Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclisme (suite)

Tous les coureurs français, qu’ils soient amateurs ou professionnels, doivent solliciter une licence à la Fédération française de cyclisme. Cette licence régularise l’inscription des coureurs dans les compétitions en même temps qu’elle les assure contre les risques d’accidents. Les coureurs amateurs appartiennent à des clubs qui leur proposent une éducation sportive spécialisée dans la mesure de leurs moyens et leur fournissent une certaine assistance matérielle. Les coureurs professionnels appartiennent à des groupes sportifs pour lesquels ils acceptent, moyennant salaires ou autres primes, de jouer un rôle publicitaire. Les marques de cycles, incapables d’assurer le budget d’une équipe, qui avoisine ou dépasse un million de francs par an, abandonnent peu à peu les groupes sportifs à des firmes commerciales étrangères au cyclisme. De grandes marques d’appareils électroménagers, de textiles, de voitures, de produits pharmaceutiques ou alimentaires entretiennent ainsi des équipes cyclistes professionnelles placées sous la responsabilité d’un directeur sportif. La très large publicité accordée dans la presse et à la télévision aux performances des champions justifie cet effort financier de l’industrie et du commerce extra-sportifs en faveur du cyclisme.

De nombreuses formules sont mises à l’essai pour éviter une cassure trop nette entre le cyclisme professionnel et amateur. En France, une expérience est en cours qui instaure une nouvelle catégorie de coureurs « indépendants », admis à concourir à la fois avec les amateurs et les professionnels. Les limites d’âge font aussi l’objet de discussions nombreuses et de réglementations diverses d’un pays à un autre. La première compétition n’est autorisée, en France, qu’à l’âge de quatorze ans, qui correspond à la catégorie des minimes. Cette décision est contestée par ceux qui considèrent que l’effort cycliste est trop violent pour un adolescent de moins de seize ans. Elle est soutenue par ceux qui redoutent qu’avant l’âge de seize ans les jeunes ne soient sollicités et retenus définitivement par d’autres sports.

Enfin, il faut préciser que les cyclistes féminines, en plus grand nombre dans les pays de l’Est, sont toutes classées dans la catégorie des amateurs et courent exclusivement entre elles. Il n’existe pas d’épreuves cyclistes mixtes.


La technique

Le coureur cycliste s’efforce d’obtenir le meilleur rendement de sa machine et de s’affranchir des contraintes imposées par la complexité mécanique de celle-ci. Il accorde, par conséquent, un soin particulier au choix de son matériel en considérant que les qualités indispensables d’une bicyclette de compétition sont, d’une part, sa rigidité, d’autre part, sa légèreté. Une bicyclette de course type « Tour de France » pèse de 9 à 11 kg, une bicyclette de piste environ 8 kg.

Les dimensions du cadre sont déterminées par la taille du cycliste, mais aussi par la longueur relative de son buste et de ses membres inférieurs et supérieurs. Pour obtenir une position correcte en hauteur, le cycliste doit, la jambe tendue au maximum, réussir à pédaler avec le talon sans déhanchement. Pour obtenir une position correcte en cote horizontale, le cycliste doit, en collant son coude au bec de selle, effleurer du poing la potence du guidon.

Les coureurs de haute compétition cherchent à améliorer leur rendement en utilisant des pneus, qu’ils appellent boyaux, de plus en plus fins pour diminuer l’effet d’adhérence sur la route. Les champions emploient couramment des pneus de faible section et d’un poids inférieur à 250 g. Ils s’efforcent aussi de tirer le meilleur profit de la gamme des développements que leur offre le dérailleur, ou changement de vitesses. Le dérailleur, expérimenté depuis le début du siècle par des cyclotouristes, a été admis en compétition en 1928 grâce aux efforts conjugués d’un industriel, Lucien Juy, et d’un champion français, Georges Speicher. Le dérailleur met désormais à la disposition des coureurs dix développements différents grâce à la combinaison d’un changement de vitesses à l’avant portant sur deux pédaliers et d’un changement de vitesses à l’arrière portant sur cinq pignons.

On peut admettre que, depuis une dizaine d’années, toutes les bicyclettes de compétition offrent des garanties et des qualités égales. Il est bien acquis que la supériorité d’un champion est le fait de ses qualités physiques et de son entraînement.

L’entraînement moderne consiste à parcourir chaque jour, à des allures variables, des distances allant de 80 à 150 km. Ainsi, avant la première compétition sérieuse de l’année, un coureur cycliste professionnel accomplit environ 4 000 km à l’entraînement. Il respecte aussi une discipline de vie, singulièrement en matière d’alimentation, qui lui est dictée par les conditions particulières de la compétition cycliste. Une épreuve s’étalant sur plus de 6 h (et parfois plus de 7 h) nécessite, en effet, une alimentation rigoureusement sélectionnée en quantité et en qualité. Les progrès incessants de la diététique sportive expliquent en partie l’amélioration des performances réalisées par les cyclistes. Mais, avant de bien maîtriser toutes ces connaissances techniques réservées aux champions, le jeune cycliste doit d’abord apprendre l’art de courir à bicyclette. La façon d’aller à bicyclette à 40 km/h n’a qu’un lointain rapport avec la promenade. Un élément nouveau apparaît avec le cyclisme de compétition : la résistance de l’air, d’autant plus importante que la vitesse est plus grande. À 40 km/h, la résistance de l’air est très sensible pour un cycliste. D’instinct, pour échapper à cette force contraire, celui-ci recherche l’abri derrière un autre cycliste, qui en fait autant avec un troisième, etc., d’où la formation dite « en peloton ». Il arrive souvent que la résistance de l’air ne constitue pas le seul obstacle à l’avancement. Le vent, par exemple, perturbe le bon ordre d’un peloton parce qu’il provoque une autre opposition, une autre force contraire. L’étude d’un cas particulier permet de mieux expliquer les différentes manœuvres qui échappent généralement à l’entendement du grand public.

Lorsque le vent souffle par exemple de trois quarts face, les coureurs sont freinés à la fois par le vent et par la résistance de l’air et, plus exactement, par la résultante de ces deux forces. Pour les physiciens, c’est une application directe, bien qu’inattendue, du parallélogramme des forces.

Pour les coureurs, c’est plus simplement et plus instinctivement la nécessité d’adopter cette formation en coupe-vent qu’ils appellent bordure.