Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

Les forces armées


Le réarmement de l’Allemagne fédérale

En 1945, les vainqueurs du IIIe Reich avaient proclamé leur volonté d’interdire toute reconstitution d’une armée allemande. Dès 1949, toutefois, la politique expansionniste de l’U. R. S. S. conduisait les Alliés occidentaux à envisager la participation militaire de la République fédérale à la défense de l’Europe occidentale.

Après l’échec du projet de la Communauté européenne de défense (v. Europe), et pour éviter un réarmement incontrôlé de l’Allemagne, il est décidé, par les accords de Paris du 23 octobre 1954, de la faire entrer dans le système collectif de défense de l’Union de l’Europe occidentale (U. E. O.) puis, en mai 1955, de l’admettre dans le Pacte atlantique. L’Allemagne fédérale renonce solennellement à la production et à la possession d’armes nucléaires, biologiques et chimiques, et les nouvelles forces allemandes sont créées par une loi de juillet 1955 sous le nom de Bundeswehr. Elles se développeront rapidement sous l’impulsion des ministres Blank (1955), Strauss (1956), von Hassel (1962), Schröder (1966), Schmidt (1969) et Leber (1972).


La Bundeswehr

Les accords de Paris limitent à 500 000 hommes les effectifs globaux de la Bundeswehr et à 3 000 t (250 pour les sous-marins) le tonnage maximal de ses navires de guerre.

Rompant avec le passé, on assure la primauté du pouvoir politique : la Bundeswehr est placée sous la direction suprême d’un civil, le ministre fédéral de la Défense en temps de paix et le chancelier en temps de guerre. Un commissaire parlementaire à la défense a pour mission de contrôler la Bundeswehr et de défendre les droits fondamentaux des militaires ; un effort important est accompli pour créer dans la nouvelle armée un état d’esprit démocratique, fondé sur l’innere Führung, sorte de charte de la formation civique et morale d’un soldat citoyen qui demeure responsable de ses actes envers la collectivité. L’inspecteur général de la Bundeswehr (poste occupé par le général de Maizière de 1966 à 1972 puis par l’amiral Zimmermann), qui a autorité sur les armées de terre, de mer et de l’air, le directeur des affaires d’armement (civil) et le directeur des affaires administratives (civil) sont les trois grands subordonnés du ministre.

Le personnel de la Bundeswehr est recruté par engagement et par un service obligatoire de 18 mois (réduit à 15 mois en 1973), mais un personnel civil (167 000 personnes en 1968) décharge les trois armes de nombreuses servitudes.

Il faut aussi mentionner l’existence de la police fédérale des frontières (Bundesgrenzschutz) [17 000 hommes en 1970], qui dépend du ministre de l’Intérieur, et la création, décidée en 1965 mais non réalisée, d’un corps de protection civile de 200 000 hommes.


Les forces terrestres (Bundesheer)

Elles comptent depuis 1965 douze divisions (7 mécanisées, 3 blindées, 1 de montagne et 1 aéroportée), articulées en trois corps d’armée et un corps mixte dano-allemand, subordonné, du point de vue opérationnel, aux commandements de l’O. T. A. N. Corps d’armée et divisions sont dotés de moyens nucléaires, et, en 1963, la Bundeswehr adoptait le premier char (« Leopard » de 40 t) construit en Allemagne depuis 1945. (V. blindé.)

Les effectifs de la Bundesheer atteignent 327 000 hommes en 1972. Il convient d’y ajouter les 35 000 hommes des unités de défense territoriale, qui, depuis le 1er février 1969, ont fusionné avec l’armée de terre.


Les forces maritimes (Bundesmarine)

D’un effectif de 36 000 hommes en 1972, elles ont obtenu de l’U. E. O., en 1961, l’autorisation de construire des bâtiments de 6 000 t et des sous-marins de 1 000 t. Les éléments opérationnels de la Bundesmarine sont placés sous les ordres du commandant de la flotte et intégrés dans les commandements O. T. A. N. Au 1er janvier 1968, le tonnage de la Bundesmarine atteignait 240 000 t, dont 84 000 pour la flotte de combat. Celle-ci comprenait 15 escorteurs de types « Fletcher » (2 050 t), « Hamburg » (3 400 t) et « Köln » (1 750 t), 8 sous-marins et 150 petits bâtiments. Le programme d’armement prévoit la mise en service de 1969 à 1972 de 4 frégates, 3 destroyers, 12 sous-marins et 10 vedettes lance-engins.

L’aéronavale groupe environ 200 appareils (« F 104 », « Breguet-Atlantic », « Dornier »...).


Les forces aériennes (Luftwaffe)

Elles représentent en 1972 environ 1 300 appareils servis par 104 000 hommes, répartis en 37 escadrons de combat (5 d’interception, 19 de chasseurs-bombardiers — dont 11 à capacité nucléaire —, 6 de reconnaissance, 6 de transport, 1 d’école), 15 bataillons de missiles sol-air (« Hawk » et « Nike »), 4 bataillons de missiles sol-sol (« Pershing »). Les forces sont articulées en deux groupements, Nord et Sud, subordonnés, sur le plan opérationnel, aux 2e et 4e A. T. A. F. (commandements aériens de l’O. T. A. N.).

Le matériel, de conception étrangère (« F 104 » américain, « G 91 » italien, « Nord 2501 » français, « Transall » franco-allemand), est le plus souvent fabriqué sous licence en Allemagne. Le programme de 1970 prévoit une amélioration de la défense antiaérienne et le remplacement du matériel périmé par des avions de type « Phantom II », « F 104 G » et « G 91 T3 », puis par un avion de conception allemande.


Les problèmes de la Bundeswehr

Sur le plan stratégique, la politique de défense de la R. F. A. est fondée sur la nécessité de la garantie américaine et la fidélité à l’Alliance atlantique. La quasi-totalité de la Bundeswehr (à l’exception des unités de défense territoriale) est placée sous commandement intégré de l’O. T. A. N. La place et l’influence de l’Allemagne dans l’organisation n’ont cessé de s’accroître depuis la nomination, en 1957, du général Speidel à la tête des forces terrestres du secteur Centre-Europe, puis, en 1966, du général Kielmansegg comme commandant interarmes de ce théâtre d’opérations. La Bundeswehr est dotée de moyens de lancement d’armes nucléaires ; mais le gouvernement de la R. F. A. ne dispose pas du pouvoir de décision d’emploi de ces armes, lequel dépend en dernier ressort du président américain. Cependant, la R. F. A. a obtenu depuis 1967 une place de membre permanent au comité des affaires de défense nucléaire et au groupe de planification nucléaire de l’O. T. A. N.