Côte-d’Or. 21 (suite)
La Saône, régulière, est navigable depuis toujours ; la voie terrestre qui la suit à distance, au pied de la Côte, a eu au moins autant d’importance : elle conduisait de Chalon, du Midi, vers les pays du Nord par les vallées de la Meuse et de la Marne. Cet axe méridien est coupé de routes qui conduisent du centre du Bassin parisien vers le Midi, la Suisse ou l’Italie : les itinéraires sont nombreux. Des oppida, comme celui d’Alésia, les commandaient autrefois. Des villes de plaine leur succédèrent. Entre Beaune et Dijon, l’histoire hésita longtemps : les deux cités disposent de facilités analogues. La route avantageait Beaune, le rail et le canal ont profité à Dijon, mais, aujourd’hui, l’autoroute A 7 redonne à Beaune le rôle de carrefour primordial.
L’indécision des itinéraires transversaux explique la lente formation de ce qui est aujourd’hui la Côte-d’Or : le département n’est pas l’héritier lointain d’un pagus gallo-romain. Les cités de Langres et d’Autun se partageaient son territoire, et leur limite passait par Dijon. L’unité administrative dont on a fait le département témoigne du rôle croissant, au sein de la Bourgogne, de la ville de Dijon, préférée, vers la fin du Moyen Âge, à Beaune.
La variété dès aptitudes et des terroirs favorisait l’agriculture traditionnelle. Les communications étaient faciles vers Lyon et Paris. Le minerai de fer épars sur les plateaux du Châtillonnais et le bois de ses forêts avaient donné naissance à une métallurgie active. La prospérité du vignoble était éclatante.
L’évolution contemporaine a desservi une bonne part du département : la céréaliculture a été ruinée, et la métallurgie n’a guère subsisté qu’à Montbard. L’économie archaïque du Morvan périclite. L’Auxois a trouvé dans l’embouche une spéculation intéressante, mais qui ne retient guère de monde à la terre : tout l’ouest du département s’est vidé (toutes les parties hautes). Longtemps, la prospérité maintenue du vignoble et celle des terres grasses du pays bas n’ont pas suffi à compenser les pertes enregistrées à l’ouest.
L’agriculture de ces zones de l’Est présente un curieux contraste : par ses grands labours (la place du blé, de la betterave à sucre), elle est proche de celle des meilleurs terroirs du Bassin parisien. Mais les cultures maraîchères ici, celles des petits fruits ou du houblon ailleurs, la présence du vignoble enfin le long de la Côte multiplient les secteurs de mise en valeur très intensive.
Dijon domine la vie urbaine. Mais, de plus en plus, les activités qui viennent s’installer dans la région profitent aux petits centres de la plaine, dans un rayon de 30 km autour de Dijon : ainsi se constitue une région de peuplement urbain et industriel d’un poids notable dans le centre-est, si mal occupé, de la France. Son équipement en services est excellent, et sa desserte par les grandes voies modernes est bonne. Des activités de pointe, comme la construction électronique, s’implantent.
P. C.
➙ Beaune / Bourgogne / Dijon.