Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alpinisme (suite)

Le secours en montagne

Le secours en montagne est né en même temps que l’alpinisme. Les guides, les premiers, l’ont assumé avec autant de courage que de sens du devoir. Avec le développement de l’alpinisme, il est devenu une organisation complexe, fruit de la coopération des pouvoirs publics, de la Fédération française de la montagne et de ses sociétés affiliées. La circulaire ministérielle de 1958, arrêtée par le Service national de la protection civile (ministère de l’Intérieur), fixe la structure de l’ensemble du secours en montagne, en France. Dans chaque département, l’organisation relève du préfet, dans le cadre du plan Orsec, et prévoit la collaboration, tant sur le plan administratif que sur le plan technique, tant en ce qui concerne le personnel que le matériel, du secteur public et du secteur privé.

Les principaux organismes qui participent au secours sont :

• les sociétés de secours, au nombre d’une vingtaine en France, affiliées à la Fédération française de la montagne, et qui ont leurs sièges dans les principales stations d’alpinisme et de tourisme alpin des Alpes et des Pyrénées. Ces sociétés groupent des sauveteurs volontaires, alpinistes amateurs entraînés au sauvetage, et des guides professionnels. Mention spéciale doit être faite de la Société chamoniarde de secours en montagne, qui, en raison des circonstances locales, est composée essentiellement de guides professionnels appartenant à la Compagnie des guides et à quatre organismes d’État : l’École nationale de ski et d’alpinisme, l’École militaire de haute montagne, le Peloton spécialisé de secours en montagne de la gendarmerie nationale et le Groupement spécialisé des C. R. S. ;

• les unités relevant du ministère de l’Intérieur (C. R. S.), organisées en groupements spécialisés et recevant une formation de sauveteurs (le Centre national est implanté à Val-d’Isère et à Grenoble) ;

• les formations de la gendarmerie nationale, relevant du ministère des Armées et organisées en pelotons ou groupements spécialisés de haute montagne (Chamonix, Grenoble, Briançon, Embrun). Ces unités, très entraînées, très expérimentées, sont en grande partie constituées d’éléments ayant obtenu les brevets de guide professionnel ;

• les formations de l’armée de terre, et en particulier l’E. H. M. (École de haute montagne de Chamonix).

Les engins aériens, presque toujours des hélicoptères, peuvent être utilisés dans la recherche, la reconnaissance, le transport de matériel, de vivres, d’équipements, de personnel et comme moyen d’évacuation.

Ces moyens aériens relèvent :

• du ministère de l’Équipement (Secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale, Service des recherches) ;

• des ministères des Forces armées et de l’Intérieur, qui affectent au secours en montagne les hélicoptères de la gendarmerie et de la Protection civile, avec des équipages spécialisés ;

• de l’armée de terre et de l’armée de l’air, en ce qui concerne l’emploi d’appareils en renfort.

La mise en œuvre des caravanes de secours se fait sous l’autorité du préfet, qui coordonne les moyens publics et privés. Le préfet est assisté du directeur départemental de la protection civile et d’un ou plusieurs conseillers techniques, qui sont choisis parmi les techniciens de la montagne et du secours.

La responsabilité et la direction de chaque opération sont confiées à un chef d’opération, qui dispose à la fois des moyens terrestres et aériens en personnel et en matériel.

Une opération de secours nécessite la mise en œuvre d’une ou plusieurs caravanes, dirigées chacune par un chef de caravane et comprenant un nombre variable de sauveteurs. Certaines opérations simples peuvent être menées à bien par une caravane légère de quelques hommes déposés à pied d’œuvre par hélicoptère, lequel assure en même temps le retour dans la vallée des sauveteurs et des accidentés. D’autres opérations peuvent nécessiter une longue recherche par voie de terre ou par air, la mise en route de plusieurs caravanes, des opérations conjuguées air-sol ; elles peuvent ainsi durer plusieurs jours et exiger la mobilisation de plusieurs dizaines de sauveteurs.

Le matériel utilisé par les sauveteurs comprend, d’une part, l’équipement classique de l’alpiniste et, d’autre part, un matériel spécialisé de sauvetage (poulies, brancards légers, cacolets de portage, téléfériques portatifs, treuils de remontée). Les méthodes modernes font largement appel à l’hélicoptère pour les transports et aux postes radio-émetteurs-récepteurs légers pour les liaisons.

Les opérations de secours en montagne présentent pour les sauveteurs un risque important ; une assurance particulière les garantit.

Les frais engagés par les opérations de secours comprennent les frais de matériel, les indemnités aux sauveteurs professionnels et les primes d’assurance. Ils sont tarifés par arrêtés préfectoraux et payés par les victimes ou leurs ayants droit.

À l’heure actuelle, la tendance est à l’augmentation des responsabilités du secteur public en matière de secours en montagne. En effet, devant le nombre croissant d’accidents, qui est dû principalement à une augmentation de la fréquentation des montagnes et surtout à l’augmentation du nombre des alpinistes entreprenant des courses difficiles, les moyens classiques sont insuffisants tant en ce qui concerne le matériel (terrestre et aérien) que le personnel (sauveteurs entraînés et disponibles), avec les conséquences financières que des sociétés privées et faiblement subventionnées ne peuvent supporter.

En conséquence, une nouvelle organisation du secours en montagne est en préparation.


L’alpinisme d’expédition

La technique de l’alpinisme ne varie que fort peu d’un massif à l’autre. En revanche, dans les expéditions lointaines, pour des montagnes plus hautes que les Alpes, moins connues ou plus difficiles encore, les difficultés de tous ordres y sont en général bien plus importantes.