Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

électrocardiogramme (suite)

L’électrocardiogramme se compose d’une partie auriculaire A, ou auriculogramme, et d’une partie ventriculaire V, ou ventriculogramme. Chacune de ces parties comprend la phase de dépolarisation et de repolarisation (voir plus haut). Les parties A et V se suivent sans se superposer à l’état normal.
1o L’onde P. Elle correspond à la propagation de l’onde d’excitation qui part des sinus de Keith et Flack (v. cœur) et s’étend dans les oreillettes (dépolarisation). L’onde de repolarisation auriculaire est en général masquée dans le ventriculogramme.
2o Le complexe QRS (onde ventriculaire rapide). Il est déterminé par la dépolarisation des ventricules et consiste en une petite pointe négative Q, en une pointe positive R plus grande et en une petite pointe négative S.

Les lettres majuscules désignent les grandes amplitudes (R, S), les lettres minuscules désignent les petites (r, s).

L’amplitude des complexes QRS est variable, surtout dans les dérivations précordiales : la déflexion R augmente progressivement de V1 à V6, tandis que la déflexion S diminue de V1 à V6.
3o L’onde T (onde ventriculaire lente). Elle représente la déflexion de la repolarisation ventriculaire. Elle est en général positive (c’est-à-dire au-dessus de la ligne isoélectrique). En V, T est souvent négatif.
4o L’intervalle P-R ou P-Q. Il représente le temps de conduction entre les oreillettes et les ventricules.


L’électrocardiogramme pathologique

Seules les anomalies les plus courantes sont envisagées ici.

• L’infarctus du myocarde. Dans les premières heures de la thrombose coronaire apparaît une dénivellation du segment S-T, qui réalise l’onde en dôme de Pardee. Puis une onde Q profonde et large, pathognomonique de l’infarctus, apparaît dans les dérivations faisant face à la nécrose. La dénivellation S-T disparaît en quelques semaines, alors que l’onde Q persiste indéfiniment : c’est la « cicatrice électrique » indélébile de l’infarctus (v. infarctus).

• L’angine de poitrine. Elle s’accompagne souvent d’une inversion de l’onde T ou d’une dénivellation du segment S-T. Parfois, il n’existe aucune modification du tracé (v. coronaire).

• Les troubles du rythme.
a) Les extra-systoles ventriculaires, les plus fréquentes, sont caractérisées par un complexe QRS élargi, non précédé par une onde P et suivi en général par une onde T de sens inverse. Survenant sur un cœur sain, elles sont bénignes.
b) La fibrillation auriculaire se décèle par la disparition des ondes P, qui sont remplacées par une série ininterrompue de petites ondes irrégulières (fibrillation). Le rythme ventriculaire est irrégulier. La fibrillation auriculaire est la cause de l’arythmie complète, qui est souvent longtemps bien supportée.
c) Le bloc auriculo-ventriculaire, dans lequel la conduction est supprimée entre les oreillettes et les ventricules, se traduit par un rythme auriculaire normal et un rythme ventriculaire lent, indépendants l’un de l’autre (pouls lent permanent). Les ondes P se produisent à cadence physiologique normale. Les complexes QRS survenant sans rapport avec les ondes P sont très espacés.

• Les troubles de la conduction intra-ventriculaire. Les blocs de branches sont caractérisés par une augmentation de la durée de QRS, un segment S-T et une onde T de sens opposé à la déflexion principale de QRS, un retard de la déflexion intrinsécoïde (RS), en dérivations précordiales.

Si l’électrocardiogramme fournit des renseignements importants, voire indispensables comme dans le diagnostic de l’infarctus du myocarde, il ne représente cependant qu’un des éléments de l’examen cardiaque à côté de la clinique et de la radiologie.

J.-L. S.

 D. Clément, Comment lire et interpréter un électrocardiogramme (Éd. Foucher, 1951 ; nouv. éd., 1963). / M. Thaon, Notions fondamentales d’électrocardiographie normale et pathologique (Maloine, 1955). / R. Rullière, Électrocardiographie pratique (Masson, 1969).

électrochimie

Étude des réactions chimiques produisant du courant électrique ou produites par lui.



Généralités

Ces réactions mettent en jeu des électrolytes, le plus souvent solutions salines ou sels fondus, et des électrodes conductrices, souvent métalliques. Dans les électrodes, le courant est dû au mouvement des électrons ; dans l’électrolyte, à celui des ions positifs et négatifs qu’il renferme. Les réactions électrochimiques sont le résultat d’un échange d’électrons entre les électrodes et les ions : ce sont des réactions d’oxydoréduction. Ce courant produit l’électrolyse, phénomène connu depuis l’isolement des métaux alcalins par Davy* (1807) et codifié par Faraday*, qui en énonça les lois (1832) : les produits d’électrolyse sont formés uniquement sur les électrodes ; leurs masses ne dépendent que de la quantité d’électricité qui a traversé l’électrolyte et lui sont proportionnelles ; 96 490 coulombs (soit 1 faraday) libèrent 1 valence-gramme (atome-gramme divisé par la valence électrochimique) d’un élément quelconque. La dissociation ionique, dont la notion est due à Arrhenius* (1887), résulte, dans les solutions, d’une action du solvant sur le soluté. Elle peut être totale, comme celle de HCl dans l’eau
(HCl + H2O → Cl + H3O+ ;
HCl dans l’eau est un électrolyte fort), ou seulement partielle, conduisant à un équilibre, comme
CH3—COOH + H2O ⇄ CH3—COO + H3O+
(CH3—COOH est un électrolyte faible) ; dans ce cas, la loi d’action de masses conduit à la loi de dilution d’Ostwald,

c est la molarité du soluté, α son degré d’ionisation, rapport du nombre de molécules ionisées au nombre total de molécules dissoutes. Cette loi montre que α tend vers 1 (ionisation totale) quand c tend vers zéro.


Conductivité des électrolytes

On définit de la manière habituelle la conductivité spécifique d’un cylindre d’électrolyte de longueur l, de section s

I étant le courant qui le parcourt quand la d. d. p. entre ses extrémités est V ; γ est proportionnel au nombre d’ions, c’est-à-dire à , à leur charge, c’est-à-dire au nombre ν de charges élémentaires positives libérées par l’ionisation « formulaire » ; aux mobilités ua de l’anion, uc du cation, vitesses des ions dans un champ électrique unité. On a :
γ = F.α.c.ν. (ua + uc),
F étant le faraday ; γ tendant vers zéro en même temps que c, on considère plus volontiers la conductivité équivalente, définie par

qui vaut Λc = F.α. (ua + uc) et qui tend vers une limite caractéristique de l’électrolyte quand c tend vers zéro.