Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Corinthe (suite)

Il leva sur ses concitoyens un impôt de 10 p. 100 des revenus, ce qui lui permit de mener en faveur des plus défavorisés une politique sociale. Il offrit à ses compatriotes, désireux d’obtenir des terres neuves, des colonies, en particulier Leucade, Anaktorion, Ambracie. Sites fort bien choisis, car s’ils permettaient de surveiller l’entrée du golfe sur la route vers l’Italie, ils contrôlaient l’accès à certaines mines d’argent illyriennes. Il fit aussi frapper les premières monnaies corinthiennes.

Néanmoins, la tyrannie ne put résoudre la crise économique qui couvait depuis la fin de l’époque des Bacchiades ; Cypsélos sut en retarder les manifestations brutales ; Périandre, son successeur, par une politique tournée vers l’Égée, l’Asie et même l’Égypte, essaya lui aussi de lutter, mais la production de céramique corinthienne subissait une crise de mévente face aux fabrications locales des colonies, à la concurrence d’Athènes. Elle s’effondra à la fin du vie s.

Les tyrans, désormais détestés, furent chassés, une oligarchie modérée les remplaça, et Corinthe ne put retrouver sa puissance, restant pourtant riche de son port et des grandes fêtes panhelléniques de l’isthme.


Corinthe aux époques classique et hellénistique

À partir sans doute de 570 av. J.-C., Corinthe fit partie de la ligue du Péloponnèse. Cette alliance avec Sparte lui garantit une large indépendance et une certaine autorité ; c’est pour défendre en 432 ses colonies de Corcyre et Potidée que ses alliés déclenchèrent la guerre du Péloponnèse.

Son prestige resta grand de ce qu’elle était un lieu de réunion idéal pour les différents congrès panhelléniques : lors de la seconde guerre médique s’y était réuni le conseil des États grecs décidés à lutter contre Xerxès ; Philippe II de Macédoine en fit la capitale de la ligue qui devait garantir la paix des cités grecques. À l’époque hellénistique, les Antigonides (Démétrios Poliorcète en 302 av. J.-C., Antigonos Dôson en 224) y reconstituèrent encore de telles alliances, mais Corinthe n’en tira que peu de bénéfice sur le plan politique : l’importance stratégique de sa citadelle, l’Acrocorinthe, était telle que ces divers rois y logèrent des garnisons qui limitaient son autonomie.

En 196 av. J.-C. encore, c’est à Corinthe que Flamininus annonça aux Grecs que Rome leur accordait la liberté. La domination romaine lui fut pesante pourtant : elle se révolta en 146 av. J.-C. ; Lucius Mummius y mit le siège, la prit d’assaut, la livra au pillage et à l’incendie ; ses habitants furent tous tués ou vendus : Rome voulait frapper les imaginations par un saccage spectaculaire qui ferait comprendre aux Grecs que les temps des jeux politiques étaient passés.

César releva Corinthe en 44 av. J.-C., en y fondant une colonie. Les empereurs choyèrent la nouvelle Corinthe, Néron en particulier (en 67, il y proclama de nouveau la liberté des Grecs et fit commencer les travaux d’un canal à travers l’isthme). C’était une ville belle et dissolue. Saint Paul y prêcha en 50-52. Pillée par les Barbares, Corinthe entra dans un nouveau déclin au xie s.

J.-M. B.

 E. Will, Korinthiakca. Recherches sur l’histoire et la civilisation de Corinthe, des origines aux guerres médiques (De Boccard, 1956). / G. Roux, Pausanias en Corinthie. Livre II, 1 à 15 (Les Belles Lettres, 1959). / C. Mossé, la Tyrannie dans la Grèce antique (P. U. F., 1969).

cornée

Membrane fibreuse transparente antérieure de l’œil.



Anatomie

La cornée a une forme de coupole ; elle est enchâssée dans la partie antérieure de la sphère incomplète formée par la sclérotique. Sa constitution fibreuse, voisine de celle de la sclérotique, lui confère ses propriétés de résistance. Sa qualité fondamentale est sa parfaite transparence. Elle a la forme, vue de face, d’une ellipse dont le diamètre horizontal est de 12 mm et le vertical de 11 mm en périphérie. Sa face antérieure est constamment humidifiée par les larmes réparties par le clignement des paupières. Sa face postérieure baigne dans l’humeur aqueuse (chambre antérieure). La zone de jonction entre la périphérie de la cornée transparente et la sclérotique opaque constitue le limbe. La cornée est formée d’avant en arrière :
1o d’un épithélium stratifié, formé par 5 ou 6 couches de cellules constituant l’assise superficielle en contact avec les larmes, l’assise intermédiaire et enfin l’assise basale, la plus profonde ;
2o de la membrane de Bowman, bande acellulaire qui sépare l’épithélium du stroma cornéen ;
3o du stroma cornéen, qui représente 9/10 de l’épaisseur de la cornée : c’est un tissu conjonctif adapté à la fonction de transparence de la cornée. Les différentes couches accolées donnent un aspect de lames superposées. Les fibrilles baignent dans une substance fondamentale protéique dont l’hydratation joue un grand rôle dans la transparence ;
4o de la membrane de Descemet, lame élastique mince située en arrière du stroma cornéen ;
5o de l’endothélium, couche cellulaire unique qui baigne dans l’humeur aqueuse.

La cornée est richement innervée. Ses nerfs proviennent des nerfs ciliaires, lesquels, par l’intermédiaire du nerf nasal et du nerf ophtalmique de Willis, viennent du trijumeau. L’attouchement de la cornée entraîne le réflexe cornéo-palpébral (clignement). Signalons qu’il n’y a pas de vaisseaux dans la cornée, sauf dans les cas pathologiques. La nutrition se fait par imbibition à partir des vaisseaux limbiques, de l’humeur aqueuse, et surtout des larmes. La cornée est perméable à toutes les substances hydrosolubles et constitue ainsi une des voies principales de pénétration des collyres médicamenteux.


Optique

La cornée constitue l’essentiel de l’appareil dioptrique de l’œil. La lumière qui l’aborde subit une réflexion et une réfraction. La réflexion est mise en évidence par l’étude des images de Purkinje : la première est très nette, droite, virtuelle, plus petite que l’objet ; la seconde a les mêmes caractères, est située dans le même plan mais est plus grande que la première. La qualité de la réflexion et de la réfraction n’est bonne que sur la zone centrale qui constitue une calotte sphérique de 4 mm de diamètre. Pour la réfraction, la cornée est assimilable à une lentille convergente d’une puissance effective de 42 dioptries. Son indice est de 1,377. Ses rayons de courbure sont de 7,8 mm horizontalement et 7,7 mm verticalement ; d’où un astigmatisme physiologique de 0,50 dioptrie.