Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclisme (suite)

La bordure est efficace pour lutter contre la résistance des forces R. Elle est aussi impitoyable. La quantité de coureurs admis dans une bordure dépend naturellement de la largeur de la route, mais on peut l’estimer en moyenne à une douzaine. Dans la bordure, l’abri est absolument parfait (c’est-à-dire dans la zone A de la figure). La progression de la bordure est assurée de la façon suivante : le coureur no 1 assure un relais de 100 ou 200 m pendant lequel il subit seul les effets de la force R. Après cet effort, il se laisse glisser derrière le coureur no 2, puis no 3, jusqu’au coureur no 12, dont il prend la place, ce dernier avançant automatiquement d’une place. Le coureur no 2, placé alors en tête de la bordure, assure à son tour un relais, etc., et la bordure progresse par une véritable rotation. Les coureurs qui ne peuvent trouver place dans la bordure et qui luttent dans la zone B effectuent un travail double et inutile, car ils sont condamnés à perdre le contact. La bordure, grâce à des relais courts mais nerveux, se déplace à 50 km/h, alors que les isolés de la zone B sont bloqués par le vent et les remous et se déplacent à 35 ou 40 km/h. Leur seule ressource est d’organiser une deuxième bordure, 100 m derrière la première.

Les coureurs tiennent compte aussi de considérations tactiques dans les épreuves où la course d’équipe est autorisée. Cette stratégie, contrôlée sinon suggérée par un capitaine d’équipe ou par un directeur sportif qui suit la course à bord d’une voiture, vise, notamment, à contrôler les tentatives d’échappée et à placer dans les meilleures conditions de victoire le meilleur homme de l’équipe. Toutes ces manœuvres sont surveillées par un directeur de course qui veille à la stricte application des règlements pour assurer la régularité de la compétition.


Les grandes compétitions

Pour les amateurs comme pour les professionnels, il existe d’abord une catégorie d’épreuves officielles directement placées sous la responsabilité des fédérations. Ce sont les championnats nationaux, organisés chaque année dans chaque pays, et les championnats du monde, confiés chaque année à un pays désigné par le comité directeur de l’Union cycliste internationale. Les championnats sur route des amateurs sont courus sur une distance de 150 à 180 km, les championnats sur route des professionnels sur une distance de 250 à 280 km. Tous les 4 ans, les coureurs amateurs se disputent aussi le titre de champion olympique.

En dehors des confrontations officielles, les coureurs amateurs s’affrontent le plus souvent dans des épreuves nationales. Toutefois, depuis 1950, un effort est entrepris par certaines nations qui mettent sur pied des confrontations internationales à l’occasion de courses à étapes. La plus célèbre et la plus convoitée de ces épreuves est la Course de la Paix, organisée conjointement par la République démocratique allemande, la Tchécoslovaquie et la Pologne sur des routes joignant Berlin-Est à Prague et Varsovie. La France propose aux meilleurs amateurs du monde le Tour de France de l’avenir, une course étalée sur douze étapes environ, dont la formule est la même que celle du célèbre Tour de France, réservé aux professionnels.

La plus grande publicité est accordée aux organisations professionnelles, qui ont le mérite, il est vrai, de réunir les meilleurs champions. Les épreuves professionnelles peuvent être réparties en trois classes.


Les classiques

Une classique est une course de ville à ville longue d’au moins 200 km, disputée en un seul jour en une période fixe de l’année. Les classiques internationales sont, en Italie : Milan - San Remo et le Tour de Lombardie ; en Belgique : le Tour des Flandres, la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège (la doyenne des classiques, puisque sa première édition remonte à 1891) ; en France : Paris-Roubaix et Paris-Tours. L’Italie, la Belgique et la France, suivies de l’Espagne, de la Suisse, de la Hollande, du Luxembourg et de l’Allemagne fédérale, sont les principaux pays organisateurs de courses professionnelles. Les coureurs italiens se rencontrent, notamment, dans le Tour du Piémont, le Tour de Romagne, le Tour de Campanie, Milan-Turin, les Trois Vallées varésines ; les Belges, dans Gand-Wevelgem, le Tour du Limbourg, les Régions flamandes ; les Français, dans le Critérium national, Gênes-Nice et les Boucles de la Seine.

Les épreuves classiques favorisent surtout les coureurs rapides capables de s’imposer au cours du sprint final, ou les rouleurs capables de mener à bon terme une échappée solitaire.


Les courses à étapes

L’idée de proposer une épreuve étalée sur plusieurs jours revient au Français Henri Desgrange et remonte à 1903. Le Tour de France, avec sa vingtaine d’étapes, est considéré, à juste titre, comme la course la plus significative du calendrier international. Après lui, le Tour d’Italie (Giro) et le Tour d’Espagne (Vuelta) bénéficient d’une popularité de plus en plus grande. Le Tour de Belgique, le Tour de Suisse et le Tour du Luxembourg ont une audience plus restreinte. Les Tours d’Allemagne et de Hollande, contrariés par des difficultés d’organisation, sont intermittents et donc moins sérieux. Chacune des grandes nations traditionnelles du cyclisme propose d’autres courses à étapes de moindre retentissement : en France, Paris-Nice, le Critérium du « Dauphiné libéré », le Prix du « Midi libre », le Tour de l’Oise ; en Italie, le Tour de Sardaigne ; en Suisse, le Tour de Romandie ; en Espagne, le Tour de Catalogne et le Grand Prix d’Eibar. Les courses à étapes récompensent les coureurs complets, car leurs parcours variés font appel à toutes les qualités.


Les courses spécialisées

Un certain nombre d’épreuves proposent une formule spéciale ou un parcours spécial. Ainsi, les courses de côte, réduites à un faible kilométrage, sont disputées sur des pentes à fort pourcentage. Les plus connues sont en France la Polymultipliée (créée pour servir de banc d’essai au matériel et surtout au dérailleur) et le Mont Faron ; en Suisse, la Course à travers Lausanne ; en Espagne, le Grand Prix d’Arrate.