Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

foie (suite)

Chirurgie de la cirrhose

Elle est constituée essentiellement par les dérivations veineuses de la veine porte dans la veine cave (anastomose porto-cave), dans le dessein de diminuer l’hypertension portale et d’affaisser les varices œsophagiennes, responsables de l’hémorragie des cirrhotiques (v. porte [veine]).


Chirurgie des traumatismes du foie

Autrefois, domaine réservé de la chirurgie militaire (plaie du foie par balles, par éclats), les traumatismes du foie ont augmenté de fréquence avec les accidents du trafic et concernent surtout des traumatismes fermés du foie droit plus souvent que du foie gauche. Il peut s’agir de lésions linéaires (« fractures du foie »), de lésions étoilées ou d’éclatement du foie : en pratique, plus que l’aspect en surface de la lésion, c’est la profondeur qui en fait la gravité, avec l’atteinte des vaisseaux et des voies biliaires intrahépatiques : devant un traumatisme du foie réalisant une importante hémorragie, le premier souci reste pourtant l’hémostase ; selon les cas, on peut faire la suture d’une plaie superficielle, le méchage et le tamponnement (solution d’attente), l’excision-parage et la suture élective d’une zone dévitalisée, enfin une résection hépatique.


Les greffes de foie

Les problèmes techniques posés par les transplantations hépatiques (homogreffes orthotopiques) sont actuellement résolus, et certains auteurs (Tom Starlz aux États-Unis, Calne en Angleterre) ont des survies appréciables (Starlz : 22 p. 100 de survie à un an [1970] sur 25 cas), mais des progrès en immunologie, dans les techniques de conservation de foie humain et dans le recrutement de donneurs sont indispensables pour progresser.

Les affections susceptibles de bénéficier de la transplantation sont les cancers (des voies biliaires hautes surtout), les cirrhoses, les nécroses par hépatite ou d’origine toxique, l’agénésie des voies biliaires.


Traitement des ictères graves

D’origine virale ou toxique, l’ictère grave (atrophie jaune aiguë du foie) atteint le sujet jeune ; il est toujours mortel : il a donc suscité de nombreuses tentatives thérapeutiques dont les résultats restent décevants. On dispose des corticoïdes, du coenzyme A (A. Tholen), de l’oxygène hyperbare et des méthodes d’épuration : l’exsanguino-transfusion, les circulations croisées avec un sujet isogroupe en état de coma « dépassé » ou la perfusion de foie hétérologue (foie de Porc, de Babouin). Il est actuellement difficile, en raison du petit nombre de cas traités par des méthodes très différentes, de faire un choix.

Ph. de L.

foire

À l’origine, marché annuel ou bisannuel privilégié où se réunissaient des marchands forains venus souvent de très loin et qui se déroulait en général à l’occasion de fêtes religieuses.



Origine des foires

Les plus anciennement mentionnées par les textes datent de l’époque mérovingienne, telle celle de Troyes, qui se spécialise dans le trafic des esclaves dès le ve s., telles celles du pays de Cahors et surtout de Saint-Denis, qui sont fondées au viie s. Nées souvent dans des bourgades sans avenir de Germanie, d’Italie du Nord ou de France en vertu des chartes octroyées par les souverains en vue d’assurer, par la concession du teloneum (perception d’impôt), des revenus réguliers à des évêques ou à des abbés, ces foires permettent aux communautés locales d’échanger les produits de leur agriculture ou de leur artisanat contre ceux que leur apportent des marchands étrangers. Il en est ainsi : de celle de Chappes, localité proche de Bar-sur-Seine, que les Normands de la Seine veulent mettre à sac en 862 ; de celle que Charles le Chauve concède en 875 aux moines de Noirmoutier réfugiés dans l’abbaye de Saint-Valérien-sur-Saône (auj. Saint-Philibert) à Tournus ; de celle que l’empereur Otton Ier crée au xe s. et qui doit se tenir chaque année à la Saint-Sixte au bénéfice de l’église de Bergame, ruinée par les incursions hongroises ; de celles, enfin, qui font au xe s. également la célébrité de Châlons-sur-Marne, de Cambrai, de Cologne et surtout de Pavie.


Premier essor des foires de marchandises : ixe-xie siècle

Parfois, comme le souligne Jean-François Bergier, ces foires des ixe, xe et xie s. sont des faits de création urbaine régis par la coutume orale, confirmée tardivement par l’octroi de privilèges écrits.

N’ayant souvent qu’un rayonnement très limité, elles n’en apparaissent pas moins comme un instrument d’échanges indispensable au développement économique des communautés locales, sauf peut-être en Italie, où la précocité de la renaissance urbaine contribue à scléroser leurs activités dès le xie s. Par contre, elles sont très actives dans le reste de l’Occident (Germanie et France notamment), où leur localisation se trouve « naturellement déterminée par la direction des courants commerciaux » (Henri Pirenne), qui se croisent parfois dans des grandes villes : le prince territorial qui possède le droit exclusif de les fonder a, en effet, la possibilité de les fixer en un point quelconque de leur tracé. C’est ainsi qu’aucune foire n’a jamais été créée au bénéfice de centres économiques de premier ordre, tels Milan, Venise, Saint-Omer et Douai, que celle de Gand n’a pas laissé de trace postérieure à 1199, alors que Bruges, Lille, Ypres et des localités de second ordre, comme Thourout et Messines en Flandre, Bar-sur-Aube et Lagny en Champagne, en ont été pourvus.

En fait, un grand nombre de ces foires sont surtout des foires agricoles. Il en est ainsi à Metz, où le commerce des denrées de luxe a finalement moins d’importance que celui des bestiaux, qui anime quatre foires annuelles dès la fin du xe s., puis six au début du xiie s. Il en est de même en Provence intérieure, où s’implante au xiiie s. un réseau très dense de petites foires saisonnières.

La date de ces foires se trouve généralement déterminée par le calendrier pastoral, celles d’automne permettant la vente des bêtes en surnombre, celles de printemps facilitant l’achat d’animaux jeunes et notamment de bœufs de labour (Étampes, Gaillardon).