Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Garonne (Haute-). 31 (suite)

Au pied des Pyrénées, la partie méridionale du Comminges s’ordonne autour de Saint-Gaudens (12 600 hab.) et de Montréjeau. L’élevage des bovins est une ressource traditionnelle de la « Rivière », c’est-à-dire de la section ouest-est de la vallée de la Garonne, au pied des Pyrénées. On a construit plusieurs centrales sur le fleuve (dont celle de Palaminy), dont la pente est ici encore sensible. Au nord du fleuve, dans la partie occidentale des Prépyrénées, le gaz naturel est extrait depuis 1939 autour de Saint-Marcet, mais le gisement s’épuise.

Dans le reste du département, des collines aux formes douces couvertes de sols argileux, les terreforts, encadrent de larges avenues parcourues par la Garonne, l’Ariège et l’Hers-Mort. La dispersion de l’habitat est presque totale dans ces pays fréquemment réchauffés par l’haleine de l’autan et écrasés sous le soleil ardent de l’été. Les vieilles métairies et les opulentes fermes, dont un grand nombre appartiennent aujourd’hui à des rapatriés d’Afrique du Nord, se dressent dans des régions déboisées, où des opérations de remembrement ont découpé de vastes parcelles. Le Toulousain est producteur de froment depuis de longs siècles, et la culture du blé est en plein renouveau depuis une décennie. Le blé est associé au maïs hybride et aux plantes industrielles (colza). Il n’y a guère de villes, mais simplement des bourgs et des villages-centres dans chacun des petits pays gravitant autour de Toulouse : Lomagne et Comminges à l’ouest de la Garonne, Volvestre entre Garonne et Ariège, Lauragais entre Ariège et Montagne Noire, Terrefort de Montastruc entre Toulouse et la basse vallée du Tarn. Seul Revel (7 000 hab.), au pied de la Montagne Noire, fait figure de ville.

L’Ariège et la Garonne coulent au milieu de larges plaines alluviales. En aval de Saint-Martory, où la Garonne s’échappe des Prépyrénées, la vallée s’évase au point de devenir une véritable plaine de plus de 25 km de largeur sur la rive gauche, au droit de Toulouse. Si la haute terrasse est restée longtemps peu mise en valeur et couverte de médiocres boisements (ainsi la forêt de Bouconne à l’ouest de Toulouse), la moyenne et la basse terrasse montrent au contraire un paysage rural achevé : dès 1867, les hommes s’étaient efforcés de corriger les conséquences de la sécheresse estivale par la construction du canal de Saint-Martory. La plaine au sud de Toulouse est le domaine de l’élevage des vaches laitières et de veaux sur les prairies naturelles proches des cours d’eau, de la culture du maïs et du blé sur les terres les plus sèches. De gros bourgs s’échelonnent sur la rive gauche de la Garonne, à distance du fleuve toujours menaçant ; à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, Muret (13 600 hab.) appartient déjà à la grande banlieue de la capitale du Languedoc historique. Au nord de Toulouse, les terrasses de la région de Fronton sont couvertes de vignes donnant un vin de qualité moyenne et d’arbres fruitiers.

S. L.

➙ Midi-Pyrénées / Pyrénées / Toulouse.

Gascogne

Région du sud-ouest de la France. S’étendant entre les Pyrénées et la Garonne, l’ancienne Vasconia, conquise par Crassus le jeune en 56 av. J.-C., forme au iiie s. apr. J.-C. la Novempopulanie romaine, qui est incorporée au ive s. dans la province ecclésiastique d’Eauze, puis, au milieu du ixe s., dans celle d’Auch.


Ibères non latinisés et non christianisés, les Vascons donnent à cette région son unité ethnique. Soumis tour à tour aux Wisigoths par Euric vers 480 et aux Francs d’abord par Clovis* Ier après 507, puis par Dagobert* au début du viie s., ils pillent la région, à laquelle ils donnent leur nom depuis leur repaire pyrénéen. Après les invasions normandes, ils sont regroupés vers 852 en un duché de Gascogne par Sanche Mittarra, qui établit sa capitale à Bordeaux. Après la mort de son fils García Sánchez le Courbé (v. 885-926), son domaine est morcelé entre ses petits-enfants : Sanche Garcés (926-961), Guillaume Garcés et Arnaud Garcés, qui héritent respectivement de la Gascogne littorale (avec le titre ducal), du comté de Fezensac et du comté d’Astarac. Du xe au xie s., le morcellement se poursuit aux dépens de la Gascogne littorale, qui se subdivise entre les vicomtés de Lomagne, de Tartas, de Gabardan, de Tursan et de Marsan, la première s’agglomérant au xive s. aux domaines de la maison d’Armagnac, les autres à ceux de la maison d’Albret, qui, du xiiie au xve s., englobe progressivement une partie du Bazadais et du Condomois, les vicomtés de Dax et de Tartas, enfin le comté de Gaure en 1425.

En fait, depuis la mort sans postérité du duc Sanche Guillaume (1009-1032), la Gascogne n’a plus pour histoire que celle des comtés et vicomtés qui se sont constitués sur ses ruines et dont les seigneurs tentent de rejeter la suzeraineté des ducs poitevins d’Aquitaine, suzeraineté à laquelle ces derniers prétendent depuis le mariage de Guillaume V avec Brisce, sœur de Sanche Guillaume. Incorporée au domaine royal en 1137 lors du mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur Louis VII*, puis unie au domaine angevin (1152) et anglais (1154-1259) des Plantagenêts* après le remariage d’Aliénor avec Henri II, la Gascogne est bientôt placée sous l’autorité d’un lieutenant du roi d’Angleterre, assisté d’un sénéchal de Gascogne aux attributions judiciaires et financières. La Gascogne subit dans sa partie orientale le contrecoup de la guerre des albigeois. Pénétrée en effet par l’albigéisme, soutenant les comtes de Toulouse Raimond VI et Raimond VII, à deux exceptions près : celle de l’Astarac, puis celle de l’Armagnac, la Gascogne se soumet lors de la signature du traité de Meaux en avril 1229. Subdivisée en 64 baillies et 24 prévôtés, contrôlée par les garnisons anglaises des châteaux de Mauvezin et de Lourdes, parsemée de nombreuses bastides, elle est reconnue, au traité de Paris de 1259, possession des Plantagenêts, qui la tiennent désormais en tant que fief du roi de France. Elle est divisée entre partisans du roi d’Angleterre (seigneurs landais) et partisans du roi de France (Armagnac), et elle subit pendant la première partie de la guerre de Cent Ans* les chevauchées d’Henri de Lancastre avant 1350 et du Prince Noir en 1355 ; les Gascons de Jean de Grailly, captal de Buch, jouent d’ailleurs un rôle déterminant dans la victoire anglaise de Poitiers (1356) et contribuent donc à l’incorporation aux domaines des Plantagenêts de la Bigorre, du comté de Gaure ainsi qu’à la reconnaissance de la suzeraineté de ces derniers par les comtes de L’Isle-Jourdain, d’Albret et d’Armagnac. Victime de la poursuite de la guerre de Cent Ans et plus encore des querelles entre les maisons d’Armagnac et de Foix-Béarn, notamment au temps de Gaston III Phébus, comte de Foix de 1343 à 1391, la Gascogne est libérée de la présence anglaise une première fois vers 1378-1380, une seconde fois entre 1442 (occupation de Tartas et de Saint-Sever) et 1453 (victoire de Charles VII* à Castillon). L’insubordination de la maison d’Armagnac, l’endettement de la maison d’Albret après la mort d’Alain le Grand (1440-1522), dont le successeur Henri II (1503-1555) unit pourtant ses biens à ceux de la précédente, l’accès de la maison de Béarn à la couronne de Navarre (1481), enfin l’union en 1548 de cette dernière à la maison d’Albret par le mariage de Jeanne III d’Albret avec Antoine de Bourbon, tous ces faits contribuent à réunir en une seule principauté les biens des trois maisons qui dominent la Gascogne depuis la fin de la guerre de Cent Ans. Mais ils facilitent également leur incorporation au domaine royal, qui sera réalisée quelque cinquante ans plus tard, en 1607, par leur dernier héritier, Henri IV*, roi de France et de Navarre.

P. T.

• Pour les beaux-arts, voir l’article Guyenne, l’art en Guyenne et Gascogne.