Village et site archéologique situé au Viêt-nam du Nord. Dông Son, sur la rive droite du Sông Ma, à 4 km au nord de Thanh Hoa, a donné son nom à un type de culture du bronze propre au Viêt-nam et à l’Asie du Sud-Est.
Faisant suite à des trouvailles fortuites sur le site, des fouilles ont livré, de 1924 à 1930, un matériel archéologique abondant, dont les campagnes méthodiques de 1935-1939 et 1961-62 ont amélioré la connaissance. Trois phases peuvent être ainsi distinguées : au cours de la première, des populations de souche indonésienne, probablement métissées d’éléments thaïs et chinois, habitent des maisons sur pilotis. Elles pratiquent la chasse et la pêche, cultivent le riz et élèvent le buffle et le porc. C’est au cours de la deuxième phase seulement, vers 500 av. J.-C., qu’apparaîtrait, après une période d’élaboration encore mal connue, une culture du bronze originale et évoluée. Sont associés aux bronzes une poterie richement décorée, des ornements d’os et de nacre, de rares objets de fer et un peu de matériel lithique. Vers les débuts de l’ère chrétienne, la phase finale (période dite « de Lach Truong ») révèle, en accord avec l’évolution historique, une forte influence chinoise, peut-être assortie de quelques apports du Proche-Orient. Possible conséquence de l’expédition répressive du général chinois Ma Yuan, la culture de Dông Son disparaîtrait avant la fin du ier s.
Exécutés à cire perdue, souvent en plusieurs pièces soudées, les bronzes de Dông Son sont d’une grande variété : armes (pointes de flèches et de lances, poignards, épées courtes, haches de types divers), pièces de parure et d’équipement, récipients (bols, bassins, situles, urnes avec ou sans couvercle), matériel rituel (sonnailles, cloches, figurines, peut-être certaines haches pédiformes et surtout tambours, dont certains, de taille réduite, avaient une destination funéraire). Le décor, très stylisé, associe figures géométriques, édifices, pirogues et représentations animées (cervidés, échassiers, paysans, personnages emplumés...). Ce décor évoque des croyances totémiques, des rites agraires et funéraires où les tambours de bronze paraissent avoir joué un rôle essentiel. Rencontrés dans toute l’Asie du Sud-Est, ces tambours ont conservé, sous une forme et avec des décors évolués, une grande importance pour diverses minorités ethniques (tambours de pluie).
Attestée, grâce aux fouilles récentes, en de nombreux sites du Viêt-nam du Nord, surtout localisée en bordure des fleuves, la culture de Dông Son semble avoir rayonné sur l’ensemble de l’Asie du Sud-Est et avoir inspiré deux écoles au moins. L’une, méridionale (Cambodge, Malaisie, Indonésie), paraît posséder quelques formes propres et un bestiaire particulier. L’autre, septentrionale (sud du Yunnan [Yun-nan]), beaucoup plus réaliste, excelle dans la représentation des figures en mouvement, des animaux surtout.
J. B.
➙ Viêt-nam.
F. Heger, Alte Metalltrommeln aus Südost-Asien (Leipzig, 1902 ; 2 vol.). / V. Goloubew, l’Âge du bronze au Tonkin et dans le Nord-Annam (Hanoï, 1929). / O. R. T. Janse, Archaeological Research in Indo-China (t. I et II, Cambridge, Mass., 1947-1951 ; t. III, Bruges, 1958). / Lê van Lan, Pham van Kinh et Nguyên-Linh, Premiers Témoignages reconnus sur l’âge du bronze au Viêt-Nam (en vietnamien, Hanoï, 1963).