Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Duparc (Henri) (suite)

 O. Séré, Musiciens français d’aujourd’hui (Mercure de France, 1911 ; nouv. éd., 1921). / C. Oulmont, Musique de l’amour, t. II : Henri Duparc (Desclée De Brouwer, 1935). / F. L. Merle, Psychologie et pathologie d’un artiste : H. Duparc (Delmas, 1936). / P. Landormy, la Musique française de Franck à Debussy (Gallimard, 1944). / Henri Duparc, une amitié mystique, d’après ses lettres à Francis Jammes (Mercure de France, 1944). / G. Samazeuilh, Musiciens de mon temps (Renaissance du livre, 1948).

Dupleix (Joseph François)

Administrateur colonial français (Landrecies 1696 - Paris 1763).


Baptisé le 1er janvier 1697, Dupleix naquit dans les derniers jours de 1696. Il était le fils d’un haut fonctionnaire, contrôleur général, qui sera chargé d’administrer en 1698 la manufacture des tabacs de Ploujean, près de Morlaix. Les bénéfices de cet établissement étant réservés à la Compagnie des Indes, le gérant de ces fonds était bien placé pour faire entrer son fils dans cet organisme.

En 1722, Joseph François Dupleix s’embarque pour l’Inde avec une nomination d’importance, celle de premier conseiller au Conseil supérieur de Pondichéry. Prudent, il ne s’impose pas. Sa nomination est d’ailleurs rapportée par Paris. Le Conseil supérieur de Pondichéry lui garde cependant une fonction de simple conseiller et l’initie à la diplomatie subtile de la Compagnie des Indes. Mais Dupleix entre peu à peu en conflit avec le gouverneur, Pierre Christophe Lenoir. La Compagnie donne tort à ce dernier, qui est cassé (1729). En 1730, Dupleix est nommé gouverneur de Chandernagor : il va transformer cette pauvre loge en une petite ville coquette, tout en développant considérablement sa fortune par le commerce « d’Inde en Inde », comme le veut la tradition (en fait, les dirigeants locaux de la Compagnie des Indes ne sont pas rémunérés). Il épouse en 1741 la veuve de son ami Jacques Vincens : cette belle métisse va, par sa connaissance de l’Inde, rendre d’immenses services au gouverneur de Chandernagor et faciliter ses interventions dans les affaires locales. Ces immixtions sont, d’autre part, très favorisées par la dégénérescence de l’empire du Grand Moghol : ainsi, ce dernier en vient à accorder à Dupleix le titre de nabāb, dignité princière de première importance. Peu après, au début de 1742, Dupleix regagne Pondichéry : il vient d’être nommé gouverneur général des Établissements français dans l’Inde. Il doit bientôt faire face aux problèmes posés par la guerre de Succession d’Autriche, qui met les possessions françaises à la merci des Anglais, maîtres des mers. Grâce à la petite flotte du gouverneur de l’île de France, Mahé de La Bourdonnais, une escadre ennemie est repoussée (8 juill. 1746), ce qui prélude à la prise, par ce dernier, de Madras, la capitale des Établissements anglais de la péninsule (21 sept. 1746). Un violent conflit, dû au flou qui entoure la définition de leurs responsabilités, oppose alors La Bourdonnais à Dupleix : le premier s’engage à rendre Madras contre rançon, mais ses navires sont ravagés par un ouragan, et il n’a plus aucun moyen pour imposer sa volonté à son rival, qui garde la ville. À la fin de la guerre franco-anglaise, l’énergie de Dupleix permet de repousser les troupes d’Edward Boscawen, qui ont tenté de s’emparer de Pondichéry (fin juill. - fin sept. 1748). La paix d’Aix-la-Chapelle (18 oct. 1748) oblige à rendre Madras. Cependant, la prise de cette ville avait fourni à Dupleix l’occasion d’intervenir militairement dans les affaires indigènes avec un succès inespéré : le suzerain théorique de Madras, Anaverdi-Khān, exigeait qu’on lui restitue la place forte. Mais les troupes de son fils furent écrasées sur la rivière Adyār le 4 novembre 1746.

Après la paix avec les Anglais, Dupleix conserve, avec sa petite armée, l’instrument qui va lui permettre de dominer la moitié du Deccan en s’introduisant dans l’inextricable réseau d’intrigues d’un monde en pleine décomposition féodale. Ainsi, dès 1749, une victoire remportée sur Anaverdi-Khān soumet à l’influence française la moitié du Carnatic. Par sa victoire sur Nāṣir Jang (15 déc. 1750), Dupleix place son protégé Muẓaffar Jang à la tête de six grands « Ṣubab » (provinces) du Deccan et le fait seconder (et surveiller) par le marquis de Bussy.

L’expansion de la France et de son commerce dans l’intérieur de l’Inde menace directement celle des Anglais, qui réagissent bientôt : dirigés par Robert Clive, ils occupent une partie du Carnatic au début de 1752. Le 13 juin 1752, l’armée française commandée par Law de Lauriston, qui appuie notre allié Chanda Sāhib, capitule, dans une île de la Kāviri, devant une coalition formée par les Anglais et Muhammad ‘Alī. L’œuvre de Dupleix s’effondre malgré quelques contre-offensives heureuses : son entreprise démesurée alarme de plus en plus la Compagnie des Indes ; à Paris, ses nombreux ennemis obtiennent sa perte. Charles Robert Godeheu de Zaimont, débarqué à Pondichéry le 1er août 1753, relève Dupleix de tous ses titres et fonctions. De retour en France en juin 1754, ce dernier cherche à faire valoir ses droits, qu’il juge considérables, intente un procès à la Compagnie des Indes, mais se heurte en fait à des créanciers de plus en plus agressifs. Il meurt en novembre 1763, et il aura vécu assez pour voir, après la signature du traité de Paris (10 févr. 1763), la ruine presque complète de la puissance française dans l’Inde*.

S. L.

 A. Martineau, Dupleix, sa vie, son œuvre (Éd. géogr. maritimes et coloniales, 1933). / J. Charpentier, Dupleix et l’empire des Indes (Marne, 1937). / G. Jouveau-Dubreuil, Dupleix ou l’Inde conquise (A. Maisonneuve, 1942). / R. Delavignette et C. A. Julien, les Constructeurs de la France d’outre-mer (Corrêa, 1946). / R. Maran, les Pionniers de l’Empire, t. III (A. Michel, 1955).

Duquesne (Abraham, marquis)

Marin français (Dieppe 1610 - Paris 1688).


Fils d’un marin du commerce, il embarque très jeune avec son père. En 1627, il est son second sur le Petit-Saint-André, navire éclaireur de la flotte armée par le roi. Son père étant malade, il prend le commandement du vaisseau et enlève à l’abordage un bâtiment hollandais, le Berger, qu’il ramène à Dieppe et qui lui est attribué par jugement de l’Amirauté. Richelieu l’admet dès lors dans la Marine royale, qu’il est en train de créer. En 1635, Duquesne commande le Neptune en Méditerranée et participe en 1636 à l’opération navale qui permet au roi de reconquérir devant Cannes les îles de Lérins, encore aux mains des Espagnols. Des nombreux marins du xviie s., Duquesne aura la carrière la plus longue et la plus brillante.