Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Renaissance culturelle, essor économique et puissance monarchique

• Sous François Ier, l’autorité royale s’enracine. Les nobles passent progressivement sous la dépendance royale au sein d’une cour fastueuse, mais nomade (châteaux de la Loire). Soumission du clergé à la domination royale (concordat de Bologne, 1516) ; création des secrétaires d’État (quatre en 1547) ; développement de l’administration provinciale (institution des généralités et création des « commissaires départis » sous Henri II).

• 1539 : ordonnance de Villers-Cotterêts : emploi du français à la place du latin dans les actes officiels. L’ordonnance oblige les curés à tenir régulièrement les registres de catholicité.

• L’afflux de métaux précieux américains suscite un intense mouvement commercial qui enrichit le pays mais fait monter les prix. Aussi réorganise-t-on la perception des finances. En 1523, le Trésor de l’épargne centralise dans la même caisse les revenus du domaine royal et les autres impôts, et, en 1542, on crée seize recettes générales qui simplifient leur perception. Les établissements bancaires se créent (Lyon) ; la technique des affaires s’améliore.

• À l’accélération économique générale sont liés l’intensification du grand commerce maritime (création du Havre) et le développement des industries de luxe, conséquence du développement du crédit public et de la capacité d’épargne.

• Cette prospérité, qui repose sur une démographie en progression, profite surtout à l’« élite », aux « messieurs » riches, qui participent au mouvement de la Renaissance et à l’essor de l’humanisme*.

• Mais les classes inférieures (compagnons de métiers, paysans) souffrent de la hausse des prix, car, aux réductions des tailles consenties par Louis XII, succèdent les mesures qui aggravent le sort des travailleurs. Des émeutes et des grèves éclatent ici ou là (Paris, Lyon).


Les guerres de Religion*

• La France est depuis longtemps travaillée par l’esprit de réforme religieuse, l’évangélisme. Humanistes et réformateurs se rejoignent — avant Luther* — dans une commune volonté de revenir à la Bible. Cependant beaucoup d’humanistes français (Rabelais, Ronsard) s’éloigneront du luthéranisme, qui, selon eux, désespère trop de l’homme pécheur.

• Au début, le pouvoir se montre tolérant, voire bienveillant, envers le mouvement évangélique de Lefèvre d’Etaples et de Guillaume Briçonnet et laisse les doctrines luthériennes pénétrer en France. Après l’affaire des Placards (1534), François Ier sévit, mais la Réforme* va continuer ses progrès, surtout grâce à Calvin*.

• Le mouvement ascendant du protestantisme se poursuivra jusque dans les dernières années du xvie s., où l’on comptera alors un million de religionnaires (274 000 familles). L’Église de France est mal armée devant la Réforme et cependant le pays ne bascule pas dans celle-ci. Parmi les facteurs de cet échec du protestantisme en France, il faut noter : le poids sur l’opinion de l’option catholique de la royauté et de la ville de Paris, la résistance des parlements et surtout le mouvement de réforme catholique amorcé dès le xvie s.

• Sous Henri II, puis sous ses trois fils, François II (1559-1560), Charles* IX (1550-1574) — qui vivent dans l’ombre de la reine mère Catherine* de Médicis —, puis Henri* III (1574-1589), la France est dévastée par les terribles guerres de Religion, qui, à travers des épisodes favorables tantôt à l’un, tantôt à l’autre parti, culminent avec le massacre de la Saint-Barthélemy (1572).

• Le règne du dernier Valois, Henri III, est particulièrement dramatique, car au roi et au protestant Henri de Navarre s’oppose la Ligue catholique, qui fait appel aux Espagnols et se fait l’instrument de l’ambition des Guises. En 1588, Henri de Guise oblige Henri III à s’enfuir de Paris et à se réfugier à Blois, où le roi convoque les états généraux.

• À Blois, Henri III fait exécuter le duc Henri de Guise et son frère Louis, cardinal de Lorraine. Au début de 1589, il s’allie avec Henri de Navarre ; leurs deux armées viennent mettre le siège devant Paris, où Charles, duc de Mayenne, frère de Henri de Guise, et la Ligue ont pris le pouvoir. C’est alors qu’un fanatique, Jacques Clément, assassine Henri III (1589), dont l’héritier est Henri de Navarre (Henri IV).

• Les guerres de Religion ont couvert la France de ruines et multiplié les misères. Elles ont révélé un fait capital : l’inachèvement du royaume, favorable aux ambitions nobiliaires, lesquelles se manifesteront encore jusqu’au milieu du xviie s. Mais, à long terme, c’est la royauté qui tirera bénéfice — dans le sens de l’autorité — d’une période d’anarchie. Quant au catholicisme, il va être, jusqu’en 1789, la seule religion officielle du pays.


D’Henri IV à Mazarin, ou la France baroque (1589-1661)


Henri* IV (1589-1610) s’impose à la France (1589-1594)

• Henri IV remporte les victoires d’Arques (1589) et d’Ivry (1590) sur les ligueurs, qui refusent de le reconnaître, mais il échoue devant Paris. La Ligue et les Espagnols s’allient contre lui : prétentions de la fille de Philippe II, Isabelle, à la couronne de France (états généraux de Paris, 1592) : sursaut national.

• Abjuration d’Henri IV à Saint-Denis (25 juill. 1593) ; sacre à Chartres (févr. 1594).


La pacification et la reconstitution de la France (1594-1610)

• Mai 1598 : traité de Vervins, qui confirme le traité du Cateau-Cambrésis.

• Édit de Nantes (13 avr. 1598) : liberté de culte aux protestants, garantie, notamment, par l’occupation, pendant huit ans, d’une centaine de places de sûreté. Les protestants recouvrent tous leurs droits civiques et conservent leurs synodes provinciaux et nationaux.

• Rétablissement de l’autorité royale : limitation du droit de remontrance des parlements, restriction des pouvoirs des gouverneurs de province, abaissement des Grands (exécution du duc de Biron, 1602).

• Restauration des finances et de l’économie, œuvre de Sully*, surintendant général des Finances en 1598 ; reprise de la colonisation (fondation de Québec, 1608) ; instauration d’un véritable mercantilisme national par Barthélemy de Laffemas.

• 14 mai 1610 : Henri IV est assassiné par Ravaillac.