Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

génétique (suite)

Les grands généticiens


George Welles Beadle,

biologiste américain (Wahoo, Nebraska, 1903). Titulaire de la chaire de sciences biologiques au California Institute of Technology, il reçoit avec E. L. Tatum, en 1958, le prix Nobel de médecine et de biologie pour avoir montré que « les gènes agissent en réglant des processus chimiques spécifiques ». L’autre partie du prix est attribuée à J. Lederberg (v. bactéries). Les travaux de Beadle et Tatum remontent à 1941, lorsque ceux-ci ouvrirent l’ère de la génétique biochimique par leurs recherches sur une moisissure, Neurospora crassa, au lieu de la « traditionnelle » Mouche du vinaigre. Beadle et Tatum furent parmi les premiers à démontrer que toutes les réactions enzymatiques d’une cellule sont sous le contrôle des gènes. À cette fin, ils utilisèrent les rayons X ou d’autres substances mutagènes pour provoquer des mutations, et ils montrèrent que ces mutations sont ensuite héréditaires. Celles-ci sont caractérisées par le fait que le sujet mutant ne peut plus croître sur un milieu dit « minimal », comme le fait l’organisme sauvage, mais qu’il a besoin pour vivre d’un acide aminé particulier qu’il n’est pas capable de synthétiser à partir du milieu minimal. Tatum et Beadle démontrèrent que ces défauts de synthèse sont dus à la perte du pouvoir de fabriquer une enzyme particulière. Étant donné que ces défauts sont héréditaires, les gènes sont donc responsables de la synthèse des enzymes qui règlent les réactions biochimiques de l’organisme.

L’œuvre de Tatum et de Beadle est considérable. Elle a été faite en grande partie en collaboration avec le biologiste français Boris Éphrussi. Les travaux de ces biologistes ont ouvert les voies nouvelles et fructueuses de la génétique biologique et, plus tard, de la génétique moléculaire.


Francis Harry Compton Crick.

V. biochimie.


François Jacob.

V bactéries.


Jérôme Lejeune,

médecin et généticien français (Montrouge 1926). La faculté de médecine de Paris crée pour lui en 1964 la chaire de génétique fondamentale, dont il devient le premier professeur titulaire. Lejeune acquiert une renommée internationale grâce à ses travaux sur l’action génétique des rayonnements ionisants chez l’Homme. Surtout, il découvre en 1959 la première maladie humaine par aberration chromosomique, à savoir la trisomie 21 (v. chromosome). Il ouvre ainsi la voie à un chapitre nouveau de la pathologie humaine : la cytogénétique. Cette science lui doit encore la découverte de la maladie du cri du chat, la notion de type et contretype en pathologie chromosomique, la découverte de la première translocation chez l’Homme, l’aneusomie de recombinaison. Enfin, Lejeune est l’un des premiers à établir une théorie chromosomique du cancer.

Il est, par la suite, conduit à s’intéresser à la question douloureuse de la débilité mentale. Il propose un modèle permettant d’expliquer la transmission de l’influx nerveux ainsi que certaines causes de la débilité mentale et d’induire les thérapeutiques qui conviendront à chaque type de débilité mentale.


Gregor Mendel,

religieux et botaniste autrichien (Heinzendorf, Autriche, 1822 - Brünn, auj. Brno, 1884). Il est le créateur de la génétique. Il fait ses classes à l’école du village et continue ses études aux lycées de Troppau (auj. Opava) et d’Olmütz (auj. Olomouc). Il entre dans l’ordre des Augustiniens en 1843 et est ordonné prêtre en 1847. En 1851, il s’inscrit à l’université de Vienne, où il poursuit des études d’histoire, de botanique, de chimie, de mathématiques, de physique. Son professeur de physique est Christian Doppler, à qui on doit l’effet Doppler (v. acoustique). Mendel revient à Brünn en 1853, où il enseigne au lycée l’histoire naturelle et la physique pendant quatorze ans. En 1868, il est élu père supérieur du monastère de Brünn ainsi que de tout l’ordre en Autriche. Il est alors de plus en plus pris par les devoirs de sa charge ainsi que par de vains combats avec le gouvernement impérial, qui, en 1872, impose une lourde taxe sur toutes les maisons religieuses du pays. En outre, il doit faire face à une controverse raciale entre les Moraves et les Autrichiens. Il avait coutume de dire : « Mon temps viendra sûrement... », et il vint. Son œuvre fut reconnue en 1900, et un monument fut érigé à Brünn en son honneur en 1910.

Mendel s’était passionné pour tous les aspects de la science. Il avait fait des observations sur le temps à Brünn et en Moravie, et il avait ainsi décrit une tornade remarquable qui s’était produite en Moravie en 1870. Il avait également étudié l’hérédité chez les Abeilles et avait collectionné des reines de toutes races et de nombreuses origines en vue de les croiser. Ses notes sur ce sujet ont malheureusement disparu.

Ses expériences sur l’hybridation des plantes débutèrent en 1857 et se poursuivirent jusqu’en 1864, lorsqu’il commença à préparer sa fameuse leçon sur la régularité mathématique du phénomène fondamental de l’hérédité. Il lut son texte en deux parties, lors de la deuxième et de la troisième réunion de la Société d’histoire naturelle de Brünn, qui eurent lieu le 8 février et le 8 mars 1865. La Société avait des réunions mensuelles et des sessions annuelles supplémentaires : elle réunissait plus de 200 membres, dont des physiciens de Brünn et des villes avoisinantes. Parmi les membres de la Société, on peut citer les noms de R. Bunsen (Heidelberg), du professeur Gröppert (Breslau), de J. Purkyně (Prague), de K. Rokitanski (Vienne), de R. Virchow (Berlin). Aucun de ces hommes de science ne reconnut la signification de la communication de Mendel qui fut publiée en 1866.

C’est seulement en 1900, seize ans après la mort de Mendel, que trois botanistes travaillant indépendamment redécouvrirent les lois de l’hérédité et reconnurent l’importance de l’œuvre de leur précurseur : Hugo De Vries (1848-1935) aux Pays-Bas, Carl Erich Correns (1864-1933) en Allemagne et Erich Tschermak-Sesseneg (1871-1962) en Autriche.

William Bateson (1861-1926), qui était lui-même un spécialiste de l’hybridation des plantes, traduisit l’article de Mendel en anglais et, en 1906, découvrit le rôle du linkage.


Jacques Monod.

V. bactéries.


Thomas Hunt Morgan,