Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

France (suite)

Le bilan

Aussi la faiblesse générale des revenus agricoles (d’ailleurs biaisée par la médiocrité des données et des avantages fiscaux traditionnellement accordés à l’agriculture) et surtout celle des indices de confort et d’équipement doivent-elles être fortement nuancées : dans l’ensemble, on retrouve la coupure de la France en une moitié, orientale, à l’est d’une ligne joignant Le Havre à Perpignan, active et bien équipée, et une moitié occidentale, plus démunie malgré les efforts locaux.

L’évolution n’est certes pas terminée. On compte environ 150 000 départs de ruraux par an et 50 000 fermetures d’exploitations. Mais si, naguère, les moins doués surtout restaient à la terre, la complexité du métier et l’amélioration des revenus font que l’émigration a changé de nature, et que la qualité des agriculteurs s’améliore sans cesse. Toutefois, le morcellement est encore trop fort : la moitié des exploitations n’ont pas 11 ha ; il est vrai que beaucoup sont des exploitations de retraite, ou à temps partiel, sans parler des vignes de cru ou des maraîchers.

Quelques carences sont constatées en matière d’industries agricoles et alimentaires : la France ne transforme pas assez ses productions. Ces industries assument cependant 6,2 p. 100 du produit national, qui s’ajoutent aux 8,4 p. 100 de l’agriculture elle-même, et bénéficient d’une vague de regroupements et de la pénétration de capitaux étrangers à l’agriculture (B. S. N. par exemple) ou même à la France. C’est encore assez loin des pays industriels voisins, et la France exporte trop de produits bruts.

C’est tout récemment que le commerce extérieur des produits agricoles et alimentaires est devenu bénéficiaire : 15 milliards de francs aux exportations (à peu près constamment le sixième des exportations totales), dont 32 p. 100 viennent des céréales (plus de 10 Mt, la moitié de la collecte) et 17 p. 100 des vins et spiritueux ; 13,6 milliards d’importations (soit 15 p. 100 des importations totales, contre 25 p. 100 en 1958), mais dont le septième seulement consiste en produits tropicaux, tout le reste étant donc des denrées que la France peut, en fait, produire.

Le budget d’État consacré à l’agriculture est assez lourd : environ 17,5 milliards de francs, soit une somme égale à la moitié du revenu brut d’exploitation... On en compte 5 milliards au titre de l’intervention sur les prix, 7 pour la protection sociale, 3 pour l’aménagement direct des structures.

Les perspectives du VIe Plan prévoient des augmentations substantielles de la consommation des fruits, légumes, laitages et viandes, et de l’alimentation du bétail (qui absorbe déjà les trois quarts des céréales produites). Or, c’est incontestablement dans ces domaines surtout que de gros efforts d’organisation restent à faire. Par ailleurs, la législation devrait plus clairement tenir compte de la notion d’unité économique de l’exploitation, alors que, depuis le Code civil, elle se soucie surtout de propriété. Le problème foncier est sans doute l’un des plus délicats, dans une France qui n’a pas vraiment abandonné la mystique ruraliste, en dépit de l’ampleur des changements.

La pêche

Le total des prises (incluant les quantités débarquées par des bâtiments nationaux dans des ports étrangers, mais excluant les quantités débarquées dans des ports nationaux par des bateaux étrangers) demeure pratiquement stable depuis le début des années 1960, s’établissant le plus souvent légèrement en deçà de 800 000 t (775 000 en 1970). Les poissons frais constituent naturellement l’essentiel des prises, débarqués dans un grand nombre de ports dont émerge toujours Boulogne (130 000 t de poisson frais en 1970), loin devant les deux principaux ports de la côte méridionale de la Bretagne que sont Concarneau et Lorient.

Le nombre des bateaux armés dépasse 13 000, mais moins de 600 ont une « capacité » supérieure à 100 tonneaux (parmi lesquels le dixième seulement jauge plus de 500 tonneaux). L’industrialisation de la pêche est encore bien insuffisante. La productivité s’accroît cependant, comme en témoigne la diminution constante du nombre de marins embarqués, tombé au niveau de 35 000 en 1970 (plus de 40 000 encore en 1967)..., mais toujours bien supérieur au nombre des actifs vivant de la transformation de la production (conserverie essentiellement) et d’activités annexes (chantiers de construction), avoisinant 25 000.

R. O.

R. B.


L’industrie

Si la France n’est pas parmi les tout premiers pays industriels (encore que des progrès très sensibles aient été réalisés depuis une dizaine d’années), les activités manufacturières tiennent cependant une place de choix dans l’économie nationale. L’industrie emploie donc près de 8 millions de personnes, les deux cinquièmes des travailleurs. Ces dernières années, la production industrielle (avec la construction) a concouru pour près de 50 p. 100 au produit national brut. Si la France doit acheter à l’étranger des tonnages croissants de matières premières et un grand nombre d’objets manufacturés (au total, en valeur, plus de 70 p. 100 des importations), la vente d’objets manufacturés lui procure à peu près les trois quarts de ses revenus à l’exportation.

Cette industrie est très variée par ses origines, par ses structures, par ses caractères et par son rôle économique. Les industries du bâtiment et des travaux publics d’une part, les industries métallurgiques d’autre part dominent le lot : en valeur de la production globale, comme en fonction des effectifs employés, elles équivalent chacune au quart du potentiel national. Activités énergétiques, chimie et caoutchouc, textiles et confection viennent assez loin derrière, représentant chacune de 9 à 10 p. 100 de la production industrielle.

S. L.


L’énergie

Le fait marquant est l’ampleur et la croissance de l’écart entre production à partir de ressources métropolitaines et consommation nationale. Exprimée en tonnes d’équivalent-charbon (tec), la consommation, inférieure à 100 Mtec jusqu’en 1953, ne dépassait guère encore 120 Mtec en 1960. Elle s’est accrue de plus de 100 Mtec en dix ans, avoisinant 230 Mtec en 1971. Cette dernière année, la production métropolitaine d’énergie primaire était inférieure à 80 Mtec, chiffre à peu près égal à celui de 1960, légèrement inférieur à celui du milieu des années 1960. En d’autres termes, la dépendance énergétique, ancienne, s’est considérablement accrue récemment, le taux de couverture de la consommation, encore supérieur à 60 p. 100 en 1960, est sensiblement inférieur à 40 p. 100 depuis 1970.