Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Garonne (la) (suite)

De Toulouse à Ambès, la Garonne a une pente beaucoup moins forte que dans sa section amont (jusqu’à la construction du canal latéral, entre Toulouse et Castets-en-Dorthe, au milieu du xixe s., des bateaux y circulèrent), mais les caractères pyrénéens ne s’atténuent que progressivement. Vers la moyenne Garonne convergent toute une série d’affluents. À gauche arrivent les rivières gersoises (la Save, le Gers et la Baïse notamment, toutes trois venues du plateau de Lannemezan), à faible débit moyen mais sujettes à des crues brutales s’écoulant rapidement, car leur pente est forte. À droite, la Garonne reçoit le Tarn et le Lot, nés le premier sur le versant sud du mont Lozère, le second sur le versant nord. Le Tarn est grossi de l’Aveyron et de l’Agout ; le Lot, de la Truyère, descendue de la Margeride et sur le cours de laquelle ont été aménagées de puissantes hydrocentrales (Grandval, Sarrans, Brommat, Couesque). Le Tarn et le Lot sont essentiellement des rivières océaniques à régime pluvio-nival, drainant chacune de vastes bassins-versants ; aussi sont-ils presque aussi puissants que la Garonne : au confluent, le Tarn roule 250 m3/s, et le Lot 180. Mais les sections amont de ces bassins reçoivent parfois au printemps et en automne de brutales averses méditerranéennes : le Tarn peut alors évacuer 8 200 m3/s, et le Lot 4 000. Ce flot, qui s’écoule très rapidement dans les gorges des Ségalas et des Causses, s’étale amplement dans les larges vallées alluviales aquitaines, dont celles de la Garonne jusqu’aux portes de Bordeaux (ainsi en mars 1930). Autrefois, une active navigation avait suscité le développement de nombreuses communautés de mariniers le long de la Garonne moyenne. Aujourd’hui, le fleuve et ses affluents traversent en étrangers le bas Quercy, l’Agenais et le Marmandais. Ils ne seraient d’aucune utilité s’ils ne fournissaient de l’eau pour l’irrigation des vergers et des cultures légumières. De petites hydrocentrales ont été aménagées sur le Tarn, en aval d’Albi, et sur le Lot, en aval de Cahors ; une plus grosse usine est construite sur la Garonne, en aval du confluent du Tarn, à Golfech.

En Bordelais, la Garonne reçoit des affluents très courts, tels le Dropt à droite et le Ciron à gauche. Si l’écoulement des eaux reflète largement les influences d’amont, il est aussi rythmé par la marée, dont l’influence se fait sentir jusqu’à Castets-en-Dorthes, à l’entrée du canal latéral. Il reste qu’à Bordeaux la Garonne est un ample fleuve de plus de 500 m de largeur, transportant en moyenne 690 m3/s. Le ralentissement de l’écoulement est à l’origine de fortes accumulations de sables et de graviers dans le lit du fleuve, entre Langon et Bordeaux : ils sont activement exploités aujourd’hui, et leur évacuation représente la très grosse majorité d’un trafic fluvial au total fort modeste (2 Mt).

À Ambès, la Garonne joint ses eaux à celles de la Dordogne, qui draine avec ses affluents une bonne partie de l’ouest du Massif central. La Dordogne supérieure ainsi que son affluent de gauche, la Cère, née dans le massif du Cantal, coulent au fond de gorges profondes. Aussi, après construction de puissants barrages destinés à régulariser les apports saisonniers, produit-on plus de 3 TWh par an (Bort-les-Orgues, Marèges, L’Aigle et Chastang sur la Dordogne ; Saint-Étienne-Cantalès sur la Cère). Dans la partie aquitaine de son cours, la Dordogne reçoit des affluents à alimentation pluviale, mais parfois sujets à de fortes crues liées à d’abondantes précipitations sur les terrains imperméables du Limousin : la Vézère, grossie de la Corrèze, et l’Isle, qui reçoit la Dronne. Toute navigation a cessé sur ces rivières.

La Gironde est le plus vaste estuaire français. Allongé selon une direction méridienne en amont de Pauillac et sensiblement S.-E. - N.-O. en aval, cet estuaire est logé dans des synclinaux faillés et dissymétriques qui affectent les formations calcaires charentaises ; le colmatage postflandrien est à l’origine des marais qui ourlent les rives médocaine et saintongeaise. Les îles sont dans la partie méridionale, mais partout la présence de bancs de sable et de hauts-fonds incite les navigateurs à de grandes précautions. Resserré à 5 km à sa sortie, l’estuaire est comme fermé par un ample plateau sous-marin, disposé en arc de cercle de Soulac-sur-Mer à la forêt de la Coubre et dont l’existence est signalée par le phare de Cordouan.

S. L.

Garonne (Haute-). 31

Départ. de la Région Midi-Pyrénées ; 6 301 km2 ; 690 712 hab. Ch.-l. Toulouse. S.-préf. Muret et Saint-Gaudens.


Le département est traversé du sud au nord par la Garonne et s’étend sur la partie centrale des Pyrénées françaises et sur l’est du bassin d’Aquitaine.

La croissance de l’agglomération toulousaine, le développement de petites villes et l’exode rural continu depuis de longues décennies expliquent qu’aujourd’hui les trois quarts des habitants soient des citadins ; 36 p. 100 des travailleurs sont employés dans l’industrie, 33 p. 100 dans le secteur tertiaire et 30 p. 100 dans l’agriculture. Le nombre des métayers a beaucoup diminué dans ce département, où il y a 24 000 exploitants. Les 95 000 ha de bois sont surtout dans la partie montagneuse. La plaine est intensément cultivée : 345 000 ha de labours (dont 200 000 de céréales), 115 000 de prairies naturelles et 24 000 de vigne. On compte 211 000 moutons et 73 000 bovins.

Au sud, les Pyrénées garonnaises sont des moyennes montagnes de 1 500 à 2 000 m d’altitude, s’adossant à la chaîne frontière. Couvertes de forêts, elles sont drainées par la Garonne et son affluent la Pique, descendue des montagnes du Luchonnais ; ces rivières coulent dans des vallées modelées par les glaciers du Quaternaire. Autour de petits villages s’étendent de médiocres pâturages. L’extraction du marbre à Saint-Béat et quelques industries (notamment à Marignac) animent la vallée de la Garonne. Depuis un demi-siècle, les réserves d’eau des lacs de la région de Luchon alimentent des hydrocentrales de haute chute. Les témoignages archéologiques (Saint-Bertrand-de-Comminges), le thermalisme à Bagnères-de-Luchon et la pratique des sports d’hiver (région de Luchon) animent une grande partie de l’année ces vallées montagnardes, très fréquentées par les Toulousains et les Parisiens.