Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignants (les) (suite)

Il est difficile de préjuger de l’avenir des systèmes d’enseignement. Ce qui, en tout cas, est certain, c’est qu’on assistera dans l’avenir à une mutation et à une diversification des rôles des maîtres de l’enseignement supérieur et à une modification de ceux des maîtres du secondaire. Il est probable que ces mutations ne se feront pas sans difficulté, car le problème de l’organisation de l’enseignement est une affaire d’État. Et l’enseignement d’aujourd’hui a à subir le fait que l’école exerce une emprise de plus en plus importante sur le destin professionnel et par conséquent social de l’individu, au moment même où la finalité de sa fonction est remise en cause.

R. B.

➙ Éducation / Enseignement.

 W. W. Waller, Sociology of Teaching (New York, 1932, nouv. éd., 1961). / P. Jaccard, Sociologie de l’éducation (Payot, 1962). / Éducation, développement et démocratie (Mouton, 1967). / G. Vincent, les Professeurs du second degré, contribution à l’étude du corps enseignant (A. Colin, 1967). / J. Mollo, l’École dans la société (Dunod, 1970). / J. Chevallier, l’Enseignement supérieur en France (P. U. F., 1971). / P. Delanone, les Enseignants (Éd. sociales, 1973).

enseignement

Ensemble des méthodes et des techniques permettant la transmission des connaissances. (V. éducation et enseignants [les].)


Les techniques modernes d’enseignement


Essai de définition

La prolifération des moyens techniques qui se sont progressivement introduits dans l’enseignement exigeait de les regrouper sous un vocable commun. Britanniques et Américains ont opté pour educational technology, que l’on peut traduire en français par « technologie d’enseignement ». Mais l’ambiguïté du terme de technologie a fait préférer l’expression techniques modernes d’enseignement.

D’une part, les techniques modernes d’enseignement recouvrent un certain nombre de moyens de communication (radio, télévision, réseaux informatiques) ou de stockage de l’information (disques, bandes magnétiques, vues fixes, films animés, vidéocassettes) appliqués à des fonctions pédagogiques aussi variées que l’illustration de cours, la documentation automatique, la diffusion massive de messages éducatifs, l’enseignement individualisé ou par correspondance. D’autre part, un certain nombre de dispositifs technologiques spécifiques à l’enseignement ont été mis au point et entrent tout naturellement dans le domaine des techniques modernes d’enseignement ; on peut citer les projecteurs spéciaux (rétroprojecteurs notamment), les machines à enseigner, les systèmes d’évaluation immédiate de réponses, les terminaux spéciaux d’ordinateurs.

Il ne faut pas confondre moyens techniques et méthodes pédagogiques. S’il arrive que certaines méthodes se marient parfaitement à certains outils, par exemple les méthodes structuro-globales de langues vivantes présentées avec le magnétophone et les films fixes, l’assimilation est abusive dans d’autres cas : la télévision n’est pas nécessairement un moyen d’enseignement à distance, l’utilisation pédagogique de l’ordinateur n’est pas toujours liée à l’enseignement programmé.

On en vient donc naturellement à appliquer aux techniques modernes d’enseignement la distinction faite en informatique entre machines (hardware) et programmes (software), entre l’outil qui sert à présenter l’information ou à l’organiser mécaniquement et cette information elle-même ou les systèmes destinés à l’organiser.


Les techniques audio-visuelles, leurs fonctions

Des plus simples (la projection de vues fixes) aux plus complexes (la télévision en circuit fermé), elles couvrent un éventail très large de fonctions pédagogiques.


Motivation

On peut utiliser ces techniques tout d’abord pour créer ce que les psychologues appellent une motivation : éveiller la curiosité de l’élève, soutenir son intérêt, lui donner le goût d’étudier un chapitre du programme ou d’effectuer une recherche documentaire approfondissant le domaine auquel on l’a sensibilisé. Les diapositives, les films, les documents sonores, certaines émissions de radio ou de télévision remplissent cette fonction, qui, modeste à première vue, peut être essentielle avec de jeunes enfants ou des adultes en formation.


Illustration

Les procédés de reproduction visuelle et sonore permettent également d’amener dans la salle de classe des documents qu’il serait impossible d’y transporter ; c’est la fonction d’illustration : le film industriel montre une application de l’expérience de physique ou de chimie que l’on ne peut aller constater sur place ; la diapositive permet en histoire, en géographie, en sciences naturelles une observation attentive et détaillée d’une gravure ancienne, d’un paysage, d’un insecte. Le disque, en classe de lettres, permet de restituer certains textes en leur rendant la vie ; en langues vivantes, il fait entrer en classe les meilleurs speakers étrangers. Cette fonction d’illustration peut modifier déjà très sensiblement les conditions de l’acte pédagogique : on part de l’observation du document au lieu de se contenter d’une description verbale ; on rapproche l’activité scolaire de l’activité extra-scolaire en introduisant dans la classe un « médium » plus familier aux élèves ; le professeur cesse d’être la seule et unique source de savoir : le document le relaie en partie, et la fonction magistrale se modifie vers un rôle d’interprétation. Certes, ce recours aux techniques audio-visuelles ne doit jamais éliminer l’observation du document réel quand cela est possible, et il est toujours nécessaire d’équilibrer l’analyse d’objets concrets et d’objets représentés.


Optimisation didactique

L’image a également des qualités didactiques tout à fait spécifiques. Certains films très courts, réalisés en dessins animés, permettent de faire comprendre en quelques minutes des processus complexes : circulation sanguine, mouvements moléculaires, combinaisons mécaniques, phénomènes géologiques, etc. Certaines représentations graphiques clarifient remarquablement certaines notions abstraites, tout particulièrement lorsqu’on utilise un appareil comme le rétroprojecteur, qui permet de superposer librement les différents éléments composant le graphisme : au lieu de présenter globalement l’ensemble d’une figure, comme le ferait un livre, le rétroprojecteur permet de montrer progressivement ses différentes parties à mesure que se déroulent les explications. Le film d’enseignement ou l’émission de télévision permettent une combinaison souvent passionnante de la motivation, de l’illustration et de l’optimisation didactique.