alpinisme (suite)
Elles tiennent :
— à l’éloignement. Il faut prévoir un déplacement de plusieurs mois, une marche d’approche de plusieurs semaines dans un terrain inconnu ou mal connu, ainsi que le séjour autour d’un camp de base situé à 3 000, 4 000 ou 5 000 m, qu’on essaie de rendre aussi confortable que possible, mais qui n’est jamais qu’un mauvais campement ;
— à la mise en œuvre d’un matériel et d’un équipement importants, transportés généralement à dos d’homme par une troupe atteignant souvent plusieurs centaines de coolies, avec toutes les conséquences de ravitaillement, d’organisation et de commandement que cela représente ;
— à l’altitude inhabituelle où se déroulent les expéditions. Déjà dans les Alpes, au-dessus de 4 000 m, bien des personnes, voire des alpinistes, ressentent les effets du mal des montagnes. Au-delà, il faut une longue acclimatation : l’organisme doit s’adapter aux exigences de l’altitude. L’altitude de 7 000 m est considérée comme la limite de l’acclimatation, c’est-à-dire qu’au-dessus de cette altitude les facteurs d’agression (particulièrement la raréfaction de l’oxygène) l’emportent sur les processus d’adaptation ; l’organisme va se détériorant, et cela d’autant plus qu’on prolonge le séjour. Ainsi tout effort prolongé reste pénible pour devenir littéralement harassant, même avec l’emploi de l’oxygène, au-dessus de 7 000 m. De plus, la forte altitude confère à la montagne des défenses supplémentaires : froid excessif, neige profonde, violence du vent, tempêtes et tourmentes, sans compter le danger à peu près constant des avalanches pour des neiges qui ne se soudent pas ;
— à l’immensité des versants, qui, pour l’Himālaya, sont à l’échelle 2 ou 3 par rapport aux Alpes, ce qui impose l’échelonnement de camps successifs, les navettes fréquentes pour les transports de vivres et de matériel, et l’obligation de relayer souvent l’équipe de tête.
L’accès aux plus hautes des montagnes ne peut être que le résultat des efforts de toute une équipe. L’esprit de solidarité semble être un des aspects les plus permanents de l’alpinisme, qui, en apparence, met en relief les qualités individuelles.
J. F.
R. L. G. Irving, The Romance of Mountaineering (Londres, 1935 ; trad. fr. la Conquête de la montagne, Payot, 1936). / J. R. Ullman, High Conquest (Londres, 1942 ; trad. fr. la Grande Conquête, Arthaud, 1948). / C. Gos, l’Épopée alpestre. Histoire de la montagne et de l’alpinisme de l’Antiquité à nos jours (Attinger, Neuchâtel, 1946). / C. E. Engel, Histoire de l’alpinisme (éd. Je sers, Neuchâtel, 1951). / M. Herzog (sous la dir. de), la Montagne (Larousse, 1956). / H. de Ségogne et J. Couzy (sous la dir. de), les Alpinistes célèbres (Mazenod, 1956). / E. Shipton, Mountain Conquest (New York, 1966 ; trad. fr. la Conquête des sommets, éd. R. S. T., 1967). / P. Bessière, l’Alpinisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967). / G. Rebuffat, Glace, neige et roc (Hachette, 1970) ; les Horizons gagnés (Denoël, 1975).