Côte d’Azur (suite)
Dans la vieille tradition du xixe s. et même si elle n’est plus le fait de quelques privilégiés, la clientèle étrangère contribue largement à la renommée de la Côte d’Azur et participe aux investissements. Les Britanniques constituent toujours un groupe important, mais le nombre des touristes belges et surtout américains a récemment beaucoup augmenté. Les voisins italiens l’emportent sur les visiteurs de l’Europe septentrionale (Néerlandais, Allemands, Scandinaves) et les Suisses. Au niveau des hôtels homologués dans les villes des Alpes-Maritimes, ce sont aujourd’hui les Américains qui se situent en tête, pour le quart du total, devant les Britanniques et les Belges. Le tiers des arrivées se place sur les deux seuls mois d’août et juillet.
Les aménagements touristiques en cours révèlent une orientation vers la plaisance par la multiplication des « marines », qui sont autant de résidences implantées sur l’extension de ports déjà existants ou des créations nouvelles. Le meilleur exemple est fourni par le faux « vieux village provençal » de Port-Grimaud, implanté sur des terrains marécageux gagnés dans le fond du golfe de Saint-Tropez ; dans un décor d’allure vénitienne, cette cité lacustre permet l’accès aux habitations en bateau. Des extensions sont prévues à Saint-Tropez et au Lavandou, les ports se multiplient depuis l’inauguration de Port-Canto à Cannes en 1964, et des projets sont en cours de réalisation à Bormes-les-Mimosas et à Port-la-Galère (sur la retombée de l’Esterel, près de Théoule-sur-Mer). Toutefois, la construction en front de mer de vastes immeubles en béton montre que la Côte d’Azur est désormais livrée à la détérioration des sites ; c’est le lot de toutes les grandes concentrations urbaines, et cela pose à la fois le problème de l’extension des villes et de leur restructuration. Le phénomène touristique et la croissance urbaine tendent à transformer le littoral en une agglomération unique, où les moyens de transport sont déjà saturés, et restent intimement liés.
La seule grande ville est Nice, capitale administrative, centre commercial et universitaire, qui s’achemine vers les 350 000 habitants, alors que son homologue occidental, Toulon, est deux fois moins peuplé. En dehors de Cannes, qui avoisine seulement 70 000 habitants, mais se situe au centre d’une agglomération très peuplée, et d’Antibes, qui dépasse les 50 000 habitants, une série de villes moyennes regroupent entre 20 000 et 40 000 habitants : Hyères, Fréjus, Cagnes-sur-Mer, Menton. Leur croissance s’est accélérée dans les années 60 : plus de 6 p. 100 par an à Cagnes et 5 p. 100 à Antibes entre 1962 et 1968 contre, respectivement, 4 p. 100 et 3,5 p. 100 entre 1954 et 1962. Depuis 1931, ces deux villes, ainsi que Le Cannet, Saint-Laurent-du-Var, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël, ont au moins doublé leur population. Cette augmentation est due à un solde migratoire positif, alors que les décès l’emportent sur les naissances à Menton, à Nice et à Cannes depuis vingt ans. En un siècle, la Côte d’Azur est ainsi devenue une frange urbaine continue selon une prolifération rapide et trop souvent désordonnée.
R. D. et R. F.
➙ Alpes-Maritimes / Cannes / Monaco / Nice / Saint-Tropez / Toulon / Var.
P. Carrère et R. Dugrand, la Région méditerranéenne (P. U. F., 1960 ; nouv. éd., 1967). / B. Kayser, Campagnes et villes de la Côte d’Azur (Éd. du Rocher, Monaco, 1960). / P. Richard et C. Bartoli, la Côte d’Azur assassinée ? (Roudil, 1971). / J. Hureau, la Provence et la Côte d’Azur aujourd’hui (Arthaud, 1973).