Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Crucifères (suite)

Sous-famille des Alyssées

Les Cheiranthus rassemblent vingt espèces méditerranéennes : la plus connue est C. cheiri (ou Giroflée jaune, Ravenelle), à fleurs jaunes, brunes, brun rouge ou violettes. Les Matthiola (70 espèces) sont originaires du Bassin méditerranéen ; c’est surtout à partir de M. annua (Giroflée Quarantaine), mais aussi de M. fenestralis et de M. incana que l’on a sélectionné les variétés employées dans nos jardins ; ces Quarantaines fleurissent les unes en fin d’hiver et d’autres en été. La Lunaire bisannuelle, ou Monnaie-du-Pape, est cultivée comme plante d’ornement, mais elle est surtout remarquable par ses fruits, dont il ne reste plus, à maturité, que la cloison médiane translucide, qui a environ de 3 à 4 cm de diamètre ; la partie supérieure de l’inflorescence de cette plante sert alors dans la confection des bouquets secs.

Le genre Alyssum (150 espèces, dont une quinzaine en France), surtout originaire du Bassin méditerranéen, possède des fleurs jaunes ou blanches. A. spinosa, qui vit dans les rochers et les éboulis des basses montagnes méditerranéennes, prend dans les stations les plus arides une forme en demi-coupole comme des coussins épineux, parfaitement typique de certains groupements xérothermiques.

Les genres Draba (200 espèces, dont 10 en France) et Erophila (1 espèce) rassemblent de très petites plantes de quelques centimètres de haut. Celles-ci sont surtout connues par les études que le botaniste lyonnais Alexis Jordan (1814-1897) a faites sur elles. En effet, sur Draba verna (= Erophila verna), il a pu démontrer que l’on était en présence d’une « espèce collective, espèce linnéenne » réunissant plus de deux cents espèces élémentaires (« jordanons ») qui, génétiquement, transmettent leurs caractères propres à leurs descendants. Ces « petites espèces », bien distinctes mais toujours assez difficiles à identifier, ont non seulement des caractéristiques morphologiques propres, mais aussi des différences écologiques, phytogéographiques et même physiologiques. La découverte de ces divisions dans les espèces collectives a eu une portée énorme en systématique ; en effet, trouvées d’abord dans le genre Erophila, elles ont pu être mises en évidence dans beaucoup d’autres espèces végétales : Pin maritime, Eucalyptus divers, Geranium silvaticum, Plantago media, Champignons (Puccinia graminis)...


Sous-famille des Brassicées

Dans cette sous-famille, plusieurs genres ont un rôle alimentaire et industriel important : Brassica, Sinapis et Raphanus.

Le genre Brassica (Chou) possède une centaine d’espèces, dont six en France ; ce sont des herbes annuelles ou vivaces très abondamment représentées dans toute la région méditerranéenne. C’est surtout à partir de trois espèces et de leurs variétés que toutes les races et les cultivars ont été créés : B. oleracea (de beaucoup la plus importante), B. napus et enfin B. rapa ; B. o. var. bullata et var. acephala sont respectivement les souches des Choux verts pommés ou non ; de B. o. var. capitata dérive le Chou de Milan à feuilles cloquées ; le Chou de Bruxelles, dont la tige est couverte de bourgeons où s’accumulent une quantité importante de matières de réserves, provient de B. o. var. gemmifer ; pour les Choux-Fleurs et les Brocolis (de B. o. var. botrytis), les réserves sont accumulées dans l’inflorescence jeune : ils vivent surtout dans les pays à températures hivernales peu rigoureuses ; aussi prospèrent-ils en Bretagne, où les Brocolis constituent plus des trois quarts de la production. À B. o. var. caulo-rapa correspond le Chou-Rave, dont la base de la tige aérienne est considérablement renflée : il s’y accumule une quantité importante de substances de réserves. Tout à côté de cette variété se place B. campestris, qui est une autre espèce et dont la variété napobrassica possède une racine renflée ; suivant la couleur des tissus de réserves, on distingue les Choux-Navets, à chair blanche, et les Rutabagas, à chair jaune ; ce sont des plantes qui servent surtout de fourrage et qui ne sont apparues comme aliment humain que pendant les périodes d’austérité. À partir de B. napus var. esculentus dérive la grande majorité des cultivars du Navet ; le tubercule (ici une racine tubérisée) était souvent consommé avant l’arrivée de la Pomme de terre sur les marchés européens. C’est surtout par la forme de ces racines renflées (racines napiformes) que l’on classifie les différents cultivars alimentaires (Navets plats ou ronds, demi-longs et longs).

La variété B. n. var. oleifera correspond au Colza. On extrait de ses graines une huile, qui servait autrefois pour l’éclairage et qui, peu à peu, entre dans la consommation courante ; on en tire également des tourteaux qui sont employés pour l’alimentation du bétail et comme engrais. En France, la culture du Colza, presque entièrement disparue avant la Seconde Guerre mondiale, prend maintenant un essor important, surtout dans le Nord.

Parmi les six espèces de Sinapis (elles vivent toutes en France), deux sont employées dans l’industrie alimentaire : ce sont S. alba et surtout S. nigra ; c’est à partir de leurs graines broyées que l’on fait la moutarde ; les graines, dont la farine sert en médecine de révulsif sous forme de cataplasme ou de sinapisme, contiennent un glucoside sulfo-azoté : la sinigrine. Les Radis sélectionnés actuellement proviennent de Raphanus sativus, cultivé en Orient et au Proche-Orient depuis des millénaires. C’est le collet (organe intermédiaire entre la tige et la racine) qui, dans cette espèce, se développe : il se remplit de saccharose, et sa peau est colorée en rouge, en blanc, en jaune ou en noir ; les cultivars se classent en Radis vrais (que l’on range suivant leur forme) et en Radis-Raves (ou Raiforts), ordinairement plus gros. À côté de ces genres, il faut citer encore dans cette sous-famille les Cakiles (6 espèces) et les Crambes (30 espèces), dont deux espèces vivent sur nos côtes : la première dans les stations sableuses de toutes les côtes de l’Europe occidentale et de la Méditerranée ; la seconde, le Chou marin, dans les stations où prédominent les galets, surtout sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord.