salève. Il faut y ajouter le col de la Faucille et la vallée de l’Arve. Le site de la ville est déterminé par la forme du lac et le premier pont sur le Rhône. La terrasse alluviale de l’Arve, au sud du lac, a joué un rôle pour le développement primitif de la ville. C’est sur un éperon taillé dans celle-ci que s’établit l’oppidum celte.

F. R.


L’histoire

Petit vicus des Allobroges fortifié par César en 58 av. J.-C., chef-lieu de la Genavensium civitas (diocèse de Viennoise) à la fin du ive s., siège d’un évêché créé vers 400, Genève est occupée en 443 par les Burgondes, qui en font leur première capitale : leur souverain Gondebaud (v. 480-516) enserre la cité de murailles. La ville est annexée par le roi de Paris Childebert Ier en 534 et appartient ensuite à son frère Clotaire Ier (558-561), avant d’être incorporée par Gontran (561-593) au royaume de Bourgogne. Point de concentration des forces de Charlemagne parties en mai 773 à la conquête du royaume lombard, chef-lieu d’un comté carolingien, elle est attribuée en 843 à Lothaire par le traité de Verdun. Elle est cédée en 859 par son fils Lothaire II († 869) à son autre fils, l’empereur Louis II († 875), puis elle est finalement englobée dans le royaume de Bourgogne transjurane, constitué en 888 par Rodolphe, déjà comte de Genève, de Lausanne et de Sion. Réunie en 1034 à l’empire par Conrad le Salique, elle ne doit son importance au xiie s. qu’à son évêché. Reconnu vassal direct de l’empereur Frédéric Ier Barberousse en 1162, l’évêque impose la reconnaissance de sa suzeraineté au comte du Genevois en 1213 et devient ainsi le véritable souverain temporel de sa ville. Mais il se heurte alors à l’opposition du puissant comte de Savoie, qui s’empare en 1290 de la charge du vidomnat. Le transfert de la réalité du pouvoir entre les mains du comte de Savoie ne se fait pas sans troubles, à la faveur desquels la bourgeoisie locale impose la reconnaissance de ses privilèges. Au sein de cette bourgeoisie, les marchands jouent un rôle essentiel. Gérant aux portes de leur ville le plus important des ateliers monétaires de la maison de Savoie, celui de Cornavin, ils diffusent l’économie monétaire dans les milieux ruraux par la pratique du crédit à court terme. Le prêt à intérêt, formellement autorisé, au moins dès le xive s., renforce les liens étroits entre la ville et la campagne, dont les échanges quotidiens sont, par ailleurs, assurés par une foule de marchands ruraux. Ces derniers, qui sont considérés comme étrangers par les Genevois, achètent le droit de bourgeoisie afin d’être exempts du droit de la « soufferte », auquel échappent par contre les très nombreux marchands internationaux, qui ne fréquentent la ville que pendant la durée des foires, qui sont franches.