Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Côte-d’Or. 21 (suite)

La Saône, régulière, est navigable depuis toujours ; la voie terrestre qui la suit à distance, au pied de la Côte, a eu au moins autant d’importance : elle conduisait de Chalon, du Midi, vers les pays du Nord par les vallées de la Meuse et de la Marne. Cet axe méridien est coupé de routes qui conduisent du centre du Bassin parisien vers le Midi, la Suisse ou l’Italie : les itinéraires sont nombreux. Des oppida, comme celui d’Alésia, les commandaient autrefois. Des villes de plaine leur succédèrent. Entre Beaune et Dijon, l’histoire hésita longtemps : les deux cités disposent de facilités analogues. La route avantageait Beaune, le rail et le canal ont profité à Dijon, mais, aujourd’hui, l’autoroute A 7 redonne à Beaune le rôle de carrefour primordial.

L’indécision des itinéraires transversaux explique la lente formation de ce qui est aujourd’hui la Côte-d’Or : le département n’est pas l’héritier lointain d’un pagus gallo-romain. Les cités de Langres et d’Autun se partageaient son territoire, et leur limite passait par Dijon. L’unité administrative dont on a fait le département témoigne du rôle croissant, au sein de la Bourgogne, de la ville de Dijon, préférée, vers la fin du Moyen Âge, à Beaune.

La variété dès aptitudes et des terroirs favorisait l’agriculture traditionnelle. Les communications étaient faciles vers Lyon et Paris. Le minerai de fer épars sur les plateaux du Châtillonnais et le bois de ses forêts avaient donné naissance à une métallurgie active. La prospérité du vignoble était éclatante.

L’évolution contemporaine a desservi une bonne part du département : la céréaliculture a été ruinée, et la métallurgie n’a guère subsisté qu’à Montbard. L’économie archaïque du Morvan périclite. L’Auxois a trouvé dans l’embouche une spéculation intéressante, mais qui ne retient guère de monde à la terre : tout l’ouest du département s’est vidé (toutes les parties hautes). Longtemps, la prospérité maintenue du vignoble et celle des terres grasses du pays bas n’ont pas suffi à compenser les pertes enregistrées à l’ouest.

L’agriculture de ces zones de l’Est présente un curieux contraste : par ses grands labours (la place du blé, de la betterave à sucre), elle est proche de celle des meilleurs terroirs du Bassin parisien. Mais les cultures maraîchères ici, celles des petits fruits ou du houblon ailleurs, la présence du vignoble enfin le long de la Côte multiplient les secteurs de mise en valeur très intensive.

Dijon domine la vie urbaine. Mais, de plus en plus, les activités qui viennent s’installer dans la région profitent aux petits centres de la plaine, dans un rayon de 30 km autour de Dijon : ainsi se constitue une région de peuplement urbain et industriel d’un poids notable dans le centre-est, si mal occupé, de la France. Son équipement en services est excellent, et sa desserte par les grandes voies modernes est bonne. Des activités de pointe, comme la construction électronique, s’implantent.

P. C.

➙ Beaune / Bourgogne / Dijon.

Côtes-du-Nord. 22

Départ. de la Région Bretagne, sur la Manche ; 7 218 km2 ; 525 556 hab. Ch.-l. Saint-Brieuc. S.-préf. Dinan, Guingamp, Lannion.


Ce département est le moins peuplé de la Bretagne. En un siècle (1866-1968), il a perdu plus du cinquième de sa population, qui s’est cependant accrue d’environ 20 000 unités de 1968 à 1975 et dont le taux de croissance se rapproche aujourd’hui de la moyenne nationale et de celui de la Région Bretagne. Il est formé de deux régions distinctes par la langue : pays breton à l’ouest d’une ligne Saint-Brieuc-Loudéac, et pays gallo à l’est. En outre, le département englobe les parties orientales des monts d’Arrée et de la Montagne Noire ainsi qu’une moitié du plateau de Rohan au sud. Ces hautes terres de la Bretagne centrale dominent une bande de plateaux littoraux coupés en deux par la zone déprimée de la baie de Saint-Brieuc. Les altitudes supérieures à 200 m sont plus étendues que dans les autres départements bretons.

La côte est très découpée. Cependant, les grandes lignes du relief sont relativement simples, d’origine tectonique ; par contre, le découpage de détail résulte d’un envahissement d’une partie du continent par les eaux marines. Cette transgression flandrienne du Quaternaire a mis à profit la médiocrité et la différenciation du relief, en particulier l’alternance des roches dures et tendres, les dépressions tectoniques : caps et îlots sont les hauteurs d’une topographie continentale. La côte fourmille d’écueils et d’îlots ; Bréhat est la seule île importante. Le flot remonte très profondément dans les estuaires, les rias, qui s’élargissent dans les roches tendres et percent en cluses les roches dures. Le cap Fréhel correspond à un promontoire de grès rouge très résistant, tandis que la baie de la Frenaye a été déblayée dans les schistes briovériens. La forme en V de la baie de Saint-Brieuc s’explique par un accident tectonique, le plateau du Trégorrois-Goëllo se terminant brutalement par une falaise (100 m à Plouha). Déblaiement des coulées de solifluxion, attaque des pointes rocheuses, envasement des fonds de baies témoignent d’une régularisation du littoral. Les plateaux littoraux s’opposent nettement aux hautes terres de la Bretagne centrale. Le plateau du Trégorrois-Goëllo s’avance dans la Manche entre la baie de Saint-Brieuc et celle de Lannion. Il est profondément entaillé par les vallées encaissées du Léguer, du Jaudy et du Trieux. Il s’abaisse progressivement vers la mer. Limons, décomposition des roches volcaniques, altération des schistes, amendements marins ont créé des conditions favorables à l’agriculture (sauf dans le Goëllo, plus pauvre en limon). La principale région légumière est comprise entre Lézardrieux et Paimpol (choux-fleurs, haricots). La polyculture (blé, pommes de terre de semence) s’associe partout à l’élevage bovin. L’activité maritime est très réduite. La pêche lointaine a disparu, entraînant le déclin de Paimpol. La récolte du maërl et l’ostréiculture procurent quelques ressources. Perros-Guirec, Trébeurden, Binic, Saint-Quay-Portrieux sont des stations balnéaires. Tréguier et Portrieux, villes d’estuaires, ont fait fonction de port. Guingamp, marché agricole, et Lannion connaissent une expansion industrielle depuis l’installation du C. N. E. T. (Centre national d’études des télécommunications) [radôme de Pleumeur-Bodou].