Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Galles (pays de) (suite)

La conquête édouardienne

C’est pourtant cette continuelle ingérence dans les affaires d’Angleterre qui va provoquer la fin de l’indépendance galloise, car Édouard Ier est un homme d’une autre trempe que son père.

Llewelyn essaie bien de susciter une nouvelle « guerre des Barons » ; il y perd sa suprématie sur les autres princes gallois (1277). Lorsque le frère de Llewelyn, David, se révolte, Édouard concentre toutes ses forces contre le pays de Galles : David et Llewelyn sont tués, et tout le pays conquis sans difficultés (1282-83). Si les princes du Powys et des Galles du Sud gardent leurs terres, Édouard Ier s’approprie le Gwynedd, et les seigneurs des Marches se taillent de vastes domaines le long de la frontière (Grey, Mortimer, Clare, etc.).

Cependant, la conquête ne provoque ni changements sociaux ni changements culturels, sauf peut-être dans le Gwynedd, où Édouard fait construire de puissants châteaux (Caernarvon, Harlech, Criccieth, Conway, Beaumaris) et installe quelques colons anglais.

Le pays de Galles n’intéresse d’ailleurs les Anglais que comme réservoir d’argent et de soldats. Ils répriment aisément les révoltes de 1287 et de 1294. Mais un nouveau danger menace : c’est en s’appuyant sur leurs immenses domaines que deux des seigneurs des Marches, Hugh Despenser (l’héritier des domaines Clare) de 1317 à 1326, puis Roger Mortimer, de 1328 à 1330, vont essayer de gouverner l’Angleterre. Tous deux échouent : mais Édouard III ressuscite le titre de prince de Galles (un moment porté par Édouard II avant son accession au trône) pour son fils, Édouard, le Prince Noir, qui met en place une remarquable administration.

Dès lors, un changement, certes lent et graduel, mais inéluctable, se produit. La révolte d’Owen Glendower (Owain Glyn Dŵr) est le dernier soubresaut de l’indépendance galloise : provoquée par une simple querelle avec Reginald Grey, elle devient une véritable lutte nationale (1400-1408), soutenue un moment par le roi de France (1406-1408). Mais, dès 1408, tout espoir est perdu, même si Owen ne meurt qu’en 1416 sans avoir été pris. Le pays a été saccagé, et la haine n’a jamais été aussi forte entre Anglais et Gallois : la guerre des Deux-Roses* offre cependant une revanche inattendue aux Gallois. Owen Tudor a épousé en secret la veuve d’Henri V, Catherine de France : ce prince gallois et ses fils défendront les intérêts lancastriens au pays de Galles. Lorsqu’en 1485 le petit-fils d’Owen († 1461), Henri de Richmond, héritier des prétentions des Lancastres, monte sur le trône d’Angleterre sous le nom d’Henri VII, les Gallois ont pu avoir l’impression de recouvrer leur indépendance : un Gallois règne de nouveau sur eux. Petit à petit, l’autorité monarchique s’étend de la principauté aux Marches. L’incorporation du pays de Galles au royaume d’Angleterre est définitivement consommée par les statuts d’Henri VIII de 1536 et 1542.

J.-P. G.

➙ Angleterre / Celtes / Grande-Bretagne.

 J. E. Iloyd, A History of Wales (Londres, 1912 ; 4e éd., 1948). / H. T. Evans, Wales and the Wars of the Roses (Cambridge, 1915). / M. Salmon, A Sources Book of Welsh History (Londres, 1927). / E. G. Bowen, Wales, a Study in Geography and History (Cardiff, 1941 ; nouv. éd., 1947). / A. H. Williams, An Introduction to the History of Wales (Cardiff, 1941-1948 ; 2 vol.). / K. O. Morgan, Wales in British Politics, 1868-1922 (Cardiff, 1963).

gallicanisme

Ensemble de doctrines qui inspira l’attitude de l’Église de France à l’égard de la papauté du xve au xixe s.



D’Avignon à la pragmatique

Au xive s., la papauté d’Avignon avait réussi à mettre en place un gouvernement de l’Église très centralisé et à l’imposer aux souverains étrangers aussi bien qu’à tout leur clergé.

Le Grand Schisme de 1378 fut l’occasion de résister à cette tendance, et c’est la France qui fut la première à secouer le joug. D’accord avec le clergé, l’université de Paris, sûre de l’appui du pouvoir, organisa la résistance. Lors d’un synode tenu en 1398, elle proclama que la papauté avait aliéné d’anciennes libertés, que le roi seul pouvait lever des impôts sur son clergé, jouir des revenus des évêchés vacants et nommer à tous les bénéfices de l’Église de France.

Au xve s., c’est le concile œcuménique de Constance en 1414, convoqué pour mettre fin au Grand Schisme, qui décida par le décret Sacrosancta que le concile, détenant directement son pouvoir de Dieu, possédait la juridiction universelle en matière de foi et de réforme et sur le pape lui-même. Cette décision, qui établissait la suprématie du concile sur le pape, fut écartée par le nouveau pontife, Martin V, élu en 1417.

Si les décisions du concile national de 1406 eurent peu de portée, en 1438, le clergé de France réuni à Bourges fait sien le décret Sacrosancta, établit que le roi de France ne serait soumis sur le plan politique à aucune autorité supérieure, supprime les impôts pontificaux et limite la procédure d’appel en Cour de Rome. C’est ce qu’on appelle la « pragmatique sanction de Bourges ». Le roi, qui peut nommer à tous les bénéfices, devient pratiquement le maître de l’Église de France.

Mais la pragmatique sanction a été promulguée sans l’avis de la papauté ; aussi François Ier négocie-t-il en 1516 le concordat qui va régir l’Église de France jusqu’à la Révolution. Il entérine l’abandon au roi de la nomination des chefs de l’Église nationale — mesure grosse d’abus —, mais la théorie conciliaire est abandonnée, à la grande satisfaction du pape. Donc, c’est un gallicanisme plus politique que dogmatique qui s’établit en France en ce début du xvie s. Au gallicanisme conciliaire se substitue un gallicanisme royal. C’est au xviie s., sous Louis XIV, qu’on assistera à la conjonction des deux tendances.