Gallieni (Joseph) (suite)
Gallieni ne devait jouir que quatre mois de sa retraite. Dès le 26 août, devant la gravité de l’avance allemande, il est rappelé par le ministre A. Messimy, qui le nomme gouverneur militaire de Paris ; peut-être tient-il aussi à l’avoir sous la main au cas où se poserait le problème du remplacement de Joffre. Le même jour, ce dernier a constitué autour d’Amiens une VIe armée aux ordres de Maunoury pour couvrir la capitale. Le 2 septembre, le gouvernement part pour Bordeaux et confie Paris à Gallieni, qui signe le lendemain son fameux ordre du jour : « J’ai reçu mandat de défendre Paris contre l’envahisseur, ce mandat je le remplirai jusqu’au bout. » Le 4, discernant le changement de direction de l’armée Kluck, qui, cessant de marcher sur Paris, défile au nord-est de la capitale, Gallieni en informe Joffre et, saisissant aussitôt l’occasion, lance Maunoury à l’attaque dans le flanc de Kluck. Dans la soirée, il a une longue et pressante conversation au téléphone avec Joffre, dont l’état-major est en train de rédiger l’ordre no 6 déclenchant l’offensive de toutes les armées françaises de l’aile gauche, d’où sortira la manœuvre d’ensemble et la victoire de la Marne. Agissant sur deux plans différents, les tempéraments assez opposés des deux chefs s’étaient très heureusement complétés pour le plus grand bien de la France. Ministre de la Guerre dans le cabinet Briand d’octobre 1915 au 16 mars 1916, Gallieni dépensera ce qui lui reste de forces pour donner à Joffre les moyens de poursuivre la guerre. La maladie seule pouvait triompher de l’extraordinaire énergie de cet homme. Il succombera dans les deux mois qui suivirent sa démission et ne sera élevé au maréchalat qu’à titre posthume en 1921.
Dans ses ouvrages, Mission d’exploration du Haut-Niger (1885), Deux Campagnes au Soudan français (1886-1888) [1890], Trois Colonnes au Tonkin (1894-1895) [1899], la Pacification de Madagascar (1900), Madagascar de 1896 à 1905 (1905), Gallieni a exposé les principes qui, en des territoires si différents, ont assuré le succès de son action outre-mer. Il résulta autant de ses qualités de commandement que de sa méthode dite « de la tache d’huile », qui voulut associer étroitement l’action humaine et politique à l’action militaire et obtenir l’adhésion des peuples colonisés. Après sa mort furent publiés Mémoires. Défense de Paris (1926), Lettres de Madagascar (1896-1905) [1928].
P. R.
➙ Madagascar / Marne (bataille de la).
P. Lyet, Joffre et Gallieni à la Marne (Berger-Levrault, 1938). / R.-F. Didelot, Gallieni, soldat de France (P. Dupont, 1947). / J. Charbonneau, Gallieni à Madagascar (Ministère de la France d’outre-mer, 1951). / P. Lyautey, Gallieni (Gallimard, 1959). / H. Charbonel, De Madagascar à Verdun (Karolus, 1962). / J. d’Esme, Gallieni, destin hors série (Plon, 1965).