Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (suite)

• Sur le plan diplomatique, le ministre des Affaires étrangères Gustav Stresemann* (1923-1929) mène une politique modérée qui l’amène à se rapprocher de la France (Briand) et à signer une série d’accords avec les Alliés. À la suite, notamment, des accords de Locarno (1925), il obtient une évacuation accélérée des zones occupées et l’admission de l’Allemagne à la Société des Nations.

• La crise économique mondiale de 1929 marque la fin de cette période d’équilibre. Dès 1932, l’Allemagne compte 6 millions de chômeurs. Tandis que la social-démocratie décline, les communistes (Kommunistische Partei Deutschlands, K. P. D.) forment une masse de manœuvre importante (100 députés en nov. 1932), qui contribue à affaiblir encore le régime et à tourner les espoirs de la masse vers le national-socialisme*.

• Dès 1930, le parti de Hitler compte 107 députés au Reichstag. Une doctrine implacable et exaltante constitue sa force, face à un gouvernement sans réaction valable devant l’agitation permanente. Les derniers chanceliers, Brüning, F. von Papen, Schleicher ne gouvernent qu’avec des majorités sans lendemain. F. von Papen, croyant pouvoir utiliser les nazis, autorise même les « S. A. » et les « S. S. ».

• Dès lors, les événements se précipitent. En novembre 1932, 196 députés nazis sont élus ; le 30 janvier 1933, Hindenburg appelle Hitler à la chancellerie.


Le IIIe Reich (1933-1945)

• 27 février 1933 : incendie du Reichstag ; les nazis l’attribuent au parti communiste, qui est mis hors la loi et persécuté tout comme les socialistes, les catholiques, les Juifs. C’est alors que s’ouvrent les camps de concentration nazis.

• 24 mars 1933 : le Reichstag donne les pleins pouvoirs à Hitler*. Le parti national-socialiste étant le seul admis, le IIIe Reich est une dictature noyautée par une police politique redoutable (Gestapo) [v. national-socialisme].

• 1934 : voulant conserver l’appui du grand état-major, Hitler sacrifie les extrémistes de son parti (Röhm, Strasser), ainsi que Schleicher et des centaines d’autres (30 juin). En août, la mort d’Hindenburg fait de Hitler, déjà chancelier, le chef de l’État.

• Hitler, maître absolu (Reichsführer), appuyé sur une opinion fanatisée qui le plébiscite, pratique une autarcie aussi complète que possible. Une politique de grands travaux, favorisée par la formation du Front du travail, réduit le chômage et prépare l’Allemagne à une guerre qui devient certaine à partir de 1938, tandis que la concentration industrielle favorise le développement des konzerns.

• Par ailleurs, Hitler, en trois ans (1933-1936), abolit toutes les limitations prévues par le traité de Versailles pour les forces armées allemandes ; il réoccupe la Rhénanie (1936), alors que se constitue l’axe Rome-Berlin. L’accord naval anglo-allemand (1935) permet la renaissance de la flotte allemande.

• Dès lors, Hitler amorce les annexions qui conduiront à la Seconde Guerre mondiale. En 1938, l’Anschluss, c’est-à-dire l’annexion de l’Autriche, est réalisé ; les accords de Munich (sept. 1938) cautionnent le démembrement de la Tchécoslovaquie, pays qui est en grande partie (Bohême-Moravie) placé sous le protectorat allemand (1939). Enfin, désireux d’occuper le couloir de Dantzig, Hitler fait envahir la Pologne : cette agression provoque l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre.

• L’histoire de l’Allemagne entre 1939 et 1945 est inséparable de celle de la Seconde Guerre* mondiale. Un énorme effort de guerre aboutit d’abord à des offensives victorieuses, à l’ouest (1940) comme à l’est (1941). Puis peu à peu, et surtout à partir de 1943, les bombardements aériens violents font peser sur le Reich une menace qui se précise après le désastre de Stalingrad (1943) et surtout après le débarquement allié en Normandie (1944). En 1945, l’Allemagne devient le théâtre de dures opérations. Quand, le 8 mai, quelques jours après la mort (par suicide probablement) de Hitler, les chefs militaires allemands signent la capitulation, ils laissent un pays ravagé, épuisé (5 millions de morts), désorganisé, sans un pouce de terrain libre, les Alliés l’occupant tout entier.

P. P.

 J. Bühler, Deutsche Geschichte (Berlin, 1934-1960 ; 6 vol.). / E. Vermeil, l’Allemagne, essai d’explication (Gallimard, 1940). / V. Valentin, Geschichte der Deutschen (Berlin, 1947 ; 2e éd., 1949 ; 2 vol.). / J. Droz, l’Allemagne et la Révolution française (P. U. F., 1949-1950) ; Histoire de l’Allemagne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1958 ; 5e éd., 1967) ; le Romantisme politique en Allemagne (A. Colin, 1963) ; Histoire des doctrines politiques en Allemagne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / C. David, Hitler et le nazisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1954 ; 6e éd., 1969). / G. Badia, Histoire de l’Allemagne contemporaine, 1917-1962 (Éd. sociales, 1962 ; 2 vol.). / P. Gaxotte, Histoire de l’Allemagne (Flammarion, 1963 ; 2 vol.). / A. Maurois, Histoire de l’Allemagne (Hachette, 1965). / P. Ayçoberry, l’Unité allemande 1800-1871 (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968 ; 2e éd., 1972). / H. Friedrich zu Loewenstein, l’Allemagne dans l’Histoire (A. Bonne, 1968). / P. Rassow (sous la dir. de), Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours (Horvath, Roanne, 1968). / H. Burgelin, la Société allemande 1871-1968 (Arthaud, 1969). / F. G. Dreyfus, Histoire des Allemagnes (A. Colin, coll. « U », 1970). / S. Berstein et P. Milza, l’Allemagne, 1870-1970 (Masson, 1971). / P. Broué, Révolution en Allemagne, 1917-1923 (Éd. de Minuit, 1971).


L’art allemand


Art ottonien et art roman

L’usage s’est établi de faire commencer la notion d’art allemand aux grands traités de partage qui, démembrant l’empire de Charlemagne dans la première moitié du ixe s., ont fixé vers l’ouest la limite des pays de langue germanique. Auparavant, c’est l’art dit carolingien*, ensuite l’art ottonien, prélude original à l’art roman. Cela ne veut pas dire que les limites soient très nettes entre l’art ottonien et l’art carolingien d’une part, l’épanouissement de l’art roman d’autre part. Le premier a reçu de l’empire de Charlemagne ses structures essentielles, qu’il a cependant développées avec un accent particulier ; le zèle des princes, secondé par celui des grands archevêques et évêques, lui imprime une nuance aristocratique.