Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

Problèmes financiers

Avec 24 milliards de DM, le budget de la Défense représentait 22,5 p. 100 du budget fédéral en 1972 (soit environ 10 p. 100 du budget global). Les restrictions budgétaires ont entraîné des retards dans la réalisation des programmes d’armement. Le gouvernement envisage cependant d’accroître d’ici à 1972 les dépenses du budget de Défense, afin de participer à l’effort de renforcement des défenses de l’O. T. A. N., décidé à la suite de l’intervention soviétique de 1968 en Tchécoslovaquie. Un autre problème est posé par les compensations en devises réclamées par les États-Unis pour le stationnement de leurs forces en Allemagne. Ces compensations se traduisent notamment par des commandes de matériels américains aux dépens de l’industrie allemande.


Problèmes moraux

La renaissance de l’armée allemande a rencontré depuis 1955 une certaine réticence du peuple allemand, encore traumatisé par les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale. Le nombre des objecteurs de conscience (dont le droit est reconnu par la loi) augmente régulièrement (34 000 en 1974). La propagande pacifiste et antimilitariste est menée activement, même à l’intérieur des bâtiments militaires, où des cas d’indiscipline et de sabotage sont signalés. Le recrutement des militaires de carrière est difficile, et le nombre des engagés ne couvre pas les besoins, en particulier en ce qui concerne les sous-officiers, peu attirés par des soldes inférieures aux traitements civils. Le gouvernement allemand est conscient du sérieux de la situation, ainsi qu’en témoignent les livres blancs sur la politique de défense publiés en 1969 et en 1970.

B. de B.

allemande (République démocratique)

En allem. Deutsche demokratische republik, État de l’Europe socialiste ; 108 000 km2 ; 16 951 000 hab. Capit. Berlin-Est.
Lors du partage des deux Allemagnes en 1945, la partie orientale était fort défavorisée. Les combats de 1945 avaient détruit la majeure partie de son potentiel industriel. Près de 3 millions de réfugiés s’y établirent. Le démantèlement des installations industrielles au profit de l’U. R. S. S. avait créé une situation désastreuse. Or, moins d’un quart de siècle après et malgré des faiblesses spectaculaires, la République démocratique allemande (R. D. A.) est devenue la seconde puissance industrielle du bloc socialiste, derrière l’U. R. S. S. et devant la Tchécoslovaquie, la première (avant l’U. R. S. S.) pour le revenu par habitant. Elle est parmi les dix premières puissances mondiales pour la valeur de sa production industrielle. On a pu ainsi évoquer un autre « miracle » allemand, mais, dans l’analyse des facteurs et des résultats de cette expansion rapide, il convient de rester prudent et de la comparer à celle de la République fédérale : au cœur de l’Europe, se pose le problème des conditions de la réunification.


Les régions géographiques

Le territoire de la R. D. A. correspond à de grands ensembles régionaux, que la division administrative de 1945 en cinq Länder avait bien définis et qu’on peut aisément reconstituer en réunissant les districts créés en 1952 : chacun d’eux forme une entité géographico-économique. Mais il faut remarquer que les frontières de l’État ne correspondent à aucune limite naturelle précise : du côté polonais, la frontière Oder-Neisse est presque entièrement marquée par le tracé de ces cours d’eau, mais les grandes zones physico-géographiques (croupes baltiques, vallées primitives, ou Urstromtäler, plaines de lœss) se poursuivent en Pologne. Du côté de l’Allemagne occidentale, les fleuves ou rivières, comme l’Elbe, ne sont suivis que sur une faible partie de leur cours par la frontière, qui grossièrement orientée N.-S., du littoral baltique au Harz, tranche les unités naturelles de la plaine glaciaire, puis coupe les massifs du Harz, du Thüringer Wald et du Rhön.


Le Sud

Les massifs et les bassins hercyniens découpés et drainés par les réseaux des affluents de l’Elbe forment les régions méridionales de la R. D. A. et composent les paysages typiques de la Thuringe et de la Saxe. L’ancien Land de Thuringe se divise en trois districts : Erfurt, Suhl et Gera. Au sud, la forêt de Thuringe, prolongée en direction de la Bohême par le Frankenwald, dont une très faible partie s’étend en R. D. A., présente les aspects caractéristiques du relief et de l’économie d’un massif hercynien d’Europe centrale : orientée N.-O.-S.-E., elle offre de belles surfaces d’aplanissement dans les terrains anciens et dans les grès, dominées par des sommets arrondis dont l’altitude n’atteint pas 1 000 m et disséquées par des vallées encaissées. Colonisé au cours du Moyen Âge, le Thüringer Wald a toujours joué un triple rôle. Il donne à l’avant-pays ses eaux abondantes et pures : aujourd’hui, le cours supérieur de la Saale est jalonné par des digues barrant des lacs-réservoirs pour l’alimentation des villes du pourtour et des centres touristiques. La forêt fournit le bois pour les scieries et les fabriques de jouets situées dans l’ancienne zone d’influence de Nuremberg. La présence de gisements de potasse et de grès explique le maintien de la vieille industrie du verre ; les minerais de fer alimentent l’industrie traditionnelle des armes de Schmalkalden et de Suhl, devenues centres de la quincaillerie et de la mécanique moderne.

Limités par un réseau de failles, les bassins sédimentaires s’étendent entre le Thüringer Wald et les autres massifs. La haute vallée de la Werra emprunte un fossé tectonique rempli de dépôts tertiaires entre la R. F. A. et le massif volcanique du Rhön, dont la R. D. A. ne possède que les plateaux inférieurs : on y exploite également la potasse et le sel. Entre le Thüringer Wald et le Harz, le bassin de Thuringe se compose de couches sédimentaires alternativement dures et tendres, faiblement relevées et donnant des côtes (cuestas) peu sensibles dans le relief ou des plateaux monotones découpés dans le Trias gréseux et calcaire. Parmi les affluents de la Saale, le réseau de l’Unstrut dissèque des collines couvertes de bois, de prairies et de vergers (Eichsfeld, Hainleite, Ettersberg, Finne), et étale ses alluvions dans les bassins, riches régions agricoles. Le lœss recouvre les terrasses ; les alluvions fertiles comblent le fond des larges vallées. Le système de culture repose sur l’assolement blé-betterave à sucre : au sud du Harz, la Goldene Aue (la « contrée dorée ») offre l’exemple de ces régions riches. Les villes, d’importance moyenne, gardent les traces de leur passé (Gotha, Erfurt, Weimar, Iéna) : elles jouent toujours leur rôle de marché, de centres d’industries spécialisées, généralement dans l’optique (usines Zeiss à Iéna), le matériel de précision (Ruhla) ou la métallurgie différenciée (Saalfeld). Le textile, disséminé dans des centres de quelques milliers d’habitants, occupe la main-d’œuvre des campagnes environnantes.