Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignement (suite)

Un nouveau moyen d’expression

Le langage audio-visuel, dont la lecture (le « décodage ») est plus aisée que celle de la langue écrite, permet également à l’élève de s’exprimer de manière souvent plus rapide et plus immédiate. Cet aspect n’est pas négligeable avec des enfants issus de milieux sociaux culturellement défavorisés, et de nombreuses expériences ont montré tout le profit que pouvaient tirer ces enfants du recours à un mode d’expression moins contraignant que l’écriture. Certaines méthodes conduisent également l’enfant, au-delà de l’expression audiovisuelle, à une réflexion sur ce langage, qui devient une initiation aux arts de l’écran. L’un des objectifs de ces méthodes est souvent d’armer l’enfant contre les assauts du cinéma, de la télévision, de la publicité en démontant leurs mécanismes d’expression.


Démocratisation de l’enseignement

La diffusion massive de messages éducatifs est aussi un moyen de démocratisation pédagogique. Si on a longtemps nourri bien des illusions sur cet effet de démocratisation (il ne suffit pas de diffuser, encore faut-il que le message soit reçu et compris), plusieurs expériences ont maintenant bien établi les conditions de succès dans ce domaine, tout particulièrement par le recours à des systèmes « multi-media » combinant les ressources de la radio, de la télévision, de l’enseignement par correspondance, de la correction de tests sur ordinateur, etc.


Rentabilité économique

Les possibilités de conservation et de rediffusion des messages éducatifs par les techniques audio-visuelles permettent d’envisager encore un abaissement des coûts de l’enseignement. Cela est déjà une réalité dans certaines entreprises qui enregistrent systématiquement les cours de formation professionnelle et les mettent à la disposition de leur personnel : le même cours, enregistré une fois pour toutes, peut être utilisé ensuite par un grand nombre d’élèves en des lieux et à des moments différents.


Les instruments de la pédagogie audio-visuelle

On a coutume de distinguer, d’une part, les « aides audio-visuelles », moyens techniques mis à la disposition de l’enseignant dans le cadre d’une pédagogie qui peut demeurer relativement traditionnelle, et, d’autre part, les « équipements lourds », qui impliquent presque toujours une remise en question complète de la pédagogie, car ils transforment fondamentalement les conditions de l’enseignement.

Dans la première catégorie, on peut classer le petit matériel audio-visuel introduit dans les salles de cours ou les amphithéâtres : projecteurs de vues fixes ou animées, magnétophones, rétroprojecteurs, petites caméras de télévision reliées à un ou à plusieurs récepteurs, permettant de montrer aux élèves de petits objets, des préparations microscopiques, etc. Dans la seconde catégorie, on trouve essentiellement les systèmes de télévision en circuit fermé, les laboratoires de langues vivantes ; on peut également y placer les opérations nationales d’enseignement à distance par radio ou télévision.


Les aides audio-visuelles

La projection de vues fixes est certainement la plus ancienne des « aides visuelles ». Le film fixe (filmstrip) a longtemps rempli un rôle récréatif. Beaucoup d’éducateurs l’ont utilisé et l’utilisent encore comme une sorte de « récompense » après l’enseignement. S’il tombe progressivement en désuétude, c’est à cause de sa relative rigidité d’utilisation : l’ordre des images est imposé à l’utilisateur. Il conserve néanmoins tout son intérêt dans certains domaines d’enseignement (langues vivantes, alphabétisation d’adultes, formation à des comportements), chaque fois qu’est utilisée une méthode à progression rigoureuse. Certains appareils associent la projection d’un film fixe et le roulement d’une bande magnétique en cassette. Dans ces « audio-viseurs », c’est le déroulement de la bande qui provoque automatiquement les changements de vues. Ces appareils rendent de grands services dans les entreprises pour la formation des ouvriers à des comportements simples, pour la formation de représentants ; on en rencontre encore dans les amphithéâtres de certaines universités américaines où ils servent à présenter des cours préfabriqués aux étudiants.

Le film fixe est pourtant peu à peu détrôné par la diapositive, plus onéreuse, mais de meilleure qualité, et qui présente surtout l’avantage de la « flexibilité ». Le professeur choisit chaque image et définit lui-même l’ordre de présentation. Il existe des cours dont toute l’illustration est disponible sur diapositives. Dans les premières années du cycle scolaire (enseignements préscolaire et élémentaire), la diapositive est aussi utilisée pour motiver les enfants à l’expression orale ou écrite, les entraîner à l’observation de l’image, dont ils dégagent progressivement les significations souvent multiples. Elle devient aussi parfois un moyen d’expression pour les élèves eux-mêmes, lorsqu’ils sont amenés à réaliser des « montages audio-visuels » : série d’images dont ils enregistrent le commentaire et, éventuellement, l’accompagnement musical.

La projection de films animés est plus difficile à mettre en œuvre : équipement plus coûteux, charge administrative plus lourde, entraînée par la location des films. Par ailleurs, beaucoup d’enseignants jugent le film un cadre trop rigide pour l’utiliser. Dans la plupart des cas, l’intégration systématique de la projection de films animés à l’enseignement présuppose toute une refonte des stratégies pédagogiques. Le professeur ne peut plus bâtir son cours a priori ; il doit partir du contenu du film, visionné préalablement, car il est impossible de trouver pour chaque partie du cours le film qui l’illustre exactement. Pour cette raison, les ressources immenses des cinémathèques de films d’enseignement sont souvent sous-exploitées.

À côté de ces films sonores de court métrage (de 10 à 30 min), il existe encore ce que l’on appelle les films courts, muets et d’une durée de une à trois minutes. Leur intégration pédagogique est bien plus aisée, car ils ne présentent chacun qu’un seul concept (single concept films) et ils apparaissent plutôt comme des diapositives animées. L’utilisation pratique est encore facilitée par une présentation en cassettes qui élimine pratiquement toutes les manipulations fastidieuses. Comme les diapositives, ces films remplissent souvent deux rôles différents : une fonction d’illustration et une fonction de motivation à l’observation ou à l’expression.