Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

France (suite)

La deuxième partie de la guerre de Cent Ans (1380-1440)

• Tout est compromis sous le règne de Charles* VI (1380-1422). Les premières années du règne sont agitées par des révoltes populaires consécutives aux misères du temps. La folie du roi, survenue en 1392, livre le royaume à ses oncles avides et incapables, à son frère Louis d’Orléans et à la reine Isabeau de Bavière, une nymphomane. Les intrigues se multiplient, le duc de Bourgogne, Jean* sans Peur, fait assassiner Louis d’Orléans en 1407 : ce meurtre est à l’origine de la guerre des Armagnacs et des Bourguignons qui va dévaster le royaume.

• Les Bourguignons s’allient au roi d’Angleterre Henri V, qui bat à Azincourt les Armagnacs et les troupes royales (1415). Cependant, inquiet des progrès anglais, Jean sans Peur tente de se rapprocher du Dauphin. À l’entrevue du pont de Montereau, il est assassiné dans une rixe avec les gens du Dauphin (1419). Sa mort fait passer son héritier, Philippe le Bon, dans le camp anglais. Au traité de Troyes de 1420, Philippe le Bon, Henri V et Isabeau de Bavière s’entendent pour déposséder le Dauphin de ses droits. Le roi d’Angleterre épouse la fille de Charles VI, Catherine, et devient l’héritier du trône de France. Henri V meurt quelques mois avant Charles VI (1422).

• Le jeune roi de France Charles* VII (1422-1461) ne possède donc à son avènement que quelques terres au sud de la Loire ; le « petit roi » de Bourges semble bien faible en face du jeune Henri VI, dont l’oncle, le duc de Bedford, qui exerce la régence, renforce la puissance en battant les troupes françaises à Verneuil (1424) et en mettant le siège devant Orléans (1428), qui commande l’accès des possessions de Charles VII.

• Jeanne* d’Arc donne confiance à Charles VII et force les Anglais à lever le siège d’Orléans. Elle bat ensuite Talbot à Patay et va à Reims faire sacrer Charles VII (juill. 1429). Ni son échec devant Paris, ni sa captivité, ni son supplice par les Anglais à Rouen (1431) n’arrêtent l’impulsion donnée par elle.

• Charles VII à la paix d’Arras (1435) se réconcilie avec le duc de Bourgogne, puis s’emploie à remettre de l’ordre dans le royaume. En 1438, par la pragmatique sanction de Bourges, il réorganise l’Église de France et affirme son indépendance vis-à-vis du pouvoir pontifical. Il met fin ensuite à une tentative de révolte des derniers grands féodaux, la « Praguerie ».

• Mais la France, ravagée et dépeuplée, est à bout de souffle.


Le redressement français sous Charles vii et Louis xi (1440-1483)

• Bien conseillé par son trésorier Jacques Cœur*, Charles VII reconstitue ses finances et dote le royaume d’une solide armée et d’une excellente artillerie, qui lui permettent de chasser définitivement les Anglais hors de France (1450-1453). Ceux-ci ne possèdent plus en France que Calais.

• Louis* XI (1461-1483) lutte à son tour victorieusement contre les grands seigneurs unis dans la ligue du Bien public (1465) et s’emploie à agrandir le royaume. En 1481, il recueille l’héritage de la maison d’Anjou, c’est-à-dire la Provence, le Maine et l’Anjou. Il a enlevé le Roussillon à l’Aragon.

• Sa tâche la plus lourde consiste à briser la maison de Bourgogne* en la personne de Charles* le Téméraire ; il y parvient partiellement, acquérant la Bourgogne (1482), mais il n’a pu empêcher le mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles, avec Maximilien* de Habsbourg, qui devient notamment maître des Pays-Bas. La lutte contre la formidable puissance des Habsbourg va être désormais le mobile essentiel de la politique française.

• Sous ces deux rois, l’unification et la centralisation du royaume sont fortement reprises, le clergé mis en tutelle. Le renouveau s’applique aussi à la vie économique : réoccupation des campagnes, mercantilisme appliqué à l’industrie sous Louis XI (soieries).

• Les états généraux de 1484 sont véritablement l’expression de l’unité française réalisée autour de la Couronne.


Le temps de la Renaissance* et des discordes religieuses (1483-1589)


L’Italie* et les Habsbourg*.
Les Valois*, l’aventure (1483-1559)

• À Louis XI succède son fils Charles* VIII (1483-1498), qui, en épousant (1491) l’héritière de Bretagne*, Anne, prépare l’annexion de la Bretagne à la France. Héritier de la maison d’Anjou à Naples, le roi mène une expédition aventureuse en Italie (1494-1497) ; il doit céder devant la coalition du pape, de Venise, de Ferdinand d’Aragon et de l’empereur Maximilien.

• Continuation de cette politique sous Louis* XII (1498-1515), qui y ajoute les prétentions de la maison d’Orléans sur le Milanais. Après quelques succès à Agnadel (1509) et surtout à Ravenne (1512), Louis XII perd l’Italie.

• Louis XII ne laissant que des filles, c’est un Valois de la branche d’Angoulême, François* Ier (1515-1547), qui, à sa mort, devient roi ; il a épousé en 1514 Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne ; ainsi, le duché de Bretagne restera définitivement à la France (1532).

• Reconquête du Milanais par François Ier (1515-1548) après la victoire de Marignan (1515). La paix perpétuelle est signée avec les cantons suisses (1516) : elle donne au roi de France le droit de lever régulièrement des mercenaires suisses. Mais la menace vient désormais de la maison d’Autriche : Charles de Habsbourg, héritier des possessions bourguignonnes (Pays-Bas, Franche-Comté), roi d’Espagne, est élu empereur du Saint Empire, en 1519, sous le nom de Charles Quint*.

• Enserré de toutes parts par les possessions du Habsbourg qui désire de plus conserver la Bourgogne du Téméraire, François Ier entame une lutte de longue haleine. Si le roi de France est battu et fait prisonnier à Pavie en 1525, il peut, à la « paix des Dames » en 1529, conserver la Bourgogne. Allié des Ottomans (capitulations), François Ier fait triompher une politique d’équilibre, mais il a échoué dans sa tentative d’alliance avec les Anglais (1520), qu’il aura aussi à combattre.

• La lutte, marquée par une alternance de revers et de succès, se poursuit sous Henri* II (1547-1559), fils et successeur de François Ier. Finalement, au traité du Cateau-Cambrésis (1559), la France perd ses conquêtes en Italie, mais garde Calais et les Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun).