électrocardiogramme (suite)
L’électrocardiogramme se compose d’une partie auriculaire A, ou auriculogramme, et d’une partie ventriculaire V, ou ventriculogramme. Chacune de ces parties comprend la phase de dépolarisation et de repolarisation (voir plus haut). Les parties A et V se suivent sans se superposer à l’état normal.
1o L’onde P. Elle correspond à la propagation de l’onde d’excitation qui part des sinus de Keith et Flack (v. cœur) et s’étend dans les oreillettes (dépolarisation). L’onde de repolarisation auriculaire est en général masquée dans le ventriculogramme.
2o Le complexe QRS (onde ventriculaire rapide). Il est déterminé par la dépolarisation des ventricules et consiste en une petite pointe négative Q, en une pointe positive R plus grande et en une petite pointe négative S.
Les lettres majuscules désignent les grandes amplitudes (R, S), les lettres minuscules désignent les petites (r, s).
L’amplitude des complexes QRS est variable, surtout dans les dérivations précordiales : la déflexion R augmente progressivement de V1 à V6, tandis que la déflexion S diminue de V1 à V6.
3o L’onde T (onde ventriculaire lente). Elle représente la déflexion de la repolarisation ventriculaire. Elle est en général positive (c’est-à-dire au-dessus de la ligne isoélectrique). En V, T est souvent négatif.
4o L’intervalle P-R ou P-Q. Il représente le temps de conduction entre les oreillettes et les ventricules.
L’électrocardiogramme pathologique
Seules les anomalies les plus courantes sont envisagées ici.
• L’infarctus du myocarde. Dans les premières heures de la thrombose coronaire apparaît une dénivellation du segment S-T, qui réalise l’onde en dôme de Pardee. Puis une onde Q profonde et large, pathognomonique de l’infarctus, apparaît dans les dérivations faisant face à la nécrose. La dénivellation S-T disparaît en quelques semaines, alors que l’onde Q persiste indéfiniment : c’est la « cicatrice électrique » indélébile de l’infarctus (v. infarctus).
• L’angine de poitrine. Elle s’accompagne souvent d’une inversion de l’onde T ou d’une dénivellation du segment S-T. Parfois, il n’existe aucune modification du tracé (v. coronaire).
• Les troubles du rythme.
a) Les extra-systoles ventriculaires, les plus fréquentes, sont caractérisées par un complexe QRS élargi, non précédé par une onde P et suivi en général par une onde T de sens inverse. Survenant sur un cœur sain, elles sont bénignes.
b) La fibrillation auriculaire se décèle par la disparition des ondes P, qui sont remplacées par une série ininterrompue de petites ondes irrégulières (fibrillation). Le rythme ventriculaire est irrégulier. La fibrillation auriculaire est la cause de l’arythmie complète, qui est souvent longtemps bien supportée.
c) Le bloc auriculo-ventriculaire, dans lequel la conduction est supprimée entre les oreillettes et les ventricules, se traduit par un rythme auriculaire normal et un rythme ventriculaire lent, indépendants l’un de l’autre (pouls lent permanent). Les ondes P se produisent à cadence physiologique normale. Les complexes QRS survenant sans rapport avec les ondes P sont très espacés.
• Les troubles de la conduction intra-ventriculaire. Les blocs de branches sont caractérisés par une augmentation de la durée de QRS, un segment S-T et une onde T de sens opposé à la déflexion principale de QRS, un retard de la déflexion intrinsécoïde (RS), en dérivations précordiales.
Si l’électrocardiogramme fournit des renseignements importants, voire indispensables comme dans le diagnostic de l’infarctus du myocarde, il ne représente cependant qu’un des éléments de l’examen cardiaque à côté de la clinique et de la radiologie.
J.-L. S.
D. Clément, Comment lire et interpréter un électrocardiogramme (Éd. Foucher, 1951 ; nouv. éd., 1963). / M. Thaon, Notions fondamentales d’électrocardiographie normale et pathologique (Maloine, 1955). / R. Rullière, Électrocardiographie pratique (Masson, 1969).