Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Côte-d’Ivoire (suite)

Une hiérarchie commerciale s’instaure ; les dioula, terme par lequel on désigne couramment tous les petits colporteurs africains quelle que soit leur origine ethnique, se répandent dans tout le pays ; des Libanais, arrivés dans les années 20, monopolisent le commerce de distribution dans les petits centres et la collecte des produits exportables. Les grandes sociétés, comme la S. C. O. A. (Société commerciale de l’Ouest africain), la C. F. A. O. (Compagnie française de l’Afrique occidentale), Peyrissac, se contentent des bénéfices fournis par les échanges entre l’Europe et l’Afrique en réduisant au minimum leurs investissements. L’industrialisation, elle, reste très limitée.

Dans le souci de fournir à l’administration et au commerce les commis nécessaires, des écoles sont créées, théoriquement dans tous les cercles. L’école supérieure primaire et commerciale de Bingerville permet de compléter des études rudimentaires. Les missions catholiques, appelées par Binger, ouvrent également quelques écoles. Mais le christianisme n’obtient de succès que dans la zone côtière. En 1914, un prophète africain venu du Liberia prêche une nouvelle religion syncrétique, le harrisme, qui connaît une grande faveur.


L’indépendance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Administration renforce les contraintes du travail forcé. Mais les planteurs ivoiriens commencent à s’organiser pour défendre leurs droits. En 1944, un jeune médecin sorti de l’école de médecine de Dakar et appartenant à une famille de chefs baoulés de Yamoussoukro, Félix Houphouët-Boigny (né en 1905), prend la tête du « syndicat agricole africain », premier mouvement ivoirien dépassant le cadre des résistances ethniques. En 1945, les premières élections ont lieu à Abidjan pour la désignation des représentants africains dans la commune mixte. Houphouët-Boigny y est élu comme il le sera peu après à l’Assemblée nationale française. En 1946, il fonde le Rassemblement démocratique africain, qui dépasse les limites de la Côte-d’Ivoire. L’agitation politique s’étend alors, surtout en 1949. Des personnalités du R. D. A., dont l’écrivain Bernard Dadié (né en 1916), sont arrêtées et jugées à Grand-Bassam.

Houphouët-Boigny, qui a reçu l’appui du parti communiste français dès 1945, rompt cette alliance en 1951 et, au sein du gouvernement français, où il occupe à deux reprises un poste ministériel, participe à l’élaboration de la décolonisation. La Côte-d’Ivoire franchit les différentes étapes de l’indépendance : autonomie prévue par la loi-cadre en 1956, indépendance dans le cadre de la Communauté en 1958, accession à la complète souveraineté nationale le 8 août 1960. Le gouvernement du président Houphouët-Boigny s’applique à ménager les transitions ; les anciens cadres restent en place, au moins comme conseillers techniques, jusqu’à ce que leurs successeurs ivoiriens aient acquis la compétence nécessaire. L’indépendance n’entraîne aucune rupture avec l’ancienne puissance colonisatrice.

La Côte-d’Ivoire reste un des États africains les plus stables, malgré des troubles universitaires en 1969 ; son développement économique rapide est symbolisé par l’accroissement spectaculaire de sa capitale, Abidjan*.

Sur le plan extérieur, pour Houphouët-Boigny, favorable au rapprochement avec l’Occident, hostile à la pénétration soviétique sur le continent, la prospérité ivoirienne, fondée sur le libéralisme, dépend essentiellement du maintien de la paix en Afrique. Aussi, il se déclare partisan résolu du dialogue dans tous les domaines, et en particulier sur le problème de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud.

C. F.

➙ Afrique noire / Empire colonial français.

 G. Loyer, Relation du royaume d’Issygny, Côte d’or, païs de Guinée en Afrique (Seneuze et Morel, 1714). / L. G. Binger, Du Niger au golfe de Guinée (Hachette, 1892 ; 2 vol.). / F. J. Amon d’Aby, la Côte-d’Ivoire dans la cité africaine (Larose, 1951). / D. Desanti, Côte-d’Ivoire (Rencontre, Lausanne, 1962). / P. Duprey, Histoire des Ivoiriens (Abidjan, 1962). / G. Rougerie, la Côte-d’Ivoire (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 3e éd., 1972). / S. Amin, le Développement du capitalisme en Côte-d’Ivoire (Éd. de Minuit, 1967). / J.-B. Blaise et J. Mourgeon, Lois et décrets de Côte-d’Ivoire (Libr. techniques, 1970). / P. A. Akoi, l’Administration du travail en Côte-d’Ivoire (Libr. techniques, 1974).

Côte-d’Or. 21

Départ. de la Région Bourgogne ; 8 765 km2 ; 456 070 hab. Ch.-l. Dijon. S.-préf. Beaune et Montbard.


La Côte-d’Or constitue un des plus vastes départements de la France de l’Est. C’est aussi un des plus variés. Pour la moitié de sa superficie, il appartient aux plateaux sédimentaires du Bassin parisien. Le versant oriental du Morvan le rattache au Massif central, cependant que la réapparition du socle ancien à la carrière de Blaisy-Bas montre que la « Montagne », la « Côte » et l’« Arrière-Côte », qui séparent les deux penchants du département, sont armées par un bombement structural entre Vosges et Massif central. Les plaines de la Saône, plus régulières au sud, entre Beaune et Seurre, plus onduleuses au nord, entre Is-sur-Tille et Pontailler-sur-Saône, annoncent à la fois certains bassins d’Europe centrale et, par leur luminosité plus affirmée, les plaines du Rhône.

Le cadre est varié, mais sans excès. Le Morvan domine vigoureusement l’Auxois, mais il doit plus son originalité à ses sols pauvres, à ses taillis qu’à ses formes. Le Châtillonnais et la Montagne sont faits de plateaux pierreux, couverts de bois maigres, et de fronts de côtes mal venus, au-dessus d’étroites vallées ou de dépressions où se logent des villages frileux et sévères construits de menus moellons gris. L’Auxois est plus ouvert, et la richesse de ses prairies en fait un pays aimable. La Côte et l’Arrière-Côte, au sud de Dijon, sont plus animées que la Montagne, qui leur fait suite au nord : on y trouve les mêmes bois mal venus, les mêmes sols indigents, mais les escarpements sont plus hardis, les dépressions plus amples (celle de l’Ouche, en arrière de Dijon, en particulier), et la Côte d’Or, très ferme, commande l’horizon dégagé des plaines de la Saône.

La continentalité de la région basse est déjà marquée, alors que le Morvan et le Châtillonnais sont plus océaniques, plus humides et plus rudes aussi à cause de l’altitude. La Côte bénéficie d’un ensoleillement élevé, ce qui explique l’apparition d’espèces déjà méridionales, méditerranéennes parfois, et a fait la fortune du vignoble.