Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignement (suite)

Dernier-né des appareils optiques utilisés en pédagogie, le rétroprojecteur (over head projector) a une fonction bien particulière et cette originalité d’être le seul projecteur dont il n’existe pas d’application en dehors de l’enseignement. Il permet de projeter en plein jour des documents transparents de grand format sans que le professeur quitte des yeux son auditoire. Qui plus est, l’utilisateur peut compléter graphiquement les documents projetés sans les détériorer, effectuer des superpositions multiples pour construire progressivement des figures complexes. Dans toutes les disciplines scientifiques, le rétroprojecteur constitue une aide extrêmement précieuse à l’enseignement. S’il existe un grand nombre de documents transparents édités et disponibles sur le marché, les enseignants ont en outre la possibilité de fabriquer eux-mêmes certaines images, à leur convenance, au moyen de systèmes de reproduction par thermocopie. On peut ainsi, en quelques secondes, transformer une page de livre en document projetable devant toute une classe ou tout un amphithéâtre.

À côté des moyens de reproduction visuels, les moyens de reproduction sonore jouent également un rôle essentiel, et tout particulièrement le magnétophone. Ce dernier non seulement permet d’enregistrer et de conserver des émissions de radio éducatives ou des extraits de disques, mais encore il peut aider considérablement l’élève pour l’entraînement à la diction, à la lecture ou à l’expression libre et pour l’apprentissage des langues étrangères. Le magnétophone doit son succès dans l’enseignement à son extrême souplesse d’utilisation : arrêts, retours en arrière, répétitions systématiques sont, en effet, beaucoup plus aisés qu’avec le disque.


Les équipements lourds

L’enregistrement magnétique a donné naissance à des systèmes complexes baptisés laboratoires de langues (v. plus loin « l’enseignement des langues vivantes »).

Les plus évolués de ces systèmes permettent à l’élève :
— d’entendre une phrase par l’intermédiaire d’un casque d’écoute,
— de la répéter tout en l’enregistrant,
— de réentendre son propre enregistrement ainsi que le message initial (« message-maître »).

Ils permettent au professeur :
— d’écouter individuellement chacun des élèves,
— de corriger à distance chaque élève sans interrompre le travail des autres.

Dans ces systèmes, l’élève est placé dans une cabine individuelle et doté d’un magnétophone personnel. L’enregistreur est un modèle à deux pistes : la piste haute, ineffaçable par l’élève, reproduit les « messages-maître » ; la piste basse est entièrement à la disposition de l’élève, pour l’enregistrement et la reproduction de sa propre voix. Il s’agit donc d’un enseignement individuel sous contrôle central du maître.

Pour des raisons d’économie, on a conçu également des laboratoires de langues dits « légers » (par opposition aux premiers, dits « lourds ») et dans lesquels un seul magnétophone diffuse un message collectif. Chaque élève a néanmoins la possibilité de s’entendre par l’intermédiare de son propre casque, c’est-à-dire par l’oreille externe, ce qui lui permet un jugement plus sûr que par l’oreille interne. Le maître peut écouter à distance chacun des élèves, et les élèves peuvent appeler le maître en cas de difficulté.

Si le laboratoire de langues ne peut résoudre la totalité des problèmes posés par l’enseignement des langues étrangères, il apporte néanmoins une aide considérable : apprentissage plus rapide, intelligence et restitution meilleures des messages.

La télévision en circuit fermé rend, elle aussi, de grands services.

L’équipement le plus simple comprend une seule caméra et un seul récepteur, placés le plus souvent dans une même salle de cours. Ce dispositif simple permet au professeur de montrer à l’ensemble des élèves de petits objets, voire des vues microscopiques. Dans les amphithéâtres, on multiplie le nombre des récepteurs reliés à la caméra, ce qui permet de diffuser instantanément à un vaste auditoire des photos, des dessins, des schémas préexistants ou que le professeur exécute tout en prononçant son cours.

On peut encore placer la caméra dans un atelier ou une salle d’opération inaccessibles aux étudiants, ce qui leur permet ainsi une excellente observation, souvent fort grossie.

À partir d’un petit studio équipé de deux ou trois caméras, il est encore possible de diffuser de véritables cours vers plusieurs salles de classe.

Dans chacun de ces cas, le magnétoscope, qui enregistre sur une bande magnétique ultérieurement effaçable les images et les sons de la télévision, permet la conservation des programmes et leur rediffusion ultérieure.

Il permet en outre d’archiver des programmes diffusés par les émetteurs nationaux de télévision et de les réutiliser aux moments les plus opportuns.

Le magnétoscope est encore utilisé en « autoscopie », c’est-à-dire pour permettre à des professeurs ou à des étudiants de se revoir et de mieux analyser leur comportement.

Le coût d’installation et de fonctionnement des équipements de télévision conduit naturellement à une recherche de rentabilité : multiplier le nombre des élèves ou des étudiants bénéficiant d’une même série de cours télévisés. On est ainsi amené à concevoir de véritables réseaux reliant plusieurs établissements scolaires à un même studio par le moyen de câbles de distribution.

Dans tous les cas, ces réseaux de distribution permettent en outre, moyennant l’adjonction d’un analyseur de vues ou d’un télécinéma, de diffuser sur tout ou partie des récepteurs de télévision soit des diapositives, soit des films.

Sur le plan pédagogique, ces installations ne donnent entière satisfaction que lorsqu’elles ont été conçues dans la collaboration étroite des enseignants, des réalisateurs de télévision et des techniciens. L’utilisation de tels systèmes pose en effet de délicats problèmes d’adaptation humaine et conduit nécessairement à une remise en cause des traditions pédagogiques. Ainsi s’explique peut-être un pourcentage plus grand de réussites dans les secteurs parascolaires (entreprises, armées) que dans les secteurs scolaires traditionnels (écoles, universités).