Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allemande (République démocratique) (suite)

Les districts de Magdeburg et de Halle, au nord de la Thuringe, constituent l’ancien Land de Saxe-Anhalt. Un seul massif ancien : le Harz, dont la R. D. A. possède les deux tiers et le point culminant, le Brocken (1 142 m), et qui fournit du bois ainsi que des minerais, comme des pyrites dans la région de Mansfeld, du fer, du sel et de la potasse en bordure (gisements de Stassfurt et de Halle). La vallée inférieure de la Saale s’élargit dans une série de bassins fertiles. Au nord du Harz, les plaines de lœss de la Börde de Magdeburg, très tôt colonisée, portent de riches cultures. Deux grandes villes : l’une, Halle, est située au centre de bassins de lignite qui alimentent l’industrie chimique lourde de Merseburg-Leuna (usines Buna) ; l’autre, Magdeburg, à la jonction des deux canaux, celui du Mittelland et celui qui relie l’Elbe à la Havel et à Berlin, est le port fluvial le plus actif de la R. D. A. (env. 2 Mt) et un centre d’industries textiles et alimentaires. Sur la Saale, Calbe est un des nouveaux foyers sidérurgiques. Les villes moyennes de la Börde et de la Saale sont toutes des centres d’industries alimentaires (sucreries, distilleries, conserveries).

La Saxe comprend trois districts : Leipzig, Karl-Marx-Stadt et Dresde. Les deux derniers s’étendent sur le versant nord-ouest de l’Erzgebirge (monts Métallifères), découpé en collines et en plateaux de grès par les réseaux de l’Elster, de la Mulde et de l’Elbe. Ce « Bergland » (pays montagneux) offre les sites les plus fréquentés par les touristes (la « Suisse saxonne »). La vie pastorale et l’exploitation forestière y restent très développées. Les roches anciennes recèlent des minerais de cuivre, d’étain, de plomb et de zinc qui ont fait la fortune de petites villes fondées au Moyen Âge, comme Freiberg. L’uranium est extrait des roches éruptives de la région d’Aue. La tradition de la porcelaine s’est maintenue à Meissen. Disséminé à l’origine dans les hautes vallées et les clairières, le textile s’est concentré, avec le travail du coton au xviiie s., à Zwickau et surtout à Karl-Marx-Stadt (l’anc. Chemnitz), le « Manchester allemand », qui occupe le tiers de la main-d’oeuvre du textile de la R. D. A. et fournit aussi le tiers de la production. Des industries mécaniques se sont jointes au textile dans la vallée de l’Elbe et, à l’est, en haute Lusace : à Zittau, à Bautzen, à Görlitz (qui utilisent les lignites exploités le long de la frontière en Pologne), à Turow et à Zgorzelec. Les automobiles de marque Trabant sont fabriquées à Zwickau. Presque complètement détruite en 1945, en majeure partie restaurée et reconstruite, Dresde commercialise ainsi une production régionale de qualité. La basse Saxe se compose de vallées humides et de plateaux couverts de lœss portant de gros villages : région agricole qui prolonge la Börde vers le sud-est. Ici, l’industrie est dominée par l’exploitation intensifiée de couches de lignite à ciel ouvert. Source d’énergie, le lignite alimente des centrales thermiques géantes ; matière première, il est transformé en vue de la production de produits de synthèse (carburant synthétique, engrais, matières plastiques) ; il est à l’origine de grosses agglomérations de mineurs et de villes nouvelles, conçues sur le modèle de la « ville socialiste ». S’ajoutent à ces nouvelles activités les productions d’avant 1940 : les colorants et les produits photographiques Agfa sont fabriqués à Wolfen ; Bitterfeld est le centre de l’électrochimie et de l’aluminium. Mais la vie urbaine est dominée par Leipzig, célèbre par son imprimerie et par sa foire.


Le Centre et le Nord

Les régions du Centre et du Nord correspondent à la plaine d’origine glaciaire : plus pauvre par ses sols, plus rude par son climat, moins peuplée et moins urbanisée, elle formait les deux Länder, définis par l’histoire autant que par la géographie, de Brandebourg et de Mecklembourg.

Le Brandebourg formait la partie occidentale d’une ancienne province prussienne et couvrait les trois districts de Cottbus, de Francfort-sur-l’Oder et de Potsdam. Au sud-est, la basse Lusace offre le paysage typique de la moraine de fond, avec ses plaines de sable, ses drumlins, ses marais, donnant des terres froides et pauvres. Drainé et converti en jardin, le Spreewald alimente en produits frais l’agglomération de Berlin. La lande de Lusace (Lausitzer Heide) a été colonisée par les Slaves (appelés ici Sorabes ou Serbes de Lusace), qui forment toujours une minorité linguistique, mais qui se sont presque complètement assimilés à la population germanique. L’exploitation des lignites tertiaires sous la couverture quaternaire a complètement transformé les structures de la population et le réseau urbain : le bassin de basse Lusace renferme les deux tiers des réserves et assure plus du tiers de la production de la R. D. A. Cette production alimente les nouveaux centres de Lauchhammer et de Schwarze Pumpe (grandes centrales thermiques, usines de produits synthétiques et de coke sidérurgique). Ce nouveau pays noir doit encore évoluer en fonction de son ravitaillement en hydrocarbures par l’« oléoduc de l’Amitié » (U. R. S. S.), mais restera spécialisé dans la production de synthèse. Une ville nouvelle se construit, Hoyerswerda, modèle de la ville socialiste telle que la conçoivent les dirigeants.

Au nord, les districts de Francfort et de Potsdam sont traversés par l’Urstromtal de la Warta polonaise à l’Elbe, donnant d’est en ouest un paysage de marais mal asséchés (l’Oderbruch, le long de l’Oder), de lacs en chapelets reliés par les rivières Spree et Havel, au centre desquels s’est paradoxalement étendu Berlin. Au sud, le Fläming, plus élevé, plus sableux et plus sec, est couvert de bois de pins. Asséchés, les marécages assurent la production de légumes ; les vergers couvrent les collines morainiques du Havelland ; mais les sols de sable et les dunes ne portent que des champs de seigle, d’avoine et de pommes de terre. La vallée de l’Oder, plus fertile, compte les deux seuls combinats industriels situés à la frontière, ravitaillés par des matières premières importées d’Union soviétique : le minerai de fer à Eisenhüttenstadt (anc. Stalinstadt), l’un des plus gros centres sidérurgiques ; le pétrole à Schwedt, atteint depuis 1964 par un oléoduc long de plus de 3 000 km et acheminant plus de 10 Mt.