Gascogne (suite)
L’Armagnac
Apanage constitué vers 960 en faveur de Bernard le Louche, deuxième fils de Guillaume Garcés, premier comte de Fezensac, le comté d’Armagnac n’est, au xe s., qu’une minuscule principauté. Il incorpore à son profit dans la première moitié du xiie s. la principauté mère de Fezensac à la faveur d’une union matrimoniale et revient en héritage au milieu du xiiie s. à Géraud, vicomte du Fezensaguet, dont la principauté s’intègre finalement à l’ensemble territorial dont l’élément principal est l’Armagnac. Agrandi par héritage ou par achat des seigneuries d’Eauzan (fin du xiiie s.), de Brulhois (1304), de Rivière-Basse (1306), de Lomagne et d’Auvillars (1325), des Quatre-Vallées (1398), de L’Isle-Jourdain et de Gimoës (1421), il devient dès le début du xve s. l’une des principautés les plus puissantes de la Gascogne, en dehors de laquelle il englobe d’importants territoires situés d’une part dans le Rouergue, l’Auvergne et le Gévaudan, d’autre part dans l’Agenais, l’Albigeois et le Quercy. Consolidée par deux unions matrimoniales qui font du comte Bernard VII (1391-1418) le gendre du duc Jean de Berry (dont il épouse en 1395 la fille Bonne) et le beau-père du duc Charles d’Orléans (qui épouse en 1410 sa fille, également prénommée Bonne), la puissance du comté d’Armagnac explique le rôle de premier plan joué par son titulaire dans la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, au cours de laquelle Bernard, nommé connétable de France au lendemain d’Azincourt, en 1415, prend le parti du Dauphin avant d’être assassiné à Paris par les Bourguignons, le 12 juin 1418. Ses fils et petit-fils Jean IV (1418-1450) et Jean V (1450-1473) ayant usurpé les prérogatives royales et même combattu les Valois, notamment à propos du Comminges, Charles VII, puis Louis XI confisquent à plusieurs reprises leurs biens entre 1444 et 1484. Le 3 avril 1484, la principauté est restituée par Charles VIII à Charles Ier d’Armagnac (1473-1497), frère cadet de Jean V ; elle est réunie à la Couronne par Henri IV, qui descend de Marie d’Armagnac (v. 1425-1473) par Marguerite d’Angoulême († 1549), sœur de François Ier et d’Anne d’Armagnac, par Henri II d’Albret, dont l’union avec Marguerite a entraîné la confusion des droits dès 1527.
P. T.
➙ Aquitaine / Béarn / Foix / Guyenne.
J.-J. Monlezun, Histoire de la Gascogne depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (Dumoulin, 1846-1850 ; 6 vol.). / J. de Jaurgain, la Vasconie (Champion, 1898-1902 ; 2 vol.). / L. Puech, Histoire de Gascogne (Auch, 1914). / C. Dartigue, Histoire de la Gascogne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951). / C. Samaran, « les Institutions féodales en Gascogne au Moyen Âge », dans Histoire des institutions françaises du Moyen Âge, sous la dir. de F. Lot et R. Fawtier, t. I (P. U. F., 1957). / C. Samaran et P. Rouleau, la Gascogne dans les registres du trésor des chartes (Bibliothèque nationale, 1966). / Gascogne, Béarn, Comté de Foix (Horizons de France, 1968).