cornée (suite)
Kératite
C’est l’inflammation de la cornée. Selon la localisation plus ou moins antérieure de l’atteinte, on parle de kératite superficielle ou de kératite profonde ou interstitielle. Les kératites superficielles sont dans la plupart des cas dues à un virus ou à un microbe. L’ulcération épithéliale, toujours douloureuse, est mise en évidence par l’instillation d’une goutte de collyre à la fluorescéine, qui l’imprègne et la colore en vert.
• Le virus herpétique réalise une ulcération caractéristique, dite « dendritique », particulièrement douloureuse. Cette forme contre-indique formellement l’instillation de collyre à la cortisone, qui aboutirait à la perforation. Après la guérison, les récidives ne sont pas rares.
• Moins sévères sont en général les kératites microponctuées ; réalisant de multiples petites ulcérations, elles sont dues au staphylocoque ou, le plus souvent, à des virus. L’atteinte cornéenne est isolée ou associée à celle de la conjonctive (kérato-conjonctivite). Il s’agit alors d’affections particulièrement contagieuses qui surviennent par épidémies d’usine ou d’hôpital.
• Les kératites ponctuées peuvent être dues aux ultraviolets (séjour sur la neige, soudure à l’arc). Elles sont douloureuses mais guérissent en 24 à 48 heures.
• Un mécanisme allergique peut aussi être responsable de kératites, provoquant de fréquentes récidives jusqu’à la désensibilisation.
• Les kératites infectieuses sont le plus souvent dues à la surinfection, par un germe banal ou une mycose, d’érosions traumatiques. Un prélèvement au niveau des lésions permettra d’identifier le germe et de déterminer sa sensibilité aux antibiotiques. Une antibiothérapie locale, voire générale, est instituée pour empêcher la propagation de l’infection à la chambre antérieure.
• La syphilis congénitale (entre 5 et 15 ans), la tuberculose, des germes banals peuvent provoquer une kératite interstitielle allergique avec une prolifération vasculaire intracornéenne.
• Enfin, le zona, l’herpès, la varicelle et d’autres maladies virales peuvent s’accompagner de l’apparition, au centre de la cornée, d’un disque épais, blanchâtre, opaque : la kératite disciforme.
La gravité des kératites tient, pendant la phase aiguë, au risque de propagation et de perforation, et, après la guérison, à la persistance de cicatrices opaques, ou taies, qui compromettent la vision.
La kératoplastie
C’est la greffe de cornée. Elle consiste à remplacer une portion de cornée opaque ou perforée par une portion de cornée transparente et saine prélevée sur un cadavre humain. Le prélèvement doit être fait dans les 6 heures qui suivent la mort. Le greffon est alors soit utilisé immédiatement, soit déshydraté et conservé en réserve. Selon que la greffe intéresse toute l’épaisseur de la cornée ou seulement les couches antérieures, on parle de greffe transfixiante ou lamellaire. Après découpage au trépan de la cornée endommagée, un greffon de même diamètre est appliqué sur l’orifice ainsi créé. Il est maintenu par des sutures très fines laissées en place plusieurs semaines. Elles ne sont enlevées que quand la cicatrisation annulaire s’avère suffisamment solide.
F. V.