Mathématicien français (Bourg-la-Reine 1811 - Paris 1832).
Deuxième fils d’un maître de pension, Galois entre en 1823 comme boursier au collège royal Louis-le-Grand et y reste pensionnaire jusqu’en 1829. Son goût pour les mathématiques se révèle en 1827. Il lit alors d’un trait la Géométrie d’Adrien Marie Le Gendre (1752-1833) et étudie l’œuvre de Louis de Lagrange*. Cette même année, il obtient au concours général le premier prix de mathématiques et un accessit de grec. Suivant la coutume de l’époque, il fait sa rhétorique en même temps que la deuxième année de mathématiques préparatoires (1827-28) et se présente à l’École polytechnique, où il échoue.
À la fin de 1829, il présente à l’Académie des sciences, par l’intermédiaire d’Augustin Cauchy*, ses premières études sur les équations algébriques de degré premier. Mais, le 2 juillet, son père se suicide, et, quelques jours après, Galois subit son deuxième échec au concours d’entrée à l’École polytechnique. En octobre, il entre à l’École préparatoire, nom de l’École normale supérieure sous Charles X. Bachelier ès lettres et ès sciences en décembre, il présente en février 1830, à l’Académie des sciences, un important mémoire sur les conditions pour qu’une équation soit résoluble par radicaux. Il postule par ce mémoire au grand prix de mathématiques. Soumis au jugement de Joseph Fourier (1768-1830), ce travail est égaré à la mort du rapporteur ; le grand prix est décerné à Carl Jacobi* et, à titre posthume, à Niels Abel*. Lorsque éclate la révolution, en juillet, Cauchy, un des rares membres de l’Académie aptes à comprendre Galois, quitte la France. Quant à celui-ci, il se lie à des étudiants républicains et entre dans l’artillerie de la garde nationale. En opposition politique avec le directeur de l’École normale, il est exclu de cette école le 4 janvier 1831. Il ouvre un cours de mathématiques à la librairie Caillot, rue de la Sorbonne, et remet le 17 à l’Institut un mémoire Sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux. Le 4 juillet, sur le rapport de Denis Poisson*, le mémoire n’est pas approuvé par l’Académie. Entre-temps, ayant dans un banquet porté avec un poignard un toast à Louis-Philippe, il est arrêté le 10 mai, mais acquitté le 15 juin. Le 14 juillet, il est de nouveau arrêté à la tête d’un petit groupe d’étudiants républicains. Détenu à Sainte-Pélagie, il est condamné le 23 octobre à six mois de prison, puis transféré à la Force, par mesure disciplinaire, fin janvier 1832. Le choléra menace alors Paris, et il est gardé à vue dans une maison de santé où il reprend ses travaux.
Le 14 mai voit la fin de son amour malheureux avec une demoiselle Stéphanie. Il va être libéré, mais il est provoqué en duel. Le 23, il rédige son testament mathématique, la Lettre à Auguste Chevalier. Le 30, au matin, il se rend près de l’étang de la Glacière, où on le retrouve vers 6 heures du soir, abandonné par ses témoins, mortellement atteint. Le 31 mai 1832, à dix heures du matin, il meurt à l’hôpital Cochin.
En septembre, la Lettre à Auguste Chevalier est publiée dans la Revue encyclopédique. À la séance du 4 juillet 1843, Joseph Liouville (1809-1882) annonce à l’Académie : « J’ai trouvé dans les papiers d’Évariste Galois une solution aussi exacte que profonde de ce beau problème : étant donné une équation irréductible de degré premier, décider si elle est ou non soluble par radicaux. »
J. I.
A. Dalmas, Évariste Galois, révolutionnaire et géomètre (Fasquelle, 1956). / E. Bourgne et J.-P. Azra, Écrits et mémoires mathématiques d’Évariste Galois (Gauthier-Villars, 1963).